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Le livre des ombres

Le livre des ombres

Titel: Le livre des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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Kathryn écarta le drap et palpa Torquil. Il était chaud, avait la peau sèche, ses joues étaient creuses et ses lèvres décolorées. Elle glissa la main sous sa chemise de nuit.
    — Il est brûlant ! s'exclama-t-elle.
    Le malade remua la tête et ses paupières palpitèrent. Il ouvrit les yeux pour les poser sur Kathryn.
    —
    Aidez-moi, je vous en supplie ! chuchota-t-il.
    Est-ce la peste ?
    Kathryn se força à sourire.
    — Mais non, voyons !
    —
    J'ai pris le remède, gémit-il, et je me sens plus mal encore, Maîtresse Swinbrooke.
    Kathryn jeta un regard dur à Helga dont la voix était montée d'un cran en même temps qu'elle arrivait à saint Malachie et attaquait sa tirade sur tous les grands saints celtes.
    —
    Helga! jeta-t-elle sèchement. N'oubliez pas que dans sa bonté, le Seigneur aide ceux qui s'aident eux- mêmes. Relevez-vous et approchez.
    La femme du charpentier obéit et contourna le lit en trottinant.
    — Qu'a bu ou mangé Torquil?
    — Rien, geignit Helga, les mains croisées sur son opulente poitrine. Rien, sauf votre potion, ajouta-t-elle et son regard se fit rusé.

    Kathryn s'assit au chevet de Torquil, et lui prit la main : elle était aussi sèche qu'une feuille flétrie.
    — Ce que je lui ai prescrit aurait dû au moins faire baisser sa légère fièvre, pas la faire monter, murmura-t-elle.
    Elle promena son regard dans la chambre confortable. Des petites lampes à huile étaient allumées, disposées sur des braseros sur lesquels Helga avait répandu des herbes sèches afin qu'il règne une odeur agréable; pourtant Kathryn sentait la puanteur de la maladie.
    — Vous allez bien, vous et vos enfants, Helga ?
    — Oh, oui, nous ne nous sommes jamais aussi bien portés.
    Kathryn passa la main sur la joue de Torquil, disant :
    — Je vous préparerai une potion très spéciale.
    Son père lui avait appris à confectionner un remède à base d'herbes dont se servait le grand Gaddesdon : une décoction d'extraits de mousse et de copeaux de lait séché.
    — Je ne pense pas qu'il doive prendre quelque chose venant de vous, déclara sèchement Helga.
    J'ai confiance en la prière.
    — Dans ce cas, pourquoi m'avoir abordée ?
    demanda Kathryn. J'en conviens avec vous, Helga, Torquil est très malade, mais j'ignore ce qui l'a rendu ainsi. Ce ne peut être une viande ou une boisson avariées. Ce n'est pas le mal de la sueur.
    Elle se leva.

    — Je reviendrai plus tard dans la soirée avec des remèdes.
    Elle vit l'expression obstinée d'Helga et ne se fit aucune illusion sur le sort futur de ses potions.
    Elles seraient jetées sur un tas de fumier. L'état de Torquil empirerait et il mourrait peut-être. Kathryn fixa sa cape sur ses épaules et s'agenouilla pour presser la main du malade. Ce faisant elle regardait Helga qui menaçait déjà de reprendre sa litanie.
    —
    Vous ne pouvez rien faire, rugit celle-ci. J'ai mis ma confiance dans le Seigneur et dans les eaux du Jourdain !
    Kathryn se redressa.
    —
    Je comprends que vous priiez Dieu, mais au nom du ciel, quelle est cette histoire d'eaux du Jourdain?
    En parlant elle avait contourné le lit.
    — Helga, qu'avez-vous donné à Torquil?
    La femme du charpentier frotta ses mains à son tablier, clignant nerveusement des paupières.
    —
    Helga ! reprit Kathryn. Je veux voir cette eau du Jourdain.
    Helga prit une inspiration bruyante et tomba à genoux pour se glisser sous la couche de son mari et en sortir un petit flacon en bois, bouché avec un chiffon sale et un morceau de ficelle. Une grossière croix rouge était peinte sur la bouteille. Helga la tendit à Kathryn qui gémit. Le bois était fissuré et elle huma le chiffon : il sentait le rance et l'aigre.

    —
    Je l'ai acheté, gémit Helga. Je l'ai acheté à un homme près de Buttermarket. Il avait la peau très sombre et arrivait d'outre-mer.
    D'un geste théâtral, Helga indiqua le flacon.
    —
    Cela vient de l'endroit où saint Jean-Baptiste et le Seigneur se sont trouvés ensemble, au bord du Jourdain.
    Kathryn dénoua la ficelle, jeta par terre le chiffon pourri et renifla la bouteille.
    — Seigneur ! Cela sent le fumier !
    Elle gagna la fenêtre qu'elle ouvrit, et, sans se préoccuper des petits cris déçus d'Helga, jeta le flacon dehors. Et elle l'écouta, non sans satisfaction, s'écraser dans le jardin. Les enfants tout mâchurés de Torquil accoururent.
    —
    N'y touchez pas ! leur cria Kathryn, regrettant déjà son caractère emporté.
    À cause de

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