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Le livre des ombres

Le livre des ombres

Titel: Le livre des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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étaient brutales et rapides, et les jurés harcelés n'avaient pas beaucoup de temps pour réfléchir.
    — Allons ! Allons ! clamait l'homme en tapant sur la table avec son petit marteau. Que décidez-vous ?

    De temps en temps, le chef des jurés se levait, piétinant nerveusement d'un pied sur l'autre.
    — Il y a matière à procès, criait-il d'une petite voix aiguë.
    — Que dites-vous? lançait le magistrat, mettant sa main en cornet autour de son oreille. Parlez fort !
    — Il y a matière à procès, Votre Honneur.
    — Bien sûr, bon sang de bois, rugissait l'homme.
    Reconduisez le prisonnier.
    On appela enfin Mathilda Sempler. Elle arriva par une porte latérale en traînant des pieds, les chevilles et les mains menottées, et elle avançait si lentement que le magistrat fit claquer ses doigts avec impatience. Les guichetiers la poussèrent, si bien qu'elle faillit percuter la barre. Le scribe lut les accusations portées contre elle et termina en proclamant :
    — Que ceux qui ont à parler devant le magistrat royal de la cour d'audition et de jugement approchent !
    Cela n'avait été qu'une formalité dans tous les autres cas. Mais voilà qu'Isabella Talbot, s'appuyant au bras de son beau-frère Robert, entra par la porte latérale. Elle était toujours entièrement vêtue de noir, un voile en dentelle dissimulant son visage, et elle présentait l'image même de la veuve éplorée.
    — Tiens, tiens ! siffla Thomasina.
    Kathryn héla d'un geste un sergent royal et lui murmura quelques mots à l'oreille. L'homme dénoua la corde, lui permettant, ainsi qu'à Thomasina, d'approcher de la barre. Les Talbot s'étaient placés à gauche de Mathilda, et aussi loin d'elle que possible, non seulement pour mettre de la distance entre eux et l'accusée, mais aussi parce que celle-ci sentait très mauvais. Kathryn s'efforça de ne pas grimacer en lui tapotant gentiment l'épaule, et portant sur elle ses yeux vifs la vieille femme lui sourit.
    — Que se passe-t-il ? Que se passe-t-il ?
    Le magistrat, qui s'attendait à une audition rapide, frappa un coup de marteau sur la table, fusillant Kathryn du regard. Avec ses yeux durs sous ses épais sourcils blancs, il semblait acide comme du vinaigre ; et à voir sa bouche pincée, Kathryn savait qu'elle ne trouverait pas en lui beaucoup de compassion. A présent, il pianotait sur la table de ses doigts noueux, claironnant :
    — Que se passe-t-il ? Que se passe-t-il ?
    De part et d'autre de lui, les clercs s'acharnaient à écrire, têtes baissées.
    — Vous ne devez pas toucher la prisonnière !
    s'exclama le juge, haussant les sourcils pour manifester son indignation.
    Kathryn soutint froidement son regard, et le magistrat perdit un peu de sa superbe.
    — C'est contre l'usage !
    Il frappa de nouveau son marteau sur la table avant de reprendre :
    — Mathilda Sempler, vous êtes accusée de sorcellerie et de meurtre !

    Il se tourna vers Isabella.
    — Quelles
    preuves
    apportez-vous
    à
    ces
    accusations ?
    Le vieux juge se força à sourire comme Isabella soulevait son voile bordé de noir et commençait à raconter d'une voix larmoyante la même histoire qu'elle avait déjà dite à Kathryn. Puis il joignit les mains, réfléchissant.
    —
    Ainsi votre époux a expulsé cette femme d'une maison parce qu'elle ne payait pas son loyer. Elle l'a maudit sous le porche de l'église et lui a ensuite envoyé la même malédiction écrite sur un morceau de parchemin?
    —
    Oui, Votre Honneur, répliqua Isabella d'une voix vibrante de chagrin.
    Elle se tourna pour jeter un regard malveillant à Kathryn.
    Le juge poursuivit :
    —
    Et le matin de sa mort, votre mari s'est précipité dans l'escalier parce que des voleurs, dont certains vont peut-être comparaître devant moi incessamment, dérobaient des articles de ses étals ?
    —
    Oui, Votre Honneur. Je les ai vus de la fenêtre de notre chambre, et mon mari s'est rué hors de la pièce.
    Le vieux juge se cala contre le dossier de son siège, les mains reposant sur les bras rembourrés de celui-ci.
    —
    Tout me semble clair, dit-il en foudroyant Mathilda du regard. L'avez-vous maudit ?

    La vieille femme hocha la tête.
    — Et lui avez-vous envoyé cette malédiction ?
    — Oui, murmura Mathilda.
    Le magistrat s'adressa à Kathryn :
    — Qu'avez-vous à ajouter à cela ?
    —
    Mathilda Sempler est une vieille femme. Elle s'y connaît en herbes et en potions.
    Le juge se pencha vers un de ses clercs qui lui murmura

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