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Le livre des ombres

Le livre des ombres

Titel: Le livre des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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meurtre, et on vous fait mourir de mort lente dans une cage pour sorcellerie. Moi-même, je l'ai vu faire une fois, lorsque le vieux John Tiptoft, comte de Worcester, écrasa des rebelles parmi lesquels se trouvait un sorcier.
    Elle saisit la main de Kathryn.
    — Venez, Maîtresse.

    Tous
    reprirent
    Wistraet,
    et
    Kathryn,
    s'immobilisant, regarda autour d'elle.
    — Où sont allés les Talbot?
    — Oh, ils sont partis par la porte sur le côté, rétorqua Thomasina d'un ton railleur.
    Elle plissa les yeux.
    — Etes-vous de mon avis, Kathryn ? Isabella joue la veuve éplorée un peu trop parfaitement.
    Le double menton de la servante frémit.
    — Je sais ce que je dis, moi qui ai été veuve trois fois.
    Kathryn jeta un coup d'œil à Rawnose.
    — Dis-moi, mon héraut de Cantorbéry, tu n'as peut- être plus de nez, mais tu possèdes les meilleures oreilles de la ville ! As-tu eu vent de quelque scandale ?
    Un sourire éclaira le visage du mendiant.
    — Non, mais cela viendra. Je sais où habitent les Talbot, et leurs serviteurs fréquentent forcément la taverne la plus proche.
    Kathryn glissa une pièce de monnaie dans la main calleuse de Rawnose, avant de le prendre par l'épaule pour déposer un baiser sur sa joue flasque et pas rasée. Pour une fois, le volubile mendiant ne sut que répondre. Il s'effleura le visage et regarda la pièce comme s'il se demandait ce qui, du baiser ou de celle-ci, était le plus précieux.
    — Découvre ce qu'il y a à trouver, insista Kathryn qui abaissa les yeux sur Wuf avant de continuer : Et puis viens partager notre dîner de fête, ce soir.
    Le visage du garçonnet s'illumina de joie.

    — Pourquoi une fête?
    — Je ne vous l'ai pas dit, répondit Kathryn, mais j'ai obtenu ma licence pour faire le commerce des épices et des plantes médicinales.
    Elle ne put en dire davantage. Thomasina l'avait déjà saisie dans une étreinte furieuse pendant que Wuf et Agnes gambadaient autour d'elle en applaudissant. Même Rawnose se livra à une sorte de danse singulière en traînant des pieds, avant de prendre congé, promettant :
    — Je vais récolter les ragots les plus croustillants
    !
    Kathryn et sa maisonnée reprirent le chemin d'Ottemelle Lane. A présent Thomasina clamait que désormais Agnes s'occuperait de la cuisine pendant qu'elle- même tiendrait la boutique. Au coin d'Ottemelle Lane, ils rencontrèrent Helga, l'épouse un peu ronde de Torquil, le charpentier. Elle semblait très agitée, et essuyait la sueur à son front avec son tablier.
    — Le ciel soit loué ! s'exclama-t-elle, saisissant Kathryn par le bras. Et que tous les saints du royaume de Dieu vous bénissent ! Qu'ils vous protègent jour et nuit.
    — Merci, Helga, répondit Kathryn qui était habituée à sa foi teintée d'hystérie.
    Elle n'avait jamais déterminé si la femme était folle ou véritablement sainte.
    — C'est Torquil, expliqua Helga. Le Seigneur l'appelle.

    Wuf et Agnes s'étaient mis à rire, et même Thomasina, qui n'avait pas la langue dans sa poche, écarquillait les yeux en entendant pareilles bouffonneries.
    — Il se meurt ! s'exclama Helga d'une voix suraiguë.
    — Absurde, répliqua Kathryn. Il est venu me voir la semaine dernière avec la colique et le flux dans ses boyaux. Je lui ai donné un mélange d'angélique et de camomille, lui disant de boire de l'eau mélangée avec du miel et un soupçon de cire. Il devrait être de retour dans son atelier.
    — Eh bien, venez avec moi ! s'exclama Helga, prenant Kathryn par le poignet.
    Celle-ci ordonna à Thomasina de reconduire Agnes et Wuf à la maison, et suivit Helga par les étroites ruelles jusqu'à la maison de Torquil, dans Hawks Lane. La boutique du rez-de-chaussée était barricadée et dans le jardin, derrière, les apprentis surveillaient les enfants, expliqua Helga, qui précéda Kathryn dans un escalier de bois. Le nombre de crucifix suspendus au mur laissa cette dernière sans voix, de même les statuettes de saints placées dans toutes les niches. Dans la chambre à coucher au-dessus du solarium, Torquil reposait sur des oreillers, un drap blanc immaculé remonté jusque sous son menton.
    —
    L'Ange de la Mort est très proche ! annonça gravement Helga. J'entends battre ses ailes.
    Elle se jeta à genoux près du lit.

    —
    O Seigneur, aie pitié ! Christ, aie pitié !
    Seigneur, aie pitié ! Sainte Marie, saint Joseph, toi qui étais charpentier...
    Pendant qu'elle égrenait sa litanie à la cour céleste,

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