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Le livre des ombres

Le livre des ombres

Titel: Le livre des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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cabinet d'écriture. Elle réfléchit un moment à ce qu'avait dit Colum, mais se força à ne pas sauter trop vite à des conclusions faciles. Morel était une victime tout indiquée. Il n'avait pas d'appuis puissants, et il serait injuste de porter des allégations contre lui.
    Tout comme Isabella Talbot avait injustement accusé la pauvre Mathilda Sempler. Kathryn regagna la cuisine en soupirant.
    Colum redescendit, lavé, rasé et changé. Dès lors tout le monde s'occupa frénétiquement de dresser la table et de s'assurer que tout irait bien. Rawnose revint, jacassant comme une pie jusqu'à ce que Thomasina lui intime l'ordre de se taire. Enfin le dîner fut servi. Colum porta un verre au succès de Kathryn, et on passa la plus grande partie du repas à discuter de l'ouverture de la boutique, et des perspectives d'un négoce profitable. À la fin, Thomasina emmena Agnes et Wuf dans le jardin, et Rawnose, qui avait l'œil vague et reconnaissait avoir mangé et bu à en éclater, sourit à Kathryn avec béatitude. Elle regarda son pauvre visage défiguré. Quel crime assez horrible avait-il pu commettre pour qu'on le punisse par pareille mutilation ?
    — Vous êtes heureux, Rawnose? interrogea Colum en remplissant la coupe du mendiant.
    — Comme un cochon dans la fange, déclara ce dernier. J'ai des nouvelles pour vous, Maîtresse.
    Il écarta son tranchoir et sa coupe et, imitant Colum, s'accouda à la table.
    — Les domestiques bavardent, et ceux des Talbot ont de drôles d'histoires à raconter.
    — Quelles histoires ? demanda Kathryn.
    — Maîtresse Isabella est une vraie mégère qui dirige la maisonnée avec une badine de fer.
    — Quoi d'autre?
    — Elle criait toujours après son mari.
    — Allons, parle, Rawnose !
    — Il était impuissant, son défunt mari, ajouta vite le mendiant. Que Dieu ait son âme. Une des servantes les entendait se quereller, et Isabella se plaignait auprès du bon beau-frère Robert qu'elle avait peu de satisfaction avec son époux.
    — Et l'accident de Talbot? interrogea Kathryn.
    Rawnose détourna les yeux.
    —
    Ils n'en ont pas dit grand-chose, mais ils ne croient pas à la malédiction. Ils assurent que leur maîtresse est plus heureuse maintenant qu'elle est veuve.
    Kathryn se mit debout.
    —
    Dans ce cas, si vous n'avez pas trop bu, Irlandais...

    — Oh, non, protesta faiblement l'intéressé.
    Kathryn se pencha vers lui en grimaçant un sourire.
    —
    Vous êtes le commissaire du roi, et une injustice a été commise.
    —
    Quoi? s'exclama l'Irlandais en repoussant son tabouret. Un vieillard est tombé dans les escaliers, et sa jeune femme est ravie d'être veuve. Ce n'est pas la première fois que j'entends pareille histoire, Kathryn.
    Celle-ci jeta un rapide regard à Rawnose avant de porter les yeux sur Colum.
    —
    J'en ai une encore meilleure à vous raconter, déclara-t-elle. Il fait une belle soirée, et marcher vous fera du bien.
    Ils laissèrent donc Rawnose se régaler encore, et Kathryn cria à Thomasina qu'ils n'en auraient pas pour longtemps. Sur quoi, elle entraîna gentiment dans Ottemelle Lane un Colum qui continuait à protester.
    — Cela ne me concerne pas ! avançait-il.
    Kathryn indiqua le ciel bleu que teintait maintenant de pourpre doré le soleil couchant.
    —
    Allons, Irlandais, moi qui croyais les Celtes romantiques. La soirée est douce, le temps agréable, vous avez bien mangé et bien bu et vous m'accompagnez dans les rues de Cantorbéry.
    Elle passa son bras sous celui de son compagnon, et le serra doucement.
    — N'êtes-vous pas un homme heureux ?
    Colum la fusilla du regard, feignant la colère.

    — Je devrais être en train de me chauffer les pieds devant le feu en écoutant les histoires de Rawnose.
    — Cela peut s'arranger, rétorqua Kathryn. Il suffirait que je demande à quelqu'un d'autre de faire avec moi une promenade vespérale.
    Colum la regarda avec un sourire narquois et lui tapota gentiment la joue.
    — Et moi, je lui couperai la tête. Alors racontez-moi votre histoire, femme !
    — Je pense qu'Isabella Talbot a assassiné son mari.
    Colum s'immobilisa, bouche bée.
    — Kathryn, allons-nous pénétrer dans la demeure d'un puissant marchand et accuser sa veuve de meurtre ? Pouvez-vous le prouver?
    Kathryn soutint le regard de son compagnon avec dans le sien une lueur de défi.
    — Non, mais je veux la provoquer. Je veux qu'elle comprenne que d'autres peuvent connaître la vérité, et que ce peut être un

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