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Le livre des ombres

Le livre des ombres

Titel: Le livre des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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à coucher richement meublée.
    On avait écarté les rideaux du grand lit à colonnes, et sans y être invitée, Kathryn s'assit au bord de celui-ci.
    — Votre mari était là, n'est-ce pas?
    A présent, Isabella jouait nerveusement avec une bague à son doigt. Elle hocha la tête et glissa un rapide
    regard à Robert. Resté près de la porte, Colum observait Kathryn attirer la veuve et son beau-frère dans la toile île ses questions.
    — Et vous, où vous teniez-vous, Maîtresse ?
    — Je suis allée à la fenêtre pour regarder dehors.
    —
    Oui, et vous avez vu des gamins qui essayaient de voler aux étalages ?
    Isabella haussa les épaules. Kathryn porta les yeux sur Robert assis sur un siège à haut dossier. Il était blême, et se mordillait nerveusement le coin de la bouche.
    — Et vous, où étiez-vous, monsieur?
    — Au rez-de-chaussée.
    — Où exactement?
    — Je... je ne me rappelle plus... bredouilla Robert.

    Kathryn se dressa.
    —
    Tous les autres s'en souviennent. Dois-je interroger les domestiques ?
    —
    J'étais dans le couloir, oui, bégaya Robert, je me préparais à...
    — Ne mentez pas !
    Kathryn s'approcha de la fenêtre.
    —
    Il commence à faire sombre, mais je distingue les pavés, en bas.
    Elle regarda Isabella qui maintenant se tenait rigide comme une statue.
    —
    En revanche, je ne puis voir les étalages de votre mari, ni là où les apprentis doivent se tenir.
    Je ne puis les apercevoir qu'en ouvrant la fenêtre et en me penchant à l'extérieur. Et même, il faudrait que je me penche beaucoup pour apercevoir les étals, sans parler de quelques gamins aux mains agiles, essayant de chaparder des marchandises appartenant à votre défunt époux.
    —
    Que voulez-vous dire? demanda Isabella qui s'assit sur un coffre imposant, s'efforçant de recouvrer sa contenance.
    — Simplement ceci, Maîtresse : vous êtes une femme méchante et perverse qui a tué son mari.
    Isabella baissa la tête.
    — Vous avez délibérément expulsé Mathilda Sempler de sa petite maison près de la Stour. Vous saviez quelle serait sa réaction. Elle proférerait des malédictions, dirait ce qu'elle avait sur le cœur, et avec sa réputation de sorcière, il serait facile de la faire passer pour une magicienne pernicieuse qui complotait la mort de Maître Talbot.
    Kathryn regarda Colum qui venait de fermer la porte de la chambre et s'y était adossé.
    — Mathilda Sempler ne vous a pas déçue, poursuivit Kathryn. Devant tous les paroissiens, elle a maudit votre époux avant d'envoyer sa malédiction dans cette maison. Après, tout était facile pour vous et Robert, votre amant. Je suppose que Sir Peter avait ses habitudes, et vous les vôtres. Le matin de sa mort, vous avez fait en sorte que les servantes ne montent pas à l'étage; c'est pourquoi Robert se tenait dans le couloir. Quant à vous, Maîtresse, vous avez pris l'escalier, et vous avez attaché un morceau de ficelle en travers de la plus haute marche. Vous l'avez accroché à un clou fiché dans la rampe, et à un autre dans le mur d'en face. C'est probablement Robert qui les avait plantés.
    Isabella releva son visage.
    — Est-ce ce que vous cherchiez, tout à l'heure ?
    — Oui. Oh, les clous ont disparu, et la ficelle aussi, mais pas les trous. Après avoir installé votre piège, vous êtes entrée dans cette chambre. Votre époux était déjà agité et nerveux. Vous avez regardé par la fenêtre, et vous avez crié que des voleurs chapardaient ses marchandises. Évidemment Sir Peter se précipite hors de la chambre. C'est un homme corpulent, et il se prend le pied dans la ficelle que vous avez tendue.
    Kathryn marqua une pause.

    — Vous êtes descendue la première, n'est-ce pas?
    demanda-t-elle très vite. Ainsi personne ne se douterait de votre acte de malveillance. Mais votre époux s'y est fait prendre. Les escaliers sont raides et pentus. Le voilà qui dégringole, roulant, se cognant la tête et la nuque contre le bois jusqu'à ce qu'il s'écrase sur le sol en pierre de votre vestibule.
    Vous revenez en courant, et vous jouez l'épouse affolée. Pendant que votre complice s'empresse auprès du corps, vous remontez à l'étage, et coupez la ficelle sans doute avec un petit couteau que vous aviez dans votre bourse. Personne ne remarquerait rien. On vous a peut-être vue vous immobiliser et vous pencher, mais de nouveau, vous êtes tellement affolée que vos attitudes et vos gestes sont désordonnés. On remonte le cadavre

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