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Le livre des ombres

Le livre des ombres

Titel: Le livre des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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un profond malaise.
    Avant de monter dans sa chambre, elle était arrivée à une conclusion : Tenebrae n'était pas seulement un sorcier professionnel, mais aussi un maître chanteur des plus habiles : il avait parmi ses victimes un ou plusieurs des compagnons d'Hetherington.
    Kathryn se glissa entre les draps.
    — Brissot, murmura-t-elle, se remémorant le visage gras et rubicond du médecin. Brissot était vendu à Tenebrae, et, quoi qu'il en dise, il déterrait pour le mage les morceaux de choix.
    L'esprit de Kathryn s'évada de nouveau dans le sommeil, et Thomasina la réveilla le lendemain matin, se plaignant haut et fort que les patients arrivaient déjà. Kathryn sauta de son lit, s'habilla à la hâte, se frotta les mains et le visage avec un peu d'essence de rose, puis, après avoir dissimulé ses cheveux sous une guimpe, elle descendit vite au rez-de-chaussée.
    Colum était déjà parti à Kingsmead.
    — Il s'est mis en route juste après l'aube, claironna Thomasina.
    Agnes battait le beurre près de la cheminée, tandis que la nourrice fronçait le nez en regardant une petite barrique de bière préparée à la maison.
    — Elle s'est aigrie, lança-t-elle, fusillant Kathryn du regard comme si elle la tenait pour personnellement responsable.

    Elle souleva le tonnelet.
    — Tant pis, grâce à elle, les fleurs seront plus belles.
    Elle se dirigea vers la porte du jardin où Kathryn entendait jouer Wuf.
    — Il y a des galettes d'avoine et du lait dans la dépense, lança-t-elle par-dessus son épaule. J'ai dit à vos patients d'aller faire un tour. Cela ne leur fera pas de mal, mais ils ne tarderont pas à revenir.
    Kathryn déjeuna rapidement. Elle avait un peu la bouche sèche, et le fond de la gorge légèrement acide, mais son cauchemar n'était plus qu'un souvenir. Pourtant, Brissot lui causait une légère gêne, et elle se demandait aussi comment elle inciterait le taciturne Morel à répondre à ses questions.
    Elle fut bien obligée de ne plus y penser car un flot de patients arrivait qu'il fallait soigner. Edith et Eadwig, les jumeaux du tanneur, furent les premiers. Ils s'étaient fait mal en jouant dans une carrière, non loin. Kathryn nettoya avec soin leurs écorchures et appliqua sur leurs bleus violet sombre un onguent à base d'herbe de la Saint-Jean7. La femme de Torquil, le charpentier, se présenta ensuite, un sourire jusqu'aux oreilles, et annonça que son mari n'était plus maintenant aux portes de la mort. Elle loua chaudement Kathryn et lui remit un petit tabouret en paiement partiel pour le mal qu'elle se donnait dans son 7 Ou millepertuis. (N.d.T.)

    travail, déclara-t-elle. Coniston, un officier de la garnison du château, arriva après. Il se plaignait de la goutte, et son gros orteil droit était rouge et enflé.
    Kathryn lui fit la leçon sur les dangers de trop boire de vin, et appliqua sur son pied du jus de feuille d'hysope. Coniston l'informa aussi que Mathilda Sempler avait été libérée de la geôle du château, parce que, et c'était bien surprenant, Isabella Talbot avait retiré sa plainte. Kathryn réprima un sourire tandis que le soldat continuait à louer la générosité de Maîtresse Talbot, car elle avait fourni à la vieille femme un nouveau logement, juste au-delà de Westgate. Beatrice, la fille de Henry, le fabricant de sacs, et Alice, la femme de Mollyns, le boulanger, passèrent aussi demander des potions.
    Alice se plaignait d'avoir un estomac plein de bile, mais elle partit contente après que Kathryn lui eut donné un pot de botrychium lunaire. Beatrice, qui se tenait le ventre et ne sentait pas très bon, avait des coliques, dit-elle. Kathryn, après l'avoir écoutée attentivement, se douta qu'elle était dérangée parce qu'elle avait bu de la bière fraîchement brassée. Elle lui donna de l'armoise et lui conseilla en quelques mots sans équivoque de faire davantage attention à ce qu'elle absorbait. D'autres patients se présentèrent encore, qui souffraient pour la plupart de maux sans gravité.
    Les cloches de Sainte-Mildred sonnaient l'angélus du milieu de la matinée quand Luberon apparut, suant et soufflant, agitant les mains. Il s'engouffra dans la cuisine en annonçant :

    — Encore un !
    Kathryn, qui se lavait les mains dehors, interdit à Wuf de grimper dans le pommier.
    — De quoi parlez-vous? lança-t-elle, après avoir entendu Luberon.
    Le petit clerc sortit en se dandinant dans le jardin, clignant les yeux contre la lumière

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