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Le livre des ombres

Le livre des ombres

Titel: Le livre des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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vive du soleil.
    Kathryn regarda de près ses paupières bordées de rouge.
    — Simon, vous devriez être prudent. Avez-vous bien dormi, la nuit dernière ?
    Luberon inclina la tête en arrière.
    — Comme un petit cochon.
    — Mais vous avez lu ?
    Le clerc piqua du nez sur ses bottes crottées de boue.
    — Je vous l'ai déjà dit, reprit Kathryn en le conduisant
    dans
    la
    cuisine,
    vos
    yeux
    s'affaiblissent, Simon. Il est deux choses que vous devriez faire : d'abord ne lire qu'avec une bonne lumière, jamais à la lueur d'une chandelle. Ensuite aller à Londres acheter une paire de lunettes.
    — J'en ai vu, grommela Luberon, des morceaux de verre entourés de fer. Cela glisse sur le nez.
    — Mais elles économiseront vos yeux, répliqua Kathryn en l'invitant à s'asseoir.
    —
    Peu importe ma vue, souffla Luberon en prenant place sur le tabouret qu'avait apporté la femme de Torquil.

    Il était un peu plus bas que les autres sièges, et Kathryn dut se mordre les lèvres pour ne pas rire.
    Luberon qui avait suivi son regard demanda :
    — Il est neuf?
    —
    Cela n'a pas d'importance, Simon. Que se passe- t-il?
    — Brissot est mort.
    Kathryn s'assit et ferma les yeux.
    —
    Je m'y attendais, murmura-t-elle. Comment est-ce arrivé ?
    —
    Nul ne le sait. Ce matin les pèlerins se sont levés. Ils avaient organisé une seconde visite à la châsse. En déjeunant, ils ont remarqué l'absence de Brissot. L'aubergiste est monté dans sa chambre, et l'a trouvé juste derrière la porte, froid comme de la viande de boucherie, l'arrière du crâne défoncé.
    Luberon se pencha en avant pour effleurer la main de Kathryn.
    — Comment étiez-vous au courant, Maîtresse ?
    — Peu importe. Êtes-vous allé à la taverne ?
    — Oh, non !
    Kathryn s'en fut prendre sa cape.
    — Eh bien, il est temps de le faire.
    Après avoir lancé ses instructions à Thomasina, elle sortit dans Ottemelle Lane, suivie de Luberon.
    —
    Comment le saviez-vous, Maîtresse? répéta le clerc en la rattrapant pour marcher à sa hauteur.
    Kathryn le tira précipitamment dans un renfoncement de porte comme une fenêtre s'ouvrait et que quelqu'un jetait dans la rue le contenu d'un vase de nuit.
    —
    Les choses s'enchaînent les unes après les autres. Tenebrae est assassiné, puis c'est le tour de Fronzac. L'enjeu est le Livre des ombres. Dans ce maudit manuscrit, Tenebrae conservait tous ses secrets, y compris la révélation que Brissot était peut-être un espion de plus grande envergure que le médecin ne l'a admis devant nous hier.
    — Il fallait donc qu'il meure ?
    — Évidemment. Où était l'intérêt que Maître Brissot rentre à Londres, sachant ce que Tenebrae lui avait dit ? De plus, ajouta Kathryn, les guildes sont comme les communautés cloîtrées : la loyauté y est la suprême vertu, et la trahison, le pire des crimes.
    Ils poursuivirent leur chemin, et en arrivant au
    Faucon Crécerelle, Kathryn décida de ne pas perdre de temps.
    — C'est mauvais pour les affaires, se lamenta le tavernier en les accueillant. Voilà qui fait deux décès en une semaine, Maîtresse.
    — Ça n'a pas de sens ! répliqua Kathryn tout en grimpant les escaliers pour suivre le couloir. Cela n'a rien à voir avec votre cuisine ou votre hospitalité.
    Le tenancier s'immobilisa, la main sur la poignée de la porte.
    — Et alors, Maîtresse?
    — Vous avez un groupe de pèlerins, au rez-de-chaussée, dit Kathryn en s'appuyant doucement au chambranle de la porte pour recouvrer son souffle. L'un d'eux est un assassin tenaillé par le désir meurtrier de conserver cachés certains secrets.
    — Oui, dit l'aubergiste en ouvrant la porte, et vous les reconnaîtrez à leurs fruits, dit l'Évangile.
    Il indiqua d'un geste le lit où avait été disposé décemment le cadavre de Brissot.
    Kathryn s'en approcha pour l'examiner. Le visage gras du médecin était flasque, maintenant, le sang figé à l'arrière de la tête, et tout autour, le drap était taché. Kathryn palpa les mains et les membres raides du défunt, et regarda attentivement son visage, blanc malsain dans la mauvaise lumière.
    — Quel gâchis !
    —
    Pourquoi dites-vous cela? remarqua Luberon qui s'était approché derrière Kathryn.
    —
    C'était un bon médecin, mais comme le dit Maître Chaucer : « La passion de l'or l'emportera toujours sur l'amour de la science. » Brissot a été tué autant pour ce qu'il a fait que pour ce qu'il savait.
    Elle se tourna pour faire face à

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