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Le livre des ombres

Le livre des ombres

Titel: Le livre des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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pèlerins? Se sentant mieux, elle se leva et reprit Saint Margaret's Street.
    En tournant l'angle d'Ottemelle Lane, une silhouette robuste et de haute taille surgit d'une ruelle pour lui barrer la route. Kathryn recula d'un pas. L'homme retira sa cagoule et son capuchon, et Kathryn se trouva face au visage rond et pâle de Morel, et à ses yeux semblables à des cailloux noirs.
    —
    Par le Dieu du ciel, vous m'avez fait peur!
    s'exclama-t-elle.
    Morel avança la main en un geste d'apaisement.
    — Je suis désolé, Maîtresse, vraiment désolé.
    Sa bouche aux lèvres épaisses s'affaissa comme s'il allait pleurer.
    —
    Il faut que vous veniez, reprit-il pressant, élevant les bras.
    — Pourquoi ? Et où voulez-vous que je vienne ?
    Morel fit claquer sa bouche et jeta alentour un regard inquiet.
    — Chez mon maître, les secrets...
    Le cœur de Kathryn bondit.
    — Vous avez quelque chose à me montrer?
    Le gros visage du serviteur rayonna.
    —
    Oui. Le Maître le voudrait. Il faut que vous veniez maintenant, avant qu'il ne soit trop tard !
    — Maîtresse Kathryn ! Maîtresse Kathryn !

    Morel se retourna vivement : Wuf remontait la rue en gambadant. Le serviteur brandit aussitôt le poing, mais Kathryn se hâta vers l'enfant qu'elle saisit par les deux mains, fixant son visage tout excité.
    — Que se passe-t-il, mon petit?
    Wuf leva les yeux sur Morel, et il se rembrunit,
    —
    Je suis seulement content de vous voir, marmonna-t-il en se serrant contre Kathryn pour se soustraire au regard sinistre de Morel.
    — Où vas-tu? lui demanda Kathryn.
    —
    J'ai peur, chuchota le gamin en risquant un regard par-dessous ses sourcils.
    — Ne sois pas stupide.
    Kathryn prit le visage du petit entre ses paumes.
    — Pourquoi es-tu sorti de la maison?
    Wuf cligna des yeux.
    — Thomasina m'a envoyé faire une commission.
    — Quelle commission?
    Wuf porta vivement la main à sa bouche.
    — J'ai oublié.
    L'enfant fixa Kathryn.
    — Franchement, elle me l'a dit, et je ne sais plus.
    —
    Dans ce cas, retourne à la maison et demande-lui de nouveau ce que c'est, et préviens-la que je me rends chez Tenebrae.
    Avec un dernier regard sombre à Morel, Wuf tourna les talons et repartit en courant.
    —
    Allons-y maintenant, Maîtresse, insista Morel.
    Où sont vos potions?

    Kathryn suivit Wuf des yeux jusqu'à ce qu'il ait atteint la maison, après quoi elle se retourna.
    — Je n'ai pas besoin de mes remèdes.
    Elle se tapota la tempe d'un air badin :
    — Tout ce qu'il me faut est là.
    Morel sourit avant de pivoter sur ses talons pour reprendre la ruelle, Kathryn derrière lui. En dépit de sa corpulence, il se mouvait avec une rapidité qui la surprit. En arrivant à la maison du mage, elle était hors d'haleine, et son visage et son cou étaient mouillés de sueur. Avait-elle eu raison de suivre Morel? Celui-ci
    était agité à présent. Il tripotait ses clés en marmottant et, à n'en pas douter, il bredouillait quelque excuse à son maître défunt. Puis il ouvrit la porte en grand et poussa presque Kathryn dans le vestibule sombre. L'odeur de pourriture lui donna un haut-le-cœur et elle dut se pincer le nez.
    — Dieu du ciel! s'exclama-t-elle. De quoi s'agit-il?
    Morel la précéda à toute allure dans l'escalier, lui faisant signe de le suivre. Kathryn s'exécuta, essuyant ses mains moites à sa jupe. À mesure qu'elle montait, la puanteur augmentait. Elle s'arrêta et fit mine de rebrousser chemin, mais Morel descendit à sa hauteur et la saisit par le poignet.
    — Il faut que vous veniez.
    Et Kathryn, qui avait porté une main à sa bouche, se trouva entraînée jusqu'au cabinet secret de Tenebrae.
    — Arrêtez !

    Elle s'appuya au panneau de bois et regarda autour d'elle. Quelques chandelles pourpres, fichées dans leurs candélabres noirs, brûlaient en faisant danser les ombres. Au milieu de la pièce qui baignait dans l'obscurité, l'odeur de pourriture était presque insoutenable. Quand elle fut habituée à la pénombre, Kathryn fixa la forme sombre assise dans un fauteuil à la table.
    — Qu'est-ce?
    Morel la tira vers l'avant puis claqua la porte derrière elle. Alors il l'entraîna en courant presque jusqu'à ce qu'elle se cogne à la table. Kathryn chancela et se retint au bord du plateau, puis elle leva les yeux et fixa, horrifiée, le corps en décomposition du mage Tenebrae, installé dans son fauteuil. Il portait toujours une chemise grise dans laquelle il avait été enseveli, sa tête en

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