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Le livre des ombres

Le livre des ombres

Titel: Le livre des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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forme de dôme était inclinée vers l'avant, bouche ouverte, yeux mi-clos, sa peau maintenant livide et sale comme le ventre d'un poisson hors de l'eau.
    Kathryn se ressaisit, regardant toujours ce spectacle ignoble.
    « Il est mort, se dit-elle, il était pourri quand il était en vie, et il est pourri dans la mort. »
    À côté de la table Morel la regardait, semblant attendre quelque chose.
    — C'est bien ce que vous voulez ? souffla-t-il.
    Espérant que son estomac ne la trahirait pas, Kathryn prit une lente inspiration, puis elle avala sa salive.
    — Quand l'avez-vous exhumé?

    Morel sourit comme un gamin s'attendant à recevoir une friandise en récompense.
    —
    Ce matin, répliqua-t-il, et son visage terne rayonnait maintenant. J'ai sorti de sa tombe le corps de mon maître avant l'aube.
    Il ferma les yeux.
    —
    Maître disait toujours qu'il reviendrait dans les trois jours. Que celui qui aurait le pouvoir ferait revivre son esprit. Je savais que c'est ici qu'il devait revenir.
    Il pointa un doigt sur Kathryn.
    —
    Et je savais que vous aviez le pouvoir, Maîtresse. Vous connaissez les mots.
    Kathryn s'éloigna à reculons de la table.
    —
    Vous pouvez le faire! hurla Morel d'une voix triomphante. Vous connaissez les manières anciennes.
    Kathryn s'éloignait toujours lentement.
    —
    Il faut ouvrir la porte, dit-elle. Si l'esprit de Tenebrae doit revenir, il doit pouvoir passer.
    Morel lui lança un regard méfiant, alors ses nerfs la lâchèrent. Pivotant, Kathryn s'enfuit en courant.
    Elle arriva à la porte au moment où Morel s'élançait lourdement à sa poursuite. Sa main était moite et glissa sur la poignée. Se maudissant, elle tenta de faire jouer celle-ci de nouveau. Morel était presque sur elle lorsqu'elle réussit à ouvrir et s'élança dans l'escalier. Le serviteur la suivait. Kathryn atteignit le rez-de-chaussée et aperçut, par la porte d'entrée restée entrouverte, le jardin redevenu sauvage. Elle trébucha et Morel la saisit par sa cape, la tirant en arrière. Elle hurla. Fermant les yeux, Kathryn voulut griffer Morel et le frapper comme il tentait de l'emprisonner en la serrant comme un ours. Elle dut l'écorcher à l'œil avec ses ongles car il relâcha sa prise. Kathryn avança en trébuchant vers la porte, mais Morel d'un bond la plaqua au sol, lui meurtrissant l'épaule. Sous lui, Kathryn se tortilla comme un chat. Elle ne se préoccupait plus de ce qu'elle faisait, et remontant son genou, elle cogna son assaillant au bas- ventre tout en lui labourant le visage de ses ongles. Elle ne savait pas ce qui l'effrayait le plus : le gros corps de Morel qui pesait sur elle ou le regard de ses yeux morts qui ne la quittait pas, comme s'il ne ressentait pas la souffrance qu'elle lui infligeait. Kathryn se débattait désespérément, redoutant que ses forces ne l'abandonnent. Enfin Morel lui immobilisa les mains, bloquant ses poignets. Kathryn voulut se dégager en roulant sous le poids qui l'écrasait. Elle entendit un cri, entrevit quelque chose qui tombait, puis Morel grogna et glissa de côté.
    Kathryn ferma les yeux, le souffle lui manquait, tandis que Thomasina, penchée sur elle, débitait tous les mots grossiers qu'elle connaissait. La vieille nourrice la tira ensuite jusque dans le jardin.
    Kathryn cherchait toujours son souffle et était secouée de haut-le-cœur, sans prêter attention à la longue ronce qui s'était accrochée à sa robe.
    Thomasina saisit son visage pour la faire revenir à elle, et Kathryn fut glacée par la fureur qu'elle lut dans les yeux de sa servante.

    — Remettez-vous ! lança d'un ton sec Thomasina.
    Respirez lentement, à fond.
    Et avant que Kathryn ait pu l'en empêcher, Thomasina, toujours munie de son gros gourdin, retourna dans le vestibule où gisait Morel pour lui en assener un coup retentissant derrière le crâne.
    Kathryn réussit à se mettre debout et tituba jusqu'à la porte.
    — Laisse-le, Thomasina !
    La nourrice levait encore son bâton.
    — Arrête ! cria Kathryn.
    Thomasina lui lança un regard singulier et Kathryn étendit les mains devant elle, tandis que ses yeux s'emplissaient de larmes.
    — Je t'en prie, laisse-le !
    Thomasina poussa un soupir sonore et abaissa son arme, mais elle frappa du bout de sa botte l'homme prostré.
    — J'espère qu'il est mort !
    S'agenouillant, Kathryn chercha le pouls au cou de Morel. Il battait encore avec force. Alors elle se releva, se tenant la poitrine.
    — Sa tête le fera

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