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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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la cadence
en leur enfonçant dans les reins la pointe de l’épée. Ils grimpèrent sur un
terre-plein dénué de la moindre végétation et furent contraints de se remettre
à genoux.
    James
s’installa à côté de Mattius. Il scruta les hommes en manteaux dorés qui se
tenaient près de Baybars. Il n’avait jamais rencontré son contact chez les
Mamelouks mais il savait, à la couleur de leurs habits, que celui qui aurait
peut-être été capable de le sauver n’était pas de leur nombre. Pour autant, il
n’avait pas échoué. Il était venu en Terre sainte pour accomplir une mission en
laquelle il croyait et il l’avait accomplie. Il devait maintenant en payer le
prix. Il ne verrait jamais la fin de ce qu’il avait entrepris mais il espérait
que d’autres en verraient le résultat. Un jour, le sang qu’il allait verser sur
cette terre désolée sécherait. Des fleurs y pousseraient et les générations
futures se souviendraient, elles n’oublieraient rien. Il était dit qu’il ne
vivrait pas dans le monde qu’il avait essayé de construire. Ce monde-là
appartenait à l’avenir. À son fils. En songeant à cela, il fut envahi par une
étrange sensation de sérénité. Mais cette sérénité fut bousculée par Mattius.
    — Par
tous les saints, tu es un Judas ! criait le chevalier en essayant de se relever.
    James
leva les yeux pour comprendre ce qui rendait furieux son camarade. A côté de
Baybars, un petit homme regardait les Mamelouks tirer leurs épées. C’était Léo,
le soldat syrien qu’ils avaient envoyé négocier leur reddition.
    Mattius
fut plaqué au sol par trois soldats.
    — Je
ne vous ai pas trahis, répliqua Léo. Je vous ai répété mot pour mot les paroles
du sultan. Je ne savais pas qu’il trahirait sa promesse.
    — Penses-tu
que nous allons te croire alors que tu vas regarder librement notre exécution ?
    — Je
me suis converti à la foi de l’Islam, admit Léo.
    Mais
vous auriez pu en faire autant. Vous avez préféré choisir la mort.
    Mattius
rugit comme un lion en cage, mais les trois soldats le maintenant au sol, il
était dans l’incapacité de faire le moindre mouvement. Il vit Léo s’incliner
devant Baybars avant de quitter les lieux.
    — Arrête,
frère ! supplia James, davantage troublé par les vociférations de son ami que
par les soldats qui s’étaient mis en ligne derrière eux, l’épée à la main.
    Il
se pencha et attrapa le poignet de Mattius.
    — S’il
te plaît, Mattius ! Tu ne peux pas mourir en portant une telle rage en toi. Tu
dois préparer ton âme au voyage. Garde des forces !
    La
fureur de Mattius s’atténua et ses muscles se détendirent. Les soldats le
relâchèrent et reculèrent, mais ils pointaient toujours leur épée dans sa
direction. Il se remit à genoux et se passa la main sur la joue pour en enlever
la poussière.
    En
entendant Baybars donner l’ordre de commencer l’exécution, James et Mattius
échangèrent un regard.
    — Je
regrette que nous ne soyons jamais allés à Jérusalem, comme nous en avions
envie, frère.
    Mattius
éclata de rire.
    — Qu’est-ce
que la Ville sainte en comparaison du Paradis ?
    — Que
Dieu soit avec toi, mon ami.
    — Et
avec toi aussi.
    Les
épées commencèrent à tomber. James tourna la tête et regarda droit devant lui.
Plus bas, le Jourdain déroulait son ruban doré au milieu de la vallée. Les
montagnes au sud rougeoyaient dans le soleil matinal. Il dévorait le paysage
des yeux comme un homme buvant sa dernière goutte d’eau avant la traversée du
désert. Il entendait, au milieu des ahanements de leurs bourreaux, les bruits
sourds et les craquements des os et de la chair frappés par l’acier. L’odeur du
sang et de l’urine emplit l’air de sa puanteur saumâtre. Quand vint le tour du
commandeur, James ferma les yeux. Il pensa à Isabel et à ses trois filles en
Ecosse, essayant de convoquer des images dans son esprit pour les emmener avec
lui, si cela était possible. Que Dieu les garde ! Deux autres chevaliers
s’écroulèrent, puis ce fut Mattius. Sa dernière pensée alla vers son fils à
Paris, vêtu de son manteau blanc. Une rafale de vent lui ébouriffa les cheveux
et le rafraîchit, amenant avec elle l’odeur des fleurs d’hibiscus. Il ouvrit
les yeux et sourit.
    — Je
suis fier de toi, William, murmura-t-il quand l’ombre de l’épée s’abattit sur
lui.

 
    Chapitre 21
    Les Sept Étoiles,
Paris
     
    20 octobre 1266 après
J.-C.
     
    Garin
regardait les

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