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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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l’intérieur, le coffre était divisé en plusieurs
compartiments. Le marchand lui avait dit qu’il s’agissait d’une boîte à épices,
mais ce n’était pas l’usage qu’Elwen en faisait. Dans chacun des compartiments
se trouvaient des trésors : un ruban pourpre que lui avait offert une suivante
partie se marier; une plume de colombe provenant des jardins du palais ; une
pièce en or cabossée trouvée sur les berges du fleuve et à moitié recouverte
par la boue. Dans une autre case, il y avait une bande de lin bleu pliée en
carré qui contenait une tête de jasmin séchée. C’était une fleur délicate et
fragile ; elle l’avait gardée en souvenir de Will. Elwen ne prenait jamais quoi
que ce soit qui eût vraiment de la valeur ou qui pourrait manquer à quelqu’un
d’autre. La perle était l’exception, mais c’était une prise trop précieuse pour
qu’elle l’abandonne.
    Quand
elle était encore une enfant à Powys, elle avait déjà une collection similaire,
mais ses trésors de l’époque venaient pour la plupart de la nature. Elle avait
inventé à chacun de ses fétiches une histoire unique : une pierre avec des
taches bleues était le cadeau d’une fille de sultan à un chevalier; une ramille
biscornue venait d’un bateau naufragé au large de l’Afrique. Tous ces objets
lui avaient servi de talismans pour traverser les longues nuits où le seul
bruit qu’elle entendait était celui de sa mère parlant dans son sommeil et du
vent qui hurlait dans la vallée en faisant craquer leur chaumière branlante.
Cela faisait des années qu’Elwen avait quitté Powys, et sa vie avait beaucoup
changé, mais elle avait toujours besoin d’amasser des trésors.
    Elwen
plaça la perle dans le compartiment de la pièce en or et referma le couvercle.
Puis, après avoir tourné le verrou, elle poussa le coffre sous le lit. Elle
était en train d’attacher la chaîne à son cou quand la porte s’ouvrit et
qu’entra, telle une tornade, une des dames de compagnie avec laquelle elle
partageait la chambre.
    — Que
se passe-t-il, Maria ? demanda Elwen en faisant glisser la chaîne sous sa robe.
    — Il
y a quelqu’un pour toi à l’entrée des domestiques.
    Maria,
jeune fille d’environ seize ans aux cheveux clairs, lui lança un sourire tout
en fermant la porte.
    — Il
vient du Temple, d’après ce que m’a dit le messager.
    — Du
Temple ? demanda Elwen en dénouant son tablier. Tu es sûre ?
    — Oui.
    Maria
gloussa en voyant le sourire cachottier d’Elwen. Elle lui prit le tablier des
mains et l’étala consciencieusement sur le lit.
    — Cet
homme que tu vois, quand me diras-tu de qui il s’agit?
    Elwen
lissa sa robe couleur ivoire.
    — Pas
aujourd’hui, en tout cas.
    — Mais
nous sommes aussi proches que des sœurs ! Tu ne peux pas me cacher des choses
comme ça !
    Maria
étreignit la main d’Elwen avec empressement.
    — Tu
veux te marier? Parce que si c’est ce que tu désires, tu dois le faire avant
qu’il devienne chevalier, non ? Une fois qu’il aura prononcé ses vœux, ce ne
sera plus possible.
    — Je
ne te dirai rien, s’obstina Elwen.
    Maria
lui lâcha la main et fit semblant de bouder.
    — Alors
je ne te confierai pas mon secret.
    Elwen
sourit mais garda le silence. Maria soupira en s’asseyant sur le lit.
    — Bon,
je te le dis quand même. Mais tu ne le mérites pas.
    Ses
yeux brillaient d’excitation.
    — Le
troubadour est arrivé.
    — Tu
l’as vu?
    Elwen
était intriguée. Comme la plupart des domestiques de la cour - et des habitants
de Paris -, elle attendait l’arrivée du célèbre Pierre de Pont-Évêque avec une
grande curiosité.
    — Oui,
je l’ai vu, répondit Maria d’un air important. Et il n’a pas des allures de
démon, contrairement à ce que certains prétendent. Je l’ai trouvé plutôt
charmant.
    — Tu
trouves tous les hommes charmants.
    — C’est
vrai, admit Maria avec candeur. Mais bien que mes yeux apprécient la variété,
mon cœur ne désire qu’un seul homme.
    Elwen
lui sourit gentiment. Elle savait de qui parlait sa camarade. Il s’agissait de
Ramon, un aide de cuisine venu de Galice, un beau brun au regard ténébreux que
Maria aimait en secret.
    — J’ai
tellement hâte de voir son spectacle, dit Maria en s’allongeant sur le lit.
Nous avons de la chance.
    Elwen
acquiesça. La reine avait permis à quatre de ses dames de compagnie d’assister
à la représentation qui aurait lieu dans cinq jours. Elwen et Maria

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