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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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blond du nom
de Garin de Lyons, glissa dans la boue. Il avait plu à verse les trois derniers
jours et le terrain était noyé sous des flaques d’eau boueuse. Sur la droite,
des roseaux et des arbustes dissimulaient la Tamise. Sur la gauche, on voyait à
peine les bâtiments de la commanderie à travers la brume. Alors que le soleil
ne parvenait pas à réchauffer l’air saturé d’humidité, les visages des jeunes
gens ruisselaient de sueur. Will s’écarta pour éviter une nouvelle botte.
Feintant à gauche, il fit un arc de cercle en direction de Garin, qui para le
coup et recula pour se remettre en position.
    — Je
croyais que vous autres Ecossais aviez des dispositions pour le combat ?
    — Je
m’échauffe, répondit Will en pivotant. Et je n’ai pas encore décidé qui tu es
aujourd’hui.
    — Moi,
j’ai décidé, grogna Garin. Tu es un Sarrasin.
    — Encore
? fit Will. Très bien. Dans ce cas, tu es un Hospitalier.
    Garin
cracha à terre avec un visage méprisant. Les chevaliers de Saint-Jean, qui
soignaient les pèlerins, étaient les rivaux des Templiers. Même si ces deux
ordres militaires étaient tous deux constitués de nobles catholiques qui se
battaient pour Dieu et la Chrétienté, ça ne les empêchait pas de se faire la
guerre à cause des terres, du négoce et de toutes sortes de conflits d’intérêt.
    Will
allongea le bras en se baissant mais Garin lui porta un coup puissant à la
tête.
    — Halte
!
    Les
deux garçons s’écartèrent, le souffle court. Le chevalier qui venait de leur
ordonner d’arrêter le combat s’approcha d’eux. Malgré le bandeau en cuir qui
lui cachait un œil, la sévérité de son regard ne faisait aucun doute.
    — Tu
es censé désarmer ton assaillant, Lyons. Pas essayer de le tuer.
    — Je
suis désolé, maître, dit Garin en baissant la tête. J’ai mal pensé mon coup.
    — Voilà
quelque chose de certain. Continuez ! aboya-t-il en retournant vers le coin du
terrain où seize garçons de l’âge de Will et Garin se tenaient alignés.
    On
n’enseignait pas à tous les sergents de l’ordre du Temple l’art du combat.
Beaucoup serviraient comme cuisiniers, forgerons, drapiers ou palefreniers dans
les nombreuses commanderies et les nombreux domaines. Mais ceux qui aspiraient
à devenir chevaliers se devaient d’être des combattants accomplis à dix-huit
ans. Les études - rhétorique, grammaire et logique - ne bénéficiaient pas de la
même considération, même si l’on exigeait des sergents qu’ils sachent par cœur
les six cents clauses de la Règle. A l’âge de quinze ans, ces garçons pouvaient
chevaucher avec lance et bouclier mais, à quelques exceptions près, dont Will
et Garin, ils n’étaient pas capables d’écrire leur propre nom.
    Will
se plaça en garde face à Garin qui devait lancer le premier mouvement. Celui-ci
chargea en hurlant. Will évita l’assaut mais Garin appuya son attaque en le
forçant à reculer par une série de petits coups rapides. Will parvint à garder
l’équilibre et ils s’écrasèrent l’un contre l’autre. Les épées croisées, chacun
poussait, déterminé à ne pas céder de terrain. Autour d’eux, l’air était rempli
par la condensation qu’ils dégageaient en respirant. Ils s’enfonçaient dans la
boue. Soudain, les yeux de Garin s’arrondirent : son pied venait de déraper. Il
s’étala de tout son long et lâcha son épée. Du bout de la sienne, Will l’envoya
voltiger un peu plus loin. Les acclamations fusèrent depuis les rangs des
sergents.
    Le
chevalier les fit taire d’un geste impérieux.
    — Il
n’y a pas lieu de le féliciter pour un tel combat.
    Will
aida Garin à se relever et celui-ci alla récupérer son épée pendant que le
chevalier s’adressait aux sergents.
    — La
défense de Campbell était brouillonne. Si elle avait été meilleure, il aurait
pu affaiblir Lyons et anticiper plus facilement son attaque, qui était
elle-même désordonnée.
    Il
se tourna vers les deux garçons et posa son regard sur Will.
    — Et
tu n’aurais pas dû avoir recours à une méthode aussi grossière pour battre
Lyons. Ton mouvement final reposait sur la force, et non sur la technique. Bon,
au moins, tu as profité du terrain.
    Puis
il regarda Garin.
    — Et
ton équilibre, Lyons ?
    Garin
allait répondre mais le chevalier ne lui en laissa pas le temps.
    — Brocart
et Jay, lança-t-il à deux sergents, prenez leur place.
    Pendant
que les deux garçons allaient se placer au

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