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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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peut-être?
    — Non,
dit Jacques en fixant l’homme. Laissez-nous. Le domestique salua, visiblement
soulagé, et ferma la porte. Et tout en se dépêchant de s’éloigner, il se signa.
     
    Écosse,
9 juin 1257 après J.-C.
     
    Will
se tenait sur le seuil de la maison. Le feu crépitait dans l’âtre. Sur la table
où la bonne préparait le repas, rien n’était encore prêt. Les sept poissons
blancs étaient vidés et leurs écailles renvoyaient des reflets d’argent à la
lumière des bougies. James Campbell était assis, les jambes étendues. Will ne
voyait que le profil de son père : la mâchoire anguleuse, les sourcils
saillants au-dessus du long nez droit. Ses cheveux grisonnaient sur les tempes
mais sa barbe était aussi noire que le plumage d’un corbeau. James regardait
par la porte, d’où lui parvenait l’odeur de la menthe et des achillées
mille-feuilles. En journée, on voyait les champs et les bois qui s’étendaient
depuis le domaine jusqu’à Édimbourg. Par temps clair, on pouvait même apercevoir
la petite tache grise que formait la ville à l’horizon. Mais il faisait nuit
maintenant. Le vent leur portait le gargouillement du ruisseau qui courait non
loin, au milieu des rochers, en direction d’un loch quelques kilomètres à
l’ouest.
    James
était rentré ce soir d’une semaine passée à Balantrodoch, la commanderie
écossaise des Templiers, où il tenait les comptes pour le maître. Sur le
dossier de son siège était posée une cape noire. James n’avait pas encore été
initié, il ne pouvait donc porter l’habit des chevaliers. Bien qu’il ait passé
beaucoup de temps à Balantrodoch, à travailler, vivre et prier avec les membres
de l’Ordre, il n’avait pas fait vœu de chasteté et de pauvreté, seulement
d’obéissance. Il continuait donc à remplir ses devoirs d’époux et de père, et
partageait son temps entre le Temple et son domaine. Sa cape noire signifiait
qu’il était toujours un pécheur, seuls les purs pouvaient prétendre au blanc.
    Will
s’attardait à l’entrée. Il regardait son père, inquiet du ton solennel et
inhabituel avec lequel celui-ci l’avait convoqué. Il entendait rire dans la
pièce adjacente, où ses deux sœurs aînées, Alycie et Ede, jouaient avec la plus
jeune, Mary.
    James
Campbell se retourna et sourit en voyant Will.
    —
Viens ici, William. J’ai quelque chose pour toi.
    Quand
Will fut assis, son père prit ses mains dans les siennes. Les longs doigts
effilés de James étaient maculés d’encre, à la différence de ceux des quelques
chevaliers que Will avait eu l’occasion de rencontrer, dont la paume était
calleuse à force de tenir l’épée. Au cours de ses treize années au service du
Temple, James avait passé du temps avec les chevaliers et il avait appris à
monter un destrier et à combattre. Pour Will, il valait n’importe lequel des
guerriers qu’il avait connus; et même plus, car il savait écrire, lire, compter
et parler latin aussi bien que le pape. Will l’avait aussi entendu marmonner
quelques mots dans une langue musicale et chantante que James lui avait dit
être de l’arabe, la langue des Sarrasins.
    —
Te rappelles-tu du cadeau dont je t’ai parlé, celui que ton grand-père m’a fait
avant de mourir ?
    Will
pensa d’abord au domaine. La demeure spacieuse et confortable, nichée au pied
d’une colline, avec ses dépendances et ses granges, qui avait appartenu à son
grand-père. Angus Campbell était un riche marchand de vin. Fatigué des
querelles familiales, il avait quitté son clan pour s’occuper seul de ses
affaires. Il avait élevé James, lui avait trouvé une épouse convenable et,
juste après la naissance de ses deux enfants, il l’avait placé chez les
Templiers, à Balantrodoch, avec qui il faisait du commerce depuis de nombreuses
années. Sur son lit de mort, Angus avait légué sa fortune à l’Ordre et son
domaine à son fils.
    —
La maison ?
    —
Non, autre chose.
    Will
secoua la tête.
    —
J’imagine que tu étais trop jeune pour t’en rappeler.
    James
se leva et s’approcha du feu. Contre le mur était appuyé une épée, ou plutôt un
fauchon. La courte lame incurvée était ébréchée, ce qui laissait penser qu’elle
avait probablement connu la guerre. Son pommeau était circulaire et des bandes
argentées parcouraient la poignée pour améliorer la prise en main.
    Will
regarda son père la déposer sur la table.
    —
Ta naissance te donne droit à ce

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