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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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Will, il n’avait encore jamais été
puni.
    — Tu
m’as entendu, dit Jacques d’une voix bourrue. Dix tours.
    — Oui,
maître, murmura Garin. Merci.
    Le
chevalier se détourna. Alors que Garin sortait du rang, Will l’agrippa par le
bras.
    — Ce
n’est pas juste, souffla-t-il. Jacques a tort.
    — Campbell
!
    Will
remit ses bras le long de son corps.
    — Qu’est-ce
que vous avez dit ?
    — Moi,
maître ?
    Le
regard de Jacques brillait d’un éclat inquisiteur.
    — Ne
joue pas avec moi, mon garçon. Qu’as-tu dit à Lyons ?
    — Rien,
maître. J’ai juste...
    Il
regarda autour de lui pour chercher le soutien de ses camarades mais ils
évitaient tous son regard.
    — Je
me demandais juste pourquoi vous aviez choisi Garin, maître.
    Il
avait essayé d’adopter un ton léger, comme s’il posait une question. Il y eut
une longue pause.
    — Je
vois, dit Jacques d’une voix si douce qu’elle en devenait encore plus
inquiétante. Qui d’autre, selon toi, mériterait d’être puni ?
    Will
regarda ses camarades, puis de nouveau Jacques.
    — Alors,
Campbell ?
    Will
demeura silencieux un long moment.
    — Je
ne sais pas, maître.
    — Parle
plus fort ! cria Jacques.
    — Je
ne sais pas, maître.
    — Bien
entendu, dit Jacques, la bouche tordue en un rictus mauvais.
    Il
se tourna vers les autres sergents et désigna Will.
    — Comment
un garçon sans expérience de la guerre, un garçon dont la lignée remonte à une
seule génération, pourrait-il connaître quoi que ce soit à l’art du combat ?
    Will
remarqua que cette repartie ravissait Jay. Garin regardait le sol d’un air
maussade.
    — À
l’avenir, Campbell, continua Jacques en se rapprochant de lui, gardez vos
opinions pour vous. Ne remettez plus jamais en cause mon jugement, cracha-t-il.
Lyons, Campbell vient juste de vous faire gagner dix tours en plus.
    Will
était consterné. Il lança un regard d’excuse à
    Garin,
lui demandant de le pardonner, mais le garçon détourna les yeux. Il sortit du
rang et commença à courir. Will fixa le dos du chevalier pendant que. celui-ci
se dirigeait à grands pas vers les bâtiments de la commanderie. Ses mains
tremblaient, il aurait voulu balancer ses poings dans le visage de Jacques et
effacer son sourire de Cyclope. Autour de lui, les sergents quittaient le
terrain d’entraînement. Il sentait chez les uns de la sympathie, chez les
autres de la désapprobation.
    Après
un moment, Will courut rejoindre Garin.
    Jacques
fouilla sur la table pour trouver le rouleau qu’il cherchait. Il relut
lentement le rapport. En dehors d’une bougie presque consommée et des rayons de
la lune à travers la fenêtre, la cellule était assez obscure, aussi dut-il
faire un effort. Dehors, une chouette hululait. Jacques se prit la tête entre
les mains : les mots sur le parchemin se brouillaient en lignes noires
indéchiffrables. Otant le bandeau noir, il fit tourner son doigt sur le bord de
l’étroite cavité au fond de laquelle se trouvait autrefois son œil. Le creux
était rempli de cicatrices. Il avait perdu son œil seize ans plus tôt, mais il
ressentait toujours la douleur quand il lisait trop longtemps. Cela faisait
quelques heures qu’il était enfermé dans la cellule, il avait raté le dîner et
le dernier office. Owein était venu le voir un peu plus tôt pour lui
recommander d’aller se coucher. S’ils n’étaient pas prêts pour la conférence de
demain, ils ne le seraient jamais, lui avait-il dit. Mais Jacques voulait être
absolument certain que Henri n’aurait aucun moyen de discuter la situation.
    Soudain,
on frappa à la porte.
    — Entrez,
dit-il d’une voix fatiguée.
    Un
domestique en tunique brune apparut sur le seuil. Il avait l’air agité.
    — Désolé,
maître, je sais qu’il est tard, mais un homme veut vous voir. Il dit que c’est
urgent.
    Jacques
se renfrogna. Il n’avait pas envie d’être interrompu. De plus, qui pouvait
avoir besoin d’être introduit à cette heure ?
    — Faites-le
entrer.
    Le
domestique recula d’un pas et fit un signe déférent à quelqu’un, derrière lui.
Dans l’embrasure de la porte se présenta alors un homme imposant, vêtu d’une
grande cape grise élimée. L’œil de Jacques s’agrandit en voyant l’homme
avancer, retirer la grande capuche qui dissimulait son visage et s’incliner
pour le saluer.
    — Hasan,
murmura le chevalier.
    — Avez-vous
besoin de quelque chose, sire ? demanda timidement le domestique. Des
rafraîchissements,

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