Le livre du cercle
traité de paix à
Baybars a déjà été choisie.
— Je
sais qu’Edouard vous écoute. Demandez-lui de m’affecter à cette mission.
Dites-lui que vous voulez qu’un membre de l’Anima Templi fasse partie de
l’expédition. En plus, je suis un des rares hommes de la garnison à savoir
parler arabe.
Comme
le prêtre continuait à secouer négativement la tête, Will poursuivit rapidement
son argumentation.
— Je
veux faire amende honorable, Everard. Je veux prouver que je pensais ce que
j’ai dit le jour où nous avons discuté sur les remparts, quand vous m’avez
parlé de Kalawun. Je veux participer au travail que mon père a commencé.
— Je
sais, je sais, dit Everard comme si ça n’était pas la peine de raconter tout
cela.
— Alors,
pourquoi me faire courir un peu partout depuis, comme si j’étais un garçon de
course, au lieu de me faire collaborer aux travaux de l’Anima Templi ?
Everard
fixait Will sans dire un mot.
— Parce
que vous n’avez pas confiance en moi, répondit Will à sa place.
— Ce
n’est pas vrai.
— Si,
affirma Will. Et je ne vous en veux pas. Mais ça fait six mois, Everard ! Je
veux aider, mais je reste ici à perdre mon temps. Si vous ne voulez pas de moi,
dites-le. Mais si ce n’est pas le cas, laissez-moi faire mes preuves.
Donnez-moi l’opportunité de me racheter pour ce que j’ai fait.
Au
bout d’un moment, Everard hocha légèrement la tête.
Will
sentit l’espoir renaître en lui, mais il déchanta dès que le prêtre reprit la
parole.
— Tu
as raison. Je t’ai mis à l’écart de certaines tâches à cause de ce que tu as
fait, mais pas pour te punir. J’étais simplement prudent. Si tu partais pour
cette mission, non seulement tu te retrouverais face à face avec un homme dont
tu souhaitais tellement la mort que tu as trahi tout le monde, mais tu serais
en danger. Tu sais combien d’hommes nous avons déjà envoyés traiter avec
Baybars au fil des ans, et combien il en est revenu. Il pourrait très bien
utiliser cette proposition pour nous prouver que la paix avec nous n’a aucun
sens pour lui, et dans ce cas il égorgera tous les hommes et nous enverra leur
tête dans un panier !
Everard
se rassit sur sa chaise.
— Et
même si tu me pousses prématurément vers la tombe avec tous tes excès, j’aime
ta tête où elle se trouve, William.
— Je
ne crois pas que le sultan fera ça, répondit Will.
Ce
serait mesquin. Et on peut dire tout ce qu’on veut de Baybars, mais il n’est
pas mesquin. Quoi qu’il en soit, je veux y aller.
Will
gardait encore son calme, mais il ne cachait plus sa détermination.
— Je
ne vous ai jamais rien demandé, Everard. Pour une fois, je vous le demande.
Laissez-moi y aller.
Everard
prit la plume et le couteau, puis il les reposa avec un soupir d’irritation.
— Tu
me jures que tu ne feras rien de stupide ?
Avant
que Will ait eu le temps de répondre, il leva la main.
— Non,
jure-le au nom de ton père !
— Je
le jure, Everard, dit Will en soutenant son regard. Je ne vous décevrai pas une
autre fois.
Au
bout d’un long moment, Everard opina.
Les
écuries étaient étouffantes, l’air confiné et la chaleur aggravant la puanteur
du fumier. Simon portait des sacs d’avoine au grenier et la sueur lui
dégoulinait sur le visage. Il devait sans cesse agiter la tête dans tous les
sens pour se débarrasser des mouches qui le harcelaient en vrombissant en
cercle autour de lui. Ses muscles lui faisaient mal et ses joues, déjà brunies
par le soleil, avaient pris une teinte rougeaude sous l’effort. Il laissa
tomber un sac et se pencha pour prendre une cruche d’eau au sol.
— Simon?
La
voix le fit se redresser si rapidement qu’il se cogna la tête contre une
mangeoire. Il poussa un juron, lâcha la cruche qui explosa en mille morceaux et
se retourna, une main sur la tête.
Dans
l’entrée, la silhouette à contre-jour était celle d’une grande femme à la
chevelure blonde. Simon avait reconnu sa voix avant même de se retourner, mais
il reçut quand même un choc en la voyant là, bien réelle, dans sa robe rose.
C’était une vision qu’il avait à la fois espérée et redoutée chaque jour depuis
quatre ans.
— J’ai
reçu ta lettre, dit Elwen.
Elle
avait l’air plus mature, plus calme.
— Je
ne pensais pas que tu viendrais.
— Moi
non plus. Pendant longtemps. Mais j’ai toujours voulu voir la Terre sainte.
Essuyant
ses mains sur sa tunique, Simon s’approcha
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