Le livre du cercle
ici.
Will
se tenait dans l’allée, à mi-chemin entre les portes et l’autel. Il ne désirait
pas autant que les autres sergents être chevalier : combattre les infidèles au
nom de la Chrétienté, servir Dieu et obtenir la puissance et les privilèges que
tout cela apportait. En revanche, Owein lui avait dit que porter le manteau
ferait de lui un homme neuf, qu’il naîtrait de nouveau, purifié de tous ses
péchés antérieurs. Cela, Will l’avait entendu. Le manteau avait de
l’importance, il signifiait l’absolution.
Il
fallait que son père le voie dans ce manteau. Ainsi, il ne resterait pas à
jamais le garçon qui avait tué sa sœur.
— Je
ne partirai pas, murmura-t-il.
— Très
bien, sergent Campbell. Nous nous verrons à l’aube.
Everard
regarda Will marcher d’un pas tramant vers la sortie. Quand il fut parti, le
prêtre commença à préparer l’autel pour les complies.
Quelques
minutes plus tard, les portes s’ouvrirent et un homme en cape grise pénétra
dans la chapelle.
— Ah,
te voilà, dit Everard en le regardant s’avancer dans l’allée. Je suppose que tu
viens de donner ta version de la bataille ?
— Oui,
frère, répondit Hasan. J’ai dit au visiteur que j’étais à Londres pour
rencontrer un de tes contacts, un libraire.
— Il
ne t’a pas interrogé plus avant ?
Everard
plaça le bréviaire qu’il tenait sur l’autel et s’approcha de Hasan, qui secoua
la tête en signe de dénégation.
— Tant
mieux. Nous ne pouvons nous permettre d’autres difficultés. La mort de Jacques
nous a fait déjà beaucoup de mal. Il nous faut retrouver le livre le plus vite
possible. Même si Rulli l’avait déjà livré au commanditaire du vol au moment où
tu l’as attrapé, il est probable qu’il soit encore en ville. Jacques t’a-t-il
dit ce qu’il en pensait quand vous étiez au Nouveau Temple ?
— Il
partageait ton inquiétude. Lui aussi pensait que celui qui le détenait pourrait
s’en servir comme d’une preuve pour révéler l’existence de l’Anima Templi et
exposer nos buts.
Hasan
s’assit sur un banc et aperçut le fouet à côté de lui.
— Quelqu’un
a eu des problèmes ?
Everard
grogna et récupéra le fouet.
— Le
fils de James Campbell, si tu peux croire ça.
— Le
fils de James ?
— William,
un sergent du Nouveau Temple. Il est venu de Londres sur le même bateau que
toi. Je viens d’en faire mon apprenti.
Hasan
fronça les sourcils.
— William?
C’est celui dont je t’ai parlé, qui me suivait à Honfleur. Tu crois qu’il est
au courant ?
Everard
réfléchit un moment, puis secoua la tête.
— James
sait ce qui est en jeu. Il ne lui en aurait pas parlé. Et le garçon n’avait pas
l’air de savoir qui je suis. Il était simplement curieux, à Honfleur.
D’ailleurs, ce ne serait pas le premier à faire preuve de curiosité à ton
égard, Hasan.
Everard
se dirigea vers la sacristie.
— Et
puis il me rendra service, ajouta-t-il.
Hasan
regarda Everard ranger le fouet sur une étagère.
— Je
sais que tu cherches un sergent depuis longtemps, frère. Mais si je peux me
permettre, je ne suis pas certain que c’est ce que James avait à l’esprit quand
il t’a demandé de veiller sur son fils.
— Mais
je ne pourrais pas mieux m’en occuper, répondit abruptement le prêtre. Il n’a
plus de maître. Qu’est-ce que tu crois que James aurait voulu? Qu’on le renvoie
seul en Angleterre, ou que je le garde sous mon aile ?
Hasan
hocha la tête, ne voulant pas s’opposer à Everard.
— Peut-être
que nous devrions repenser à contacter nos frères du Cercle pour les informer
que le livre a été volé, dit-il.
— Nos
frères en Orient ont des missions à accomplir. La guerre contre les Mamelouks
est imminente. Il faut qu’ils restent concentrés pour surmonter les épreuves
qui ne vont pas manquer de leur échoir.
— Mais
sans leur soutien, retrouver le livre va être extrêmement difficile. Peut-être
impossible. Si par malheur Le Livre du Graal était révélé au monde, et si
l’existence de l’Anima Templi était prouvée, alors tout ce pour quoi nous avons
combattu périrait.
— C’est
ma responsabilité, Hasan, répondit fermement Everard. Je m’en occupe.
Il
se gratta le front d’un air contrarié.
— Ce
salaud d’Armand ! (Armand de Périgord, grand maître du Temple (1232-1245
?).) s’exclama-t-il soudain. Il fallait que le grand maître ait sa
cérémonie, il ne pouvait pas s’en passer
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