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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Bolingbroke avaient dû fuir pour sauver leur vie. Corbett se remémora l’horrible fin du Roi des Clefs dont la main avait subi des blessures si incurables qu’Ufford avait été obligé de lui trancher la gorge. Un trépas sinistre, se dit le magistrat, pour un homme qui s’était vanté de venir à bout de n’importe quelle serrure grâce à ses clefs et outils secrets. Ufford aussi avait été abattu et Bolingbroke n’avait sauvé sa vie que de justesse.
    Officiellement, Édouard d’Angleterre ignorait tout de ces diaboliques menées et, par conséquent, l’échange de missives mielleuses entre lui et « son beau cousin de France » avait continué de plus belle. Philippe s’était montré des plus disposés à dépêcher une délégation en Angleterre et avait suggéré que, étant donné la rigueur de l’hiver, la réunion se tienne dans un endroit sûr de la côte sud, loin du tohu-bohu de Londres, mais assez près de Douvres. Édouard, aux anges, s’était frotté les mains de joie et avait sur-le-champ ordonné à Sir Edmund de préparer le château de Corfe. Et à présent ils étaient là. Les Français espéraient apprendre quelque chose des Anglais et Édouard priait le ciel que, à l’occasion de leurs discussions, Corbett tombe par hasard sur le code qui permettrait de traduire le Secretum secretorum et, peut-être, de découvrir la vraie raison de la fortune de frère Roger, sans parler d’autres révélations merveilleuses. Ranulf s’était gardé de rien dire, mais Bolingbroke avait prévenu le roi et le magistrat que Philippe ourdissait d’autres plans. Moult professeurs et savants de la Sorbonne, qu’inquiétaient le pouvoir grandissant de la couronne de France et les scandaleuses théories des juristes royaux
    — Pierre Dubois, par exemple – , se méfiaient du roi de France. Les soupçons de Bolingbroke s’étaient révélés fondés. Corbett n’avait pas de preuve, mais il était persuadé que les trois morts qui avaient eu lieu ici étaient fort suspectes. Non seulement Philippe se débarrassait de ses opposants, mais il donnait un cruel avertissement aux autres membres de l’université : un même sort les attendait. Comme Pilate il pouvait s’en laver les mains, prétendre que les trépas étaient accidentels et, si on le soupçonnait, faire porter le blâme sur ces traîtres d’Anglais.
    Et quoi encore ? Corbett essaya d’oublier l’oeuvre sanglante de Maîtresse Feyner. Il s’interrogea sur ce que les hors-la-loi avaient encore à lui apprendre. Il lui revint que les pirates flamands fort actifs en Manche et en mer d’Irlande inquiétaient le gouverneur. Sur quel fil tirer pour démêler l’écheveau ? Corbett revit Destaples gisant sur son lit, le pauvre Louis baignant dans son sang, le cou tordu, Vervins, tombé comme une pierre du rempart. Ces trois morts étaient-elles toutes des accidents ? Il ferma les yeux. Il examina à nouveau la question du trépas de trois hommes intelligents et fins qui ne se faisaient pas d’illusions sur leur royal maître et prenaient toutes les précautions pour assurer leur sécurité. Ils s’étaient tenus bien à l’écart de Craon et pourtant, s’il s’agissait de meurtres, ils avaient été assassinés par quelqu’un qui pouvait franchir des portes fermées pour commettre ces épouvantables crimes.
    — Sir Hugh ?
    Corbett ouvrit les yeux. La cloche de la forteresse sonnait avec force.
    — Sir Hugh, le soir tombe, nous devons nous rendre à la salle des Anges, lui rappela Ranulf en se penchant sur lui.
    — Retrouver Lady Constance ? gaba le magistrat.
    Son écuyer fit demi-tour. Corbett entendit ses compagnons sortir et fermer l’huis derrière eux. Il se leva, se dirigea vers la table et fouilla parmi les morceaux de parchemin dont Bolingbroke et Ranulf s’étaient servis. Ils semblaient avoir cherché les codes employés par frère Roger pour élaborer son latin de cuisine. Corbett prit l’Opus tertium, le feuilleta puis alla à la première page sur laquelle Crotoy avait écrit «  Jean, chapitre I, versets 6 et 8 ». Il examina la référence avec curiosité. Qu’avait voulu dire Louis ? Il alla quérir son psautier et tourna les pages jusqu’au premier chapitre de l’Évangile selon Saint-Jean, « Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. » Puis il lut les versets 6 et 8 : « Il y eut un homme envoyé de Dieu ; son nom était Jean.

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