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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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sécurité.
    Quand ils parvinrent à La Taverne de la Forêt, Bogo de Baiocis, dans la cour, appelait l’aubergiste à grands cris et ordonnait à l’un des palefreniers de prendre soin de sa monture. Sir Hugh, Ranulf et les autres ne franchirent pas le portail, mais Craon entra dans le bâtiment. Il revint peu de temps après, souriant dans sa barbe, et suivi de son valet chargé de deux tonnelets de vin.
    — Je l’ai largement payé, dit-il en faisant signe à Bogo de Baiocis de remettre un des tonnelets à l’intendant. Le meilleur bordeaux, importé il y a quatre ans ; on prétend que c’est le plus fin que ces vignobles aient jamais produit.
    Il s’ensuivit un certain désordre tandis que Bogo de Baiocis retournait chercher une corde dans l’auberge, afin de pouvoir attacher les tonneaux aux pommeaux des selles. Craon ajouta qu’il avait commandé quelques produits pour les cuisines du château et que Maître Reginald en personne les livrerait à Corfe. Corbett annonça que lui et Ranulf poursuivaient leur route jusqu’à l’église et invita Craon à les accompagner, mais ce dernier déclina l’offre avec courtoisie.
    — Je suis passé devant en arrivant à Corfe, fit-il remarquer en montant en selle. C’est un endroit lugubre et écarté, Sir Hugh. Vous avez affaire avec le prêtre ?
    — Plutôt avec certains coquins, répliqua Ranulf.
    Le magistrat attendit que Craon et son escorte aient repris le sentier menant à la forteresse.
    — Que se passe-t-il, Maître ? interrogea Ranulf en poussant son cheval à la hauteur de celui de Corbett.
    — J’aimerais bien le savoir, Ranulf, répondit le clerc en regardant le groupe de cavaliers disparaître à un tournant. J’aimerais vraiment.
    Il leva les yeux pour regarder le ciel bleu entre les arbres.
    — Le temps est meilleur ; le soleil brille. Tu te souviens du vieil adage, Ranulf : « Les vipères sortent toujours pour se chauffer au soleil » ?
    Il pressa son cheval. Son écuyer le suivit, un peu en retrait. La neige fondante glissant des branches et l’eau qui s’égouttait faisaient bruire la forêt autour d’eux. Le chemin était parfois glissant et Corbett avait du mal à maîtriser sa monture.
    — Horehound et sa bande seront nerveux, remarqua Ranulf. Je crois qu’ils ne nous font pas entière confiance.
    — Dans ce cas, suggéra le magistrat, signalons-leur notre arrivée. Tu n’as pas oublié les paroles de la chanson «  Jove cum Mercurio  », n’est-ce pas ? Je vais chanter le premier couplet pour t’en rappeler les mots, puis tu pourras le reprendre et répéter chaque vers. Si les hors-la-loi nous entendent, ils comprendront que nous voulons la paix.
    Et, sans attendre de réponse, Corbett entonna le leste chant d’étudiant, faisant ainsi oublier à son écuyer sa peur de la forêt, et attestant auprès de ceux qui se cachaient qu’ils n’avaient pas de mauvaises intentions.
    En atteignant le mur du cimetière et en le contournant jusqu’à la grille, la chanson de Corbett mourut sur ses lèvres. L’endroit était sinistre sous le soleil avec ses croix et ses pierres tombales trempées par la neige fondue. Des corbeaux croassaient dans les arbres au-dessus de leur tête. Il n’y avait personne. Corbett avait pensé que les malandrins auraient au moins allumé un feu et que, même s’ils préféraient être discrets, ils auraient laissé une sentinelle. Ils mirent pied à terre et entravèrent les chevaux. Ranulf, inquiet, dégaina son poignard. Son maître l’imita. Ils firent le tour de l’église sans voir aucun signe de vie. La porte principale et celle menant au champ de repos étaient closes, nulle lueur ne scintillait à travers les volets de bois.
    Corbett sortit du cimetière et emprunta l’allée qui menait chez le prêtre. Il toqua à l’huis, mais le son résonna dans le vide et les volets au rez-de-chaussée comme à l’étage étaient fermés. Passant à l’arrière de la maison, il s’arrêta près de la barrique d’eau. Il nota que la glace avait été cassée, que le niveau d’eau avait beaucoup baissé et sentit de légers effluves de nourriture – viande et pain – et ceux, plus piquants, des épices. La porte de derrière était elle aussi fermée. Le clerc recula de quelques pas pour avoir une vue d’ensemble de la maison et heurta du pied un bassin de cuivre qui résonna comme une trompette. Il jura, le ramassa et s’apprêtait à le jeter dans le jardin quand il

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