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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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bordée au sud par la mer et à l’est par l’estuaire. Ces Flamands sont les plus accomplis des navigateurs. Ils disposent de cartes marines et terrestres et d’informations qu’ils ont recueillies. Ils peuvent mouiller leurs bateaux dans une crique ou une anse déserte, se rassembler et pénétrer à l’intérieur des terres.
    — Mais on les verrait !
    — Non, Sir Edmund, nous sommes en plein hiver. Quand avez-vous quitté le château pour la dernière fois ? Ils ont pu entrer dans la forêt, et alors, que Dieu vienne en aide à ceux qu’ils croisent. Je parierais un sac d’or que des cadavres – de charbonniers, de colporteurs, de revendeurs – jonchent les bois à présent.
    — Les hors-la-loi ! s’exclama Ranulf. Sans beaucoup d’armes et guère endurants, ils n’auraient pas une seule chance contre ces féroces combattants.
    — Il se peut, concéda son maître. Ce qui expliquerait pourquoi ils ne sont pas venus nous retrouver comme ils l’avaient accepté. Que Dieu ait pitié de ces malheureux, ils sont sans doute morts. En fait, Ranulf, nous avons beaucoup de chance, car je suis sûr que nous avons failli croiser les Flamands, nous aussi.
    — Où ? s’étonna l’écuyer qui n’en croyait pas ses oreilles.
    Il avait souvent avoué à Chanson que le vieux « Maître Longue Figure » le surprenait parfois, mais là il était tout simplement stupéfait.
    — Il s’agit de deux ou trois cents hommes, estima Corbett en fermant les yeux, et ils se sont approchés du château autant qu’ils le pouvaient.
    Il rouvrit les yeux.
    — Je ne crois pas du tout à la maladie du père Matthew. Le jour où nous lui avons rendu visite, l’église était fermée et verrouillée. Si nous avions forcé les portes, nous aurions vu un spectacle qui nous aurait terrifiés juste avant que l’air devienne noir de flèches.
    — Voulez-vous insinuer qu’ils se trouvaient à l’intérieur de la maison et de l’église ?
    — Oui, Ranulf, et même plus près, peut-être dans la taverne. Ils vont se servir de la charrette de Maître Reginald, comme ils avaient sans nul doute eu l’intention de se servir de celle de Maîtresse Feyner. Quand Craon s’est rendu à l’auberge, je suis certain qu’il y est allé pour laisser ce même message que vous, Sir Edmund, avez découvert sur le corps de cette femme.
    Le magistrat hocha la tête.
    — C’était tellement facile. Un morceau de parchemin qu’on laisse tomber sur le sol.
    — Mais le prêtre nous en aurait parlé, releva Ranulf. Et Maître Reginald aussi.
    — Leur vie est menacée, expliqua le magistrat. Je suis persuadé que dans la taverne, en haut de l’escalier ou dans les caves, des hommes se tapissent, arbalètes bandées, ou lames pointées sur la gorge des serviteurs de Maître Reginald, et qu’il en va de même dans l’église. En fait, le prêtre a bien tenté de nous avertir. Te souviens-tu, Ranulf, qu’il a prétendu ne pas avoir mangé ? Pourtant nous avons senti des odeurs de cuisine et on avait puisé de l’eau au tonneau. Il y avait aussi cet onéreux bassin de cuivre jeté dans le jardin. Aucun prêtre impécunieux ne se serait débarrassé d’un objet aussi coûteux.
    — Quel bassin ? interrogea le gouverneur. De quoi s’agit-il, Sir Hugh ? Comment savez-vous que Craon est derrière tout ça ? Pourquoi ?
    — Je n’en connais pas la raison, Sir Edmund, pas encore, mais les Flamands sont des mercenaires ; le roi de France, son frère ou un membre du Conseil royal peut les engager. Toute l’affaire se déroule en catimini. On dépose une somme d’argent dans une banque ; on en promet davantage une fois le but atteint. Vous vous rappelez ce foyer, Messire ? Ne trouvez-vous pas étrange que vos gardes aient aperçu un feu à l’orée de la forêt ? Et que peu de temps après, un feu similaire ait éclaté au château ? Craon recevait et envoyait des messages. Comme dans un jeu d’échecs toutes les pièces se mettaient en place.
    — Je ne peux y croire, murmura le gouverneur en hochant la tête. Sir Hugh, Craon est un émissaire accrédité.
    — Justement, Sir Edmund. Il s’en lavera les mains et prétendra n’en rien savoir. Si je me suis trompé, je vous présenterai mes excuses ainsi qu’au roi, mais puissé-je en avoir l’occasion ! Je n’ai nulle envie d’avoir la gorge tranchée ou de recevoir un carreau d’arbalète en pleine poitrine.
    — S’ils voulaient vous exécuter, Sir

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