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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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avait amené les trois magistri de Paris pour les faire assassiner, mais quel autre méfait avait-il ourdi ? Il divisa la feuille de parchemin en quatre et donna un titre à chaque colonne : Craon, Les morts, Le château, L’église dans la forêt.
    Puis, usant de son propre code secret, il remplit chaque partie avec ce qu’il avait vu et appris, se remémorant conversations, coups d’oeil, les personnes présentes quand tel ou tel événement s’était déroulé. Il repensa au père Matthew, à son visage pâle et non rasé, à sa maison isolée et au cimetière désert. Ranulf entra, chargé d’un plateau. Corbett but le vin trop vite et sentit sa face s’embraser et ses paupières s’alourdir. Il comprenait les morts, l’assassinat des trois Français, mais comment s’y était-on pris ? Qui était coupable ? Il s’empara d’une seconde page de vélin et, retournant au coffret de la chancellerie, en retira tous les documents concernant le séjour d’Ufford à Paris. Les heures passèrent et Ranulf revint s’assurer que tout allait bien. Son maître, absorbé par son travail, se contenta de grommeler une réponse. Il verrouilla la porte quand l’écuyer fut sorti et, dans l’intention de s’accorder un somme bref, s’étendit sur le lit, mais quand il s’éveilla au petit matin, gelé et tendu, le feu était éteint et bon nombre de chandelles s’étaient consumées. Il remonta la couverture et se rendormit.
    Il se réveilla un peu plus tard et assista à la messe matinale du père Andrew dans la petite chapelle du château. Le prêtre, vêtu de noir et or, prononça les prières d’intercession pour les défunts. La journée s’annonçait belle. Devant la chapelle, on affluait dans les cours intérieure et extérieure. Un serviteur lui expliqua que maintenant que les routes étaient dégagées, davantage de colporteurs et de chaudronniers ambulants se déplaçaient, fort désireux de profiter du changement de temps. Corbett se rendit aux cuisines pour déjeuner. Les gâte-sauces s’affairaient à préparer le festin que Craon devait offrir ce soir même. Il aperçut le gamin que Ranulf avait ramené de la taverne, cheveux et visage propres, un vieux justaucorps sur ses maigres épaules. Il arborait même des chausses de laine et était pourvu de solides bottes. Corbett l’interpella. Le garçon, qui mâchonnait un morceau de poulet, l’avala d’un coup et s’avança, yeux écarquillés.
    — Vous n’allez pas me renvoyer, n’est-ce pas ?
    Le magistrat sourit, prit une pièce dans son escarcelle et la lui donna.
    — Comment t’appelle-t-on ?
    — Je crois que mon nom est Tom, mais en général on m’appelle Rapporte {22} .
    — Très bien, Tom Rapporte. Connaissais-tu Horehound, le hors-la-loi ?
    Tom détourna le regard.
    — Allons, insista Corbett, ce n’est pas un crime que de parler aux hommes des bois. Écoute, mon enfant, tu peux encore gagner cette pièce. Savais-tu que Horehound allait obtenir le pardon du roi ? Nous étions censés le rencontrer hier. Ranulf, le rousseau, avait emporté des vivres pour les lui donner dans les fontes de sa selle.
    — Et... ? questionna le gamin dont la curiosité croissait.
    — Personne n’est venu. Ni Horehound ni un membre de sa bande.
    Tom cessa de mastiquer.
    — Ça t’étonne ? Ça paraît bizarre ?
    Le garçon se retourna et laissa tomber un bout de poulet sur le sol. Un énorme mastiff l’engloutit aussitôt.
    — Ça ne ressemble pas à Horehound, Messire, affirma l’enfant. Il n’aurait onc refusé de la nourriture ; il a dû arriver quelque chose.
    Le clerc donna une autre pièce à son interlocuteur et ressortit dans la cour. Il entendit claquer un fouet et se retourna quand Maître Reginald, un de ses marmitons assis près de lui, fit pénétrer sa carriole dans la cour intérieure. Corbett décida de regagner sa chambre pour passer au crible tout ce qu’il avait noté la veille. Ranulf, Bolingbroke et Chanson survinrent et constatèrent que leur maître était inquiet. Ranulf, d’ailleurs, n’était que trop pressé de retourner à la salle des Anges, en quête de Lady Constance.
    La journée s’écoula lentement pour le magistrat. Il sortait de temps à autre pour se rendre à la tour de Jérusalem et, vers la fin de l’après-midi, il retourna à l’entrée effondrée et au couloir sombre et désert qui menait aux anciens cachots. Cette fois il s’arma, ceignit son baudrier et se fit

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