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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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la porte s’ouvrit et un messager entra pour aller chuchoter quelques mots à l’oreille du gouverneur. Sir Edmund acquiesça et fit signe au magistrat de poursuivre. Le garde du Sceau privé ouvrit le sac de cuir posé à ses pieds et en sortit sa copie du Secretus secretorum.
    — Monsieur de Craon a raison, commença-t-il.
    Il tapota la couverture en notant, amusé, que Craon avait pris son propre exemplaire du même ouvrage.
    — Tout dépend de ce manuscrit.
    Il ouvrit le fermoir et feuilleta les pages de parchemin qui craquaient sous ses doigts.
    — À première vue cela semble facile ; du latin, avec, çà et là, d’étranges symboles, mais les mots n’ont pas de sens. Traduits, on dirait le babillage d’un enfant.
    — Ce qu’ils sont, maintint Crotoy.
    — Nous n’en savons rien. Frère Roger a répertorié sept façons de coder un texte. D’abord, en usant de signes et de symboles ; nous connaissons tous cette méthode. Ensuite, grâce à des paraboles, des histoires que seuls l’écrivain et son lecteur privilégié peuvent comprendre. Il y a d’autres systèmes beaucoup plus techniques, comme par exemple, énuméra le magistrat en comptant les trois suivants sur ses doigts, l’emploi de mots où l’on ne se sert que des consonnes, ou des alphabets différents. Frère Roger ayant appris l’hébreu et le grec, tout comme le latin, a donc pu choisir n’importe laquelle de ces langues, ou une autre que personne ne possède. Le sixième procédé consiste à supprimer les lettres et à les remplacer par des signes mathématiques. Et enfin, et c’est beaucoup plus subtil, le rédacteur invente son propre alphabet, son langage, formé de genres variés de symboles et de marques que seuls lui-même et ceux à qui il les a révélés peuvent déchiffrer. Pour autant que nous sachions, le Secretus secretorum a été écrit par Bacon et on en a fait une copie. Nous ne savons pas avec certitude qui du souverain anglais ou de monseigneur le roi de France possède l’original, mais nous sommes sûrs – n’est-ce pas, Monsieur de Craon ? – que ces deux manuscrits sont identiques en tous points.
    Craon acquiesça avec lenteur.
    — Je propose donc, continua Corbett, que nous les comparions une fois encore. Nous pouvons y passer le reste de la journée. Je suggère que Maître Bolingbroke et Maître Sanson se chargent de cette tâche.
    — Et si, intervint Ranulf, fasciné par le débat, en tapant sur la table, s’il y a bien une clef ?
    — On a cherché de façon approfondie, remarqua Pierre Sanson en hochant la tête. Il n’y a pas la moindre chance, la moindre possibilité, qu’un tel document existe. Ce à quoi nous devons nous employer, c’est à comprendre les mots latins et les différents symboles et signes qui les séparent.
    Craon se redressa dans sa chaire.
    — Pour faire preuve de bonne volonté et respecter les ordres de mon souverain, je peux vous révéler que Maître Thibault, avant son malheureux accident...
    Il lança un regard furieux à Bolingbroke.
    — ... avait en fait trouvé une telle clef et espérait bien pouvoir traduire tout l’ouvrage !
    L’envoyé français fut fort aise de la consternation causée par ses paroles. Corbett, incrédule, lui jeta un coup d’oeil torve. Ranulf se pencha pour lui murmurer de garder son calme.
    — Vous gaussez-vous, Monsieur ? protesta Ranulf.
    — Monsieur ne se gausse point. Si vous vous reportez à la dernière page du Secretus secretorum...
    Craon attendit que le magistrat se soit exécuté.
    — ... vous verrez qu’à la seconde ligne se trouve une phrase qui semble absurde. «  Dabo tibi portas multas », « Je t’ouvrirai maintes portes ».
    Corbett, examinant avec grand soin ladite page du volume, réfléchit sur ce passage particulier. Le Français expliquait qu’en supprimant certaines lettres et en transposant des signes déterminés, les mots qu’il avait cités émergeaient du fatras incompréhensible de la page. Sir Hugh distingua sans peine le terme dabo.
    — Je crains bien, ajouta Craon, que c’est là tout ce que Maître Thibault soit parvenu à comprendre.
    Toute animosité oubliée, on fit circuler les manuscrits. Les participants examinèrent les lettres et se lancèrent dans une controverse. Perplexe, le magistrat se rencogna dans sa chaire. Il avait eu l’occasion de voir la copie française et un seul coup d’oeil à la première page – la couleur de l’encre, la forme des

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