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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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tendue.
    — Non, Messire, je suis juste curieux.
    Il jeta un bref coup d’oeil aux compagnons de son interlocuteur. Cheveux et barbes noirs, peau mate, du même âge environ, ils auraient pu passer pour frères bien que, de plus près, Corbett distinguât des différences dans leurs vêtements et leurs manières. Deux d’entre eux semblaient être des marchands, mais les autres devaient être des clercs ou des scribes à en juger par leurs doigts tachés d’encre. Devant eux, sur la table, jonchée de morceaux de vélin, se trouvait un petit échantillon de laine d’agneau.
    — Êtes-vous en Angleterre depuis longtemps ? s’enquit le magistrat.
    — À peu près six semaines, répondit le Castillan qui adopta alors un anglais âpre et guttural.
    Le visage émacié et les yeux vigilants, il lança, par-dessus l’épaule de Corbett, un coup d’oeil à Ranulf debout sur le seuil.
    — Messire, j’ai cru comprendre que vous étiez un envoyé du roi ?
    — Vous avez bien compris, Messire. Pourrais-je voir vos documents de courtage ?
    Le sourire s’effaça sur les lèvres du Castillan.
    — Nous sommes des négociants, Messire. Nous avons des lettres patentes.
    Il soupira en voyant la main tendue du magistrat, puis adressa quelques mots rapides à ses compagnons. L’un d’entre eux lui remit une grande besace de cuir.
    Le Castillan se présenta sous le nom de Caratave, puis ouvrit le sac de cuir et y prit une liasse de parchemins. Corbett les étudia de près. Ils étaient rédigés en latin et en anglo-normand. Le premier, émis par le roi de Castille, demandait que ces hommes puissent circuler en toute liberté. Les autres provenaient de la chancellerie anglaise. Corbett reconnut même la main du clerc sur les licences permettant de pénétrer dans Douvres.
    — Je vous remercie, Messire, dit-il en rendant les permis au Castillan. Dorénavant, si les hommes du shérif vous interrogent, vous pourrez dire que Sir Hugh Corbett, garde du Sceau privé, a confirmé la validité de vos documents. Puis-je vous offrir du vin ?
    L’offre fut déclinée sans aménité. Corbett s’inclina et sortit dans la cour de l’écurie.
    — Qu’en dites-vous ? s’enquit Ranulf à voix basse.
    — Curiosité, Ranulf, pure curiosité, répondit le magistrat en levant les yeux vers le ciel et en exposant son visage au vent froid et piquant. Nous sommes dans le comté royal du Dorset, au château de Corfe. Monsieur de Craon tisse sa toile et débite ses mensonges. Au large, des pirates flamands approchent de la côte et à présent voici des marchands espagnols.
    Il haussa les épaules.
    — Ils semblent munis de toutes les autorisations.
    Chanson sortit les chevaux de l’écurie et paya les palefreniers. Corbett saisit les rênes et conduisit sa monture sur le chemin. A peine était-il en selle qu’elle fit un écart violent devant le gamin qui surgit des buissons du talus en secouant la neige de sa tête et de ses haillons. Le magistrat calma son cheval et s’empressa de mettre pied à terre.
    — C’est toi qui nous as servis, dit-il en reconnaissant le torchepot de la taverne.
    — Oui, messire, et j’ai l’ouïe fine.
    — Vraiment, mon garçon ?
    Le clerc flatta l’encolure de sa monture et, fouillant sous sa tunique, sortit son escarcelle. Les yeux du gamin s’arrondirent.
    — Je m’assurerai que Horehound aura votre message, déclara-t-il en attrapant avec adresse la pièce d’argent que lui lançait le magistrat.
    — Et qu’en est-il de ces étrangers ? interrogea ce dernier.
    Le petit valet, serrant sa récompense dans son poing fermé, hocha la tête.
    — Ils parlent dans leur langue et c’est parfois difficile à comprendre. Tout ce qui les intéresse c’est la laine, les fermes où ils doivent aller ou le seigneur qui possède les meilleurs troupeaux. Ils ont donné du bon argent à Maître Reginald pour qu’il les renseigne.
    — Ce n’est pas pour cette raison que tu es venu, n’est-ce pas ? questionna Ranulf en poussant son cheval à la hauteur de celui du magistrat.
    Le garçon s’humecta les lèvres et jeta un regard furtif vers la taverne.
    — Non. C’est à cause des jouvencelles qui ont été tuées. Je n’aime point Maître Reginald : il joue volontiers des poings et veut toujours trousser les filles. On se raille de lui.
    — Qui ? demanda Corbett en se penchant derechef.
    — Les bachelettes. Elles ont fait une chanson sur lui. Une nuit, à la fin de

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