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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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sera bientôt la fête de l’Immaculée Conception et ensuite la Noël. Je dois commencer à rassembler du bois pour la crèche, comme nous l’a recommandé saint Dominique.
    Il désigna l’huis.
    — Mais, Sir Hugh, vous serez toujours le bienvenu.
    Quand ils désentravèrent leurs montures, Ranulf observa avec un large sourire :
    — J’ai l’impression qu’il désirait notre départ.
    — Il avait l’air inquiet, renchérit Chanson.
    — C’est vrai, c’est vrai.
    Le magistrat rassembla les rênes et, se retournant, contempla l’église, bâtiment ancien dont les marches s’effritaient bien que la porte fût neuve et renforcée de clous de fer.
    — Curieux homme que le père Matthew, commenta-t-il tout en enfonçant son pied dans l’étrier pour monter en selle. Il possède parfaitement le latin mais il tenait l’hostie d’une façon inappropriée. Après la Consécration, Ranulf, le prêtre doit serrer le pouce contre l’index. C’est un détail du rituel.
    — Peut-être avait-il froid, tout comme moi, dit Ranulf d’un ton sec.
    — Pour un pauvre prêtre paroissial, il semble en savoir beaucoup sur le dogme de la Vierge Marie conçue sans péché ; et pourtant, dit-il en éperonnant son cheval, il paraît avoir oublié que c’est saint François, et non saint Dominique, qui a façonné la première crèche.

 
    CHAPITRE VII
    « Les secrets de la Nature ne doivent pas être confiés
aux peaux des moutons et des boucs. »
    Roger B ACON , Opus majus.
    Horehound, transi et affamé, était assis au bord du marais frangé de neige. Il aurait aimé dormir et rêver de tranches de venaison, arrosées d’huile et d’herbes, rôtissant doucement sur des braises ardentes. Il s’obligea à revenir à la réalité – il avait déjà vu des hommes vivant dans les bois perdre la raison ; n’était-ce pas arrivé, trois hivers auparavant, à Fleawort {13} qui avait pourchassé jusqu’à en mourir un cerf que lui seul voyait ? Le froid était terrible. L’estomac de Horehound n’avait eu pour tout potage qu’un insipide brouet de salsifis noirs et il se rendait compte à quel point la situation était désespérée. Le gibier se faisait de plus en plus rare... ou était-ce parce qu’ils perdaient la main ? Foxglove était mort en débitant ses péchés pendant que Horehound jouait les prêtres en marmonnant des mots qui ressemblaient à du latin. Il faudrait qu’il demande un jour à un vrai prêtre si Foxglove avait échappé aux flammes de l’Enfer. Horehound se mit un doigt dans la bouche pour frotter ses gencives douloureuses. L’idée qui lui était venue à l’esprit quand il se réchauffait dans la cuisine de Maître Reginald avait pris racine comme une graine dans la terre. Accroupi derrière les pierres tombales, il avait épié l’envoyé du roi. L’étranger était comme Sir Edmund : un officier de loi juste et honnête.
    — Je suis certain que c’est là.
    Le coquin connu sous le nom de Skullcap {14} poussa son chef du coude.
    — Je ne m’approche pas trop près, dit Horehound d’un ton sec. Si tu as quelque chose à me montrer ici, qu’est-ce que c’est ?
    Skullcap se faufila à travers les ronciers et les buissons drus. Horehound jeta un coup d’oeil autour de lui. Ils étaient tout près de La Taverne de la Forêt et du chemin qui menait au château. Il devait rester sur ses gardes. Il n’était pas rare que les verdiers de Sir Edmund patrouillent, même par ce temps.
    — Vas-y ! gronda-t-il.
    Skullcap, désireux de manifester sa bonne foi, progressait à présent courbé en deux. Parvenant aux roseaux enneigés, il les écarta.
    — Voilà ! s’exclama-t-il.
    Horehound fit quelques pas avec circonspection et étouffa un gémissement en apercevant le corps qui dansait sur l’eau sombre. Skullcap, du bout de son gourdin, le fit pivoter. Horehound distingua une figure enduite de boue et de longs cheveux. Le sang séché autour de la bouche s’était mêlé à la vase. Il recula et regarda alentour ; celui qui avait assassiné cette femme, sans nul doute une jeune femme, l’avait conduite ici et tuée, avant de jeter son cadavre dans le marais. Il s’éloigna à pas de loup tout en scrutant le sol à la recherche de quelque indice, mais ne trouva ni foulée de cheval ni sillage de roue dans la neige gelée. Il y avait, de-ci de-là, quelques traces, mais il serait fort difficile de distinguer les empreintes de Horehound – tout comme celles

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