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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Avec du pain sortant du four et une écuelle d’oignons et de poireaux frits au beurre ?
    Corbett accepta d’un signe de tête. Il sortit sa cuillère de corne de son escarcelle et attendit que le tavernier les serve.
    — Vous êtes l’envoyé du roi, n’est-ce pas ?
    Corbett acquiesça et fit les présentations. Puis il montra les chopes :
    — Il devrait y en avoir quatre. J’aimerais que vous vous joigniez à nous, Messire.
    — J’ai à faire.
    Ranulf le retint par le poignet.
    — Nous sommes dépêchés par le souverain, chuchota-t-il d’une voix rauque.
    — Je veux à manger, glapit la vieille femme.
    — Demande au cuisinier, lui cria Maître Reginald tout en essayant de se libérer de la poigne de Ranulf.
    — Nous sommes dépêchés par le souverain, répéta Ranulf, et nous portons ses sceaux. Nous voulons vous offrir une chope de bière et partager avec vous les ragots locaux.
    L’aubergiste céda à contrecoeur et prit place comme un prisonnier à la barre. Le magistrat mangeait de bon appétit et la nervosité, l’inquiétude, de Maître Reginald croissait. Quand il eut terminé son repas, Corbett nettoya son écuelle avec un bout de pain, essuya sa cuillère sur un linge et la rangea.
    — Connaissez-vous Horehound, le hors-la-loi ?
    — Je n’ai onc...
    Ranulf leva son poignard dont il s’était servi pour couper le pain.
    — Oh, que si ! Vous êtes aubergiste à l’orée d’une forêt où se tapissent des gueux. Ils viennent chercher chez vous nourriture et provisions, ils vous vendent de la viande fraîche, ils vous racontent qui passe sur les routes.
    — Dites à Horehound, reprit Corbett, que l’émissaire du roi désire lui parler de toute urgence. Il a beaucoup à y gagner. Vous n’oublierez pas, n’est-ce pas ? Ensuite, il y a l’affaire des jouvencelles qu’on a assassinées. Quelques-unes ont servi dans cette taverne. Possédez-vous une arbalète, Messire ?
    — En effet, comme beaucoup des villageois ou des gens du château. J’ai aussi un grand arc, un gourdin, une épée et une dague. J’ai fait partie de la suite du comte de Cornouailles en Gascogne. Ma mère était propriétaire de ce lieu, comme son grand-père avant elle.
    — Et vous l’avez embelli grâce au butin de guerre. Connaissiez-vous certaines des jeunes filles qui sont mortes ?
    — Bien sûr, répondit Maître Reginald en baissant le ton. J’ai souvent besoin d’aide aux cuisines ou dans la grand-salle. En hiver les affaires ne sont pas très bonnes, mais quand le printemps arrive les routes et les chemins sont encombrés de voyageurs qui se rendent au château.
    — Avez-vous eu maille à partir avec l’une d’entre elles ? demanda Ranulf. Se sont-elles montrées maussades ou effrontées ?
    — Certaines oui, d’autres non. Quelques-unes étaient fort adroites de leurs mains, d’autres étaient toutes prêtes à se vendre aux clients. J’en appréciais certaines et pas d’autres.
    — Et vous allez souvent au château ?
    Corbett regardait à présent avec attention le groupe qui se tenait dans le coin.
    — Oui, bien sûr. Je me considère comme l’ami de Sir Edmund.
    — Qui sont ces gens ? questionna le magistrat en désignant d’un signe de tête le groupe qu’il observait.
    — Des Castillans, prisonniers de la neige. Ils visitent fermes et manoirs. Ils veulent acheter la laine de cette année. Ce genre de visiteurs n’est pas rare de nos jours, Sir Hugh.
    Corbett en tomba d’accord. La laine anglaise valait de l’or sur les marchés étrangers. Maintes villes, maintes riches ligues marchandes envoyaient des hommes en Angleterre pour acquérir la marchandise sans intermédiaire.
    — Je vais au château et Maîtresse Feyner, la lavandière, vient ici, précisa Maître Reginald. Sir Hugh, je vois bien ce que vous voulez me faire dire, je n’ai point commis de crime.
    Il vida sa chope.
    — J’ignore pourquoi ces jouvencelles ont été assassinées, et à présent, Messire...
    Il repoussa sa sellette qui crissa sur le sol, se leva et s’éloigna.
    Le magistrat réclama le compte et paya sans quitter des yeux les marchands de laine qui, tête contre tête, devisaient dans une langue dont il saisit quelques mots. Il se dirigea vers eux. À son approche, l’un des Castillans se retourna, puis se mit debout et tendit la main.
    — Vous voulez quelque chose, Monsieur ? dit-il dans un anglo-normand à l’accent étranger.
    Le clerc saisit la main

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