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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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l’automne, elles sont venues la chanter sous sa fenêtre ; c’est un chant très grossier aux paroles lubriques. Maître Reginald les a chassées.
    Le marmiton sauta de joie quand Corbett lui jeta une autre pièce. Il s’en saisit et, vif comme un conil, disparut dans les broussailles. Corbett fit tourner sa monture et regarda le portail. Il pensa au tavernier entrant et sortant du château avec sa charrette et à cette arbalète bien dissimulée.
    — Quelques-unes de ces jouvencelles, fit observer Ranulf, lisant dans les pensées de son maître, ont peut-être lié amitié avec lui ; elles l’auraient alors laissé s’approcher.
    — En effet, répondit Corbett. Je me demande si nous ne venons pas de souper avec leur assassin.
    Ils reprirent leur route vers l’église et quand ils eurent attaché leurs chevaux au portail, la sonnerie de la cloche leur apprit que le père Matthew venait de commencer sa messe. Le magistrat entra dans l’église et s’arrêta sous le porche en humant l’air. L’odeur n’était pas celle, habituelle, de l’encens ou de la cire, ni même celle du moisi d’un vieux bâtiment, mais un effluve qu’il ne put identifier ou, plutôt, situer. Ranulf s’en étonna aussi et répondit par une moue au regard interrogateur de Sir Hugh.
    La voix puissante du prêtre résonnait dans le petit sanctuaire :
    — Respice mei Domine, respice mei Domine. Regarde-moi, Seigneur, regarde-moi.
    Le magistrat se joignit au petit groupe de villageois, charbonniers et bûcherons venus à l’église suivre la messe dite à une heure qui ne les dérangeait pas dans leur labeur. Cette assemblée bigarrée d’hommes aux justaucorps de futaine, aux chausses et aux bottes élimées, venait prier, mangeait et buvait à la proche taverne et travaillait jusqu’à la nuit tombée. Les femmes portaient des robes vert foncé ou noires à haut collet. Les fidèles tapaient le sol de leurs bottes boueuses et, repoussant leur capuchon, laissaient voir des visages gercés par le froid mordant. Ils semblaient plutôt bienveillants, jetant de timides coups d’oeil à ces émissaires royaux et admirant sans retenue les bottes de cuir et le justaucorps matelassé de Ranulf.
    Le père Matthew cependant, debout devant l’autel dans ses vêtements sacerdotaux violet et or, était tout à son office. Le magistrat prêtait une oreille attentive au latin et dut admettre que l’officiant non seulement connaissait bien les classiques, mais qu’il avait aussi une sûre maîtrise de la langue romaine. Le latin de moult prêtres de village était parfois difficile à saisir, mais le père Matthew prononçait chaque syllabe. Fort intéressé, Corbett le regarda qui célébrait la messe, se retournait pour présenter l’hostie et appelait la congrégation à adorer l’Agneau de Dieu.
    L’office terminé, Sir Hugh attendit sous le porche que le prêtre les rejoigne.
    Ce dernier descendit la nef à grands pas dans un déploiement de robe noire.
    — Vous désirez donc m’entretenir, Sir Hugh ? s’enquit-il en lui serrant la main.
    — D’abord, mon père, qu’est-ce que cette odeur ?
    — Un peu de soufre, répondit le prêtre. Je laisse quelquefois la porte ouverte ; il est même arrivé que des renardes se terrent ici avec leurs renardeaux. Elles laissent toujours leurs offrandes au Seigneur !
    — Pourrions-nous nous rendre chez vous, mon père ?
    — Je dois porter le viatique à quelques-uns de nos malades, s’excusa ce dernier. Mais un de ces prochains jours, Sir Hugh...
    Sa voix mourut.
    — Dites-moi, mon père, possédez-vous une arbalète ?
    — Oui, répondit-il avec lassitude. Et un carquois de carreaux. Je me demandais quand vous viendriez me questionner, Sir Hugh, bien que je vous aie déjà dit tout ce que je pouvais. En ce qui concerne les jouvencelles, je tiens école ici, dans la nef, je les entends en confession et, le dimanche et les jours de fête religieuse, partage l’Eucharistie avec elles.
    — Font-elles preuve d’indiscipline ou de désobéissance ?
    — Sir Hugh, si vous cherchez à savoir ce qu’elles pensent de moi, pourquoi ne pas le leur demander ? Le matin où j’ai trouvé la pauvre Rebecca, j’étais ici dans l’église. J’ai ouï Alusia pousser un cri, un cri strident.
    Le père Matthew dévisagea ce clerc au visage en lame de couteau et cet autre qui se tenait dans l’ombre.
    — Il faut que je me hâte, précisa-t-il dans un flot de paroles. Ce

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