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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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le lit. Il remit le Secretus secretorum dans le coffre de la chancellerie et reprit ses réflexions sur le trépas des deux Français... Destaples trépassant d’une attaque dans une pièce fermée à clef, Crotoy découvert mort entre deux portes closes dont les clefs étaient encore dans son escarcelle. Accidents ou meurtres ? Les paupières du magistrat se firent plus lourdes. Cela devrait attendre...
    Ranulf-atte-Newgate, clerc de la Cire verte, n’était pas aussi ivre qu’il le feignait, et, malgré les protestations de ses compagnons, il interrogea plus en détail Chanson et Bolingbroke sur ce qui était arrivé pendant qu’il badinait avec Lady Constance. Chanson, en particulier, était tout prêt à bavarder. Ranulf, à l’évidence, était fort courroucé, surtout contre lui-même.
    — Je savais que le vieux « Maître Longue Figure » s’irait promener, déclara-t-il. J’aurais dû être là. Et à présent, narrez-moi point par point ce que la rouquine, le soldat et Maîtresse Feyner ont dit.
    Chanson rapporta très en détail la conversation de Corbett avec chacun d’eux ; il fit aussi allusion aux spéculations de leur maître sur le père Matthew, mais Ranulf les connaissait déjà. Bolingbroke combla les oublis et avant même d’avoir fini son interrogatoire, Ranulf avait pris sa décision.
    — Ce que nous devons faire, annonça-t-il à ses amis aux yeux lourds de sommeil, c’est rencontrer Horehound, le larron. Il s’est passé quelque chose dans la forêt et il sait de quoi il retourne. J’ai l’impression que nous aurons besoin de son aide pour comprendre l’assassinat des jouvencelles.
    — Soupçonnez-vous le prêtre ? demanda Bolingbroke.
    — C’est peut-être lui, ou le tavernier. Mais comment le tueur peut-il déposer un corps sur un tas d’ordures, un autre hors de la forteresse et un troisième sur le chemin près de l’église ?
    Ranulf quitta ses bottes d’un coup de pied et, imitant le magistrat, s’adossa contre les oreillers. Chanson et Bolingbroke jouèrent aux dés puis s’allèrent coucher. Ranulf écouta un moment les ronflements de Chanson tout en réfléchissant à ses projets pour le lendemain. Le doux minois de Lady Constance revenait sans cesse le distraire. Il s’efforça de le chasser. Il avait manqué à ses engagements auprès de Corbett et devait faire amende honorable. Il finit par s’endormir.
    Il se réveilla dès patron-jacquet. Il fit ses ablutions et se changea en silence, étala son ceinturon pour vérifier qu’épée et dague entraient et sortaient sans peine de leur fourreau et prit une arbalète dans l’arche près du lit de Chanson. En descendant dans la cour, il s’aperçut que la fange avait été recouverte d’une couche de neige fraîche. Seuls les gardes et les cuisiniers se dirigeaient comme des fantômes vers les fournils et les cuisines. Des soldats préparaient des feux et peu nombreux furent ceux qui levèrent les yeux quand il entra dans les écuries, réveilla un valet et le pressa de harnacher son cheval.
    — Ne le nourris pas, dit-il. Je veux qu’il soit calme. Vérifie l’état des sabots et assure-toi qu’il est bien ferré.
    Il revint dans sa chambre, réveilla son compagnon en arrachant presque le palefrenier ensommeillé à son épaisse couverture et lui donna une petite tape sur le visage.
    — Écoute, Chanson, je vais dans les bois.
    — Mais, mais...
    — Ne commence pas à bafouiller, le prévint Ranulf. Fais savoir à Sir Hugh que je suis allé voir Horehound. J’espère être revenu peu après midi.
    — Mais la forêt vous fait peur.
    — Eh bien, il est temps que ça cesse ! Et, pendant mon absence, tu suivras « Maître Longue Figure » comme son ombre.
    Ranulf prit sa chape et s’en fut. Sa monture, toute sellée, l’attendait dans le baile. Il l’enfourcha et, traversant la cour extérieure, franchit le pont-levis. Sur le chemin devant le château la neige montait bien au-delà des chevilles ; la matinée était grise, mais le clerc se consola en voyant que les nuages s’étaient dissipés et que, peut-être, le pire était passé. Il regarda la rangée d’arbres et, réprimant sa peur, laissa son esprit revenir en arrière. Il avait vu ou entendu quelque chose la veille, mais ne parvenait pas à s’en souvenir. Il se rappela le cadavre du Français étendu au pied des marches, le sang qui s’écoulait comme du vin s’échappant d’une coupe, puis il pensa à Corbett

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