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Le livre du magicien

Le livre du magicien

Titel: Le livre du magicien Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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crachoter.
    — Je la veux vivante, Ranulf ! déclara-t-il en posant la main sur le loquet. Elle ne peut pas s’enfuir. Je veux savoir pourquoi elle m’a attaqué.
    Une rafale de vent glacé les accueillit quand ils poussèrent la porte. Maîtresse Feyner était près des remparts, adossée contre un créneau. Sourire aux lèvres, elle paraissait calme. Corbett s’avança avec précaution sur la dure couche de glace.
    — Rendez-vous ! cria-t-il. Rendez-vous à la justice du roi !
    Il lui fit signe de la main en s’approchant.
    Là lavandière se hissa sur le créneau et, prenant appui sur les merlons de part et d’autre, s’arc-bouta contre le vent qui faisait voler ses cheveux et sa robe.
    — Je vous en prie, supplia le magistrat, grâce et justice vous seront rendues.
    — Qu’importe, Messire ? rétorqua-t-elle. Qu’importe quoi que ce soit, à présent ?
    Et déployant les bras comme si c’était des ailes, elle se jeta dans le vide.
    Corbett et Ranulf, dérapant sur la glace, s’approchèrent. Prenant appui sur les remparts, ils se penchèrent pour regarder. Elle gisait sur le sol, sombre forme disloquée sur la neige. Une flaque foncée enveloppait déjà sa tête comme un nuage noir. Des gens accouraient en s’interpellant.
    — Que Dieu ait pitié d’elle, murmura le magistrat. Qu’il lui donne la paix.
    Ils redescendirent le dangereux escalier. Corbett prit le temps de fermer sa chambre à clef avant de rejoindre le baile où Sir Edmund et Bolingbroke les attendaient.
    — Je leur ai narré ce qui était arrivé, chuchota l’écuyer. Sir Edmund a fait chercher des preuves supplémentaires.
    Le magistrat baissa les yeux vers le ballot qui se trouvait aux pieds du gouverneur : un drap maculé de taches noires, une arbalète propre et huilée et une sacoche de cuir pleine de carreaux.
    — Nous les avons découverts, expliqua Sir Edmund, l’arbalète dans un trou sous le plancher de sa chaumine et le drap plié avec soin dans sa charrette. C’est diabolique !
    Il se détourna et cracha.
    — Non, corrigea Corbett. Ce n’est qu’une malheureuse rendue folle par le chagrin, le désir de vengeance et la haine.
    Il leva les yeux vers le ciel chargé de neige.
    — En tout cas, ce macabre ouvrage est terminé ; mais nous avons encore du pain sur la planche.
    Il donna une petite tape sur l’épaule du gouverneur.
    — Enterrez-la de façon décente. Elle a péché, mais croyait du fond du coeur avoir été plus victime que coupable.
    Une petite foule, avide d’explications, avait déjà commencé à se rassembler. Sir Edmund la dispersa d’un geste et Corbett entraîna ses deux compagnons dans sa chambre. Penché devant le feu, il se réchauffa quelques instants en se demandant s’il n’aurait pas pu agir autrement. Maîtresse Feyner avait tué, et tué à maintes reprises. Les gens du château auraient exigé que justice soit rendue et on ne lui aurait point fait grâce ; on l’aurait jetée dans un cachot puis traînée devant les juges itinérants, avant de l’attacher sur une claie à la queue d’un cheval et de la pendre à une potence ou, pire encore, de la brûler vive devant la porte de Corfe.
    Ranulf apporta à son maître du vin coupé d’eau. Le magistrat le but à petites gorgées en tentant de se calmer.
    — Nous ne verrons pas Craon aujourd’hui. Allons donc rédiger les lettres de pardon pour les hors-la-loi.
    Les deux clercs marmonnèrent des protestations, mais quand Chanson survint ils commencèrent leur labeur. On lissa des morceaux de vélin à l’aide de pierre ponce. Corbett dicta le texte ; Ranulf et Bolingbroke le notèrent avant de le recopier de façon plus officielle et de le dater de la veille de la Saint-Nicolas, la trente et unième année du règne d’Édouard, premier du nom depuis la Conquête {18} . On fit fondre la dure cire rouge que Bolingbroke appliqua avec soin et largement sur les parchemins préparés. Corbett, après avoir ouvert le coffret de la chancellerie secrète et vérifié que ses propres codes s’y trouvaient, prit le précieux sceau pour en graver l’empreinte. On avait laissé des blancs dans les documents afin d’y insérer le nom des individus, mais ils proclamaient tous la même chose : « que X, ayant été pleinement pardonné et gracié, soit admis dans la paix du roi, ce pardon valant pour divers crimes, tels que braconnage, effraction de maisons et vol sur les grands routes... »
    — Je dois

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