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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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il y avait autrefois un ennemi. Ils
apprendraient que le père ciel ne connaissait qu’un seul peuple et ne
distinguait aucune tribu. Cela viendrait, se dit-il.
    Comme il traversait le camp, sa fatigue se dissipa en partie
lorsque des détails attirèrent son attention. Il repéra des sentinelles
perchées sur la colline et constata qu’elles ne devaient pas voir grand-chose
avec cette neige. Cela dénotait cependant chez Jelme un esprit prévoyant dont
il se réjouit. Il régnait dans le camp un climat de vigilance qui remplaçait l’habituelle
léthargie hivernale dans laquelle sombraient les tribus, et Temüdjin sentit l’excitation
mal contenue de ceux qui vivaient là dès qu’il fut parmi eux.
    Il remarqua des figures nouvelles, des hommes et des femmes
qui le regardaient en étranger. Il imagina qu’ils prenaient son petit groupe
éreinté pour une famille isolée de plus rejoignant le bercail. Temüdjin se
tourna vers Börte pour voir comment elle réagissait à ce premier contact avec
sa petite tribu du Nord. Elle aussi était pâle de fatigue, mais ses yeux vifs
ne manquaient rien de ce qui les entourait. Il n’aurait su dire si elle
approuvait. Passant devant une tente où Arslan avait construit une forge en
brique quelques mois plus tôt, Temüdjin aperçut la lueur de son feu, une langue
de lumière à travers la neige. Des hommes et des femmes s’y pressaient au chaud
et il entendit des rires. Il se tourna vers le forgeron pour voir sa réaction, mais
celui-ci promenait sans cesse son regard autour de lui, cherchant sans doute
son fils.
    Jelme sortit d’une tente dès qu’il entendit Kachium crier. Khasar
aussi s’avança vers eux, souriant du bonheur de retrouver les deux hommes
partis depuis six mois. De jeunes garçons accoururent pour s’occuper des
chevaux sans qu’on eût à le leur demander. Temüdjin décocha une tape à l’un d’eux,
qui baissa vivement la tête pour l’esquiver. Le fils de Yesugei était satisfait
de la façon dont Jelme avait dirigé la tribu. Personne n’était devenu lent et
mou pendant son absence.
    La fierté d’Arslan pour son fils sautait aux yeux. Jelme
adressa un signe de tête à son père puis, à la surprise de Temüdjin, il s’agenouilla
devant lui et tendit le bras pour lui prendre la main.
    — Non, relève-toi, dit le jeune khan, à demi agacé. Je
veux me mettre à l’abri du vent.
    Jelme resta où il était.
    — Que les nouveaux voient leur chef, seigneur, argua-t-il.
Ils ne te connaissent pas encore.
    L’estime de Temüdjin pour le fils d’Arslan augmenta encore. Pour
certaines familles, Jelme avait été ce qui s’approchait le plus d’un khan
pendant des mois. Il était important de leur montrer que le véritable chef
était de retour. Sans plus discuter, Temüdjin laissa Jelme lui prendre la main
et la poser sur sa tête puis il le releva et le serra contre lui.
    — As-tu trouvé un chamane parmi les nouveaux ?
    — Il y en a un, répondit Jelme avec une moue, mais il ne
cesse de tourner autour de la réserve d’arkhi en réclamant une rasade de plus !
    — Veille à ce qu’il ne boive pas pendant quelques jours.
S’il est en état de dédier mon mariage au père ciel et à la terre mère, je le
laisserai ensuite se saouler pendant un mois.
    Regardant autour de lui, Temüdjin vit de nombreux visages
rassemblés sous la neige pour assister à son retour. Lorsque ses yeux
croisaient ceux de guerriers qu’il connaissait, ceux-ci inclinaient la tête. Jelme
se tourna vers Börte et Eluin et déclara :
    — Nous sommes honorés de vous avoir parmi nous, filles
des Olkhunuts.
    Börte ne savait comment réagir. Elle inclina gauchement la
tête, elle aussi, rougit en détournant le regard. Rien dans sa vie ne l’avait
préparée à être traitée avec respect et, l’espace d’un instant, elle dut battre
des cils pour refouler ses larmes.
    Débarrassé des formalités de l’accueil, Jelme put enfin
prendre son père dans ses bras.
    — J’ai saigné les Tatars, dit-il en s’efforçant de ne
pas sembler trop fier.
    Avec un petit rire, Arslan s’écarta. Peut-être qu’avec le
temps il se ferait aux manières détendues que Temüdjin encourageait chez ses
hommes.
    — Je suis chez moi, murmura Temüdjin, si bas que nul ne
l’entendit.
    Ce n’était guère plus qu’un camp de pillards sur un sol gelé,
avec à peine de quoi se nourrir et s’abriter pour chacun, mais cela ne faisait
aucun doute : il avait ramené

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