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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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lenteur.
    Khasar sentit le sang lui monter au visage. Il savait qu’il n’avait
pas l’intelligence aiguë de Temüdjin, ni peut-être même celle de Kachium, mais
le monde se changerait en un bloc de glace avant qu’il le reconnaisse.
    — Va donc t’allonger dans la neige devant la tente de
notre mère. Colle ton nez contre sa porte.
    Tous deux avaient tué des hommes avec Temüdjin et Jelme et
cependant, quand ils se battaient, c’était avec l’énergie tapageuse de deux
jeunes garçons, coups de coude et visages écarlates. Aucun d’eux ne dégaina son
couteau. Khasar enserra le cou de Kachium au creux de son bras et le secoua.
    — Dis-le, que tu es son chien, ordonna Khasar, haletant
sous l’effort. Presse-toi, je prends le prochain tour de garde.
    — J’ai vu Eluin le premier, elle est à moi, persista
Kachium d’une voix étranglée.
    Khasar serra plus fort.
    — Dis que tu préfères qu’elle couche avec ton superbe
frère aîné.
    Kachium se débattit violemment et ils tombèrent ensemble sur
un des lits, brisant la prise de Khasar. Pantelants, ils s’observaient avec
méfiance.
    — Je m’en moque d’être son chien, dit Kachium. Jelme
aussi. Et toi aussi.
    Khasar haussa les épaules.
    — Ça me plaît de tuer des Tatars mais s’ils continuent
à envoyer de vieilles femmes avec leurs pillards, je ne sais pas ce que je vais
faire. Même Arslan s’est débrouillé pour se trouver une jolie captive avant de
partir.
    — Elle te refuse toujours ?
    — Elle prétend qu’Arslan m’étripera si je la touche et
elle a peut-être raison. En voilà un que je n’ai nulle envie de contrarier.
     
     
    Dans la yourte qu’il avait plantée autour de sa forge, Arslan
laissa la chaleur s’insinuer dans ses os. Ses précieux outils avaient été
huilés et enveloppés pour qu’ils ne rouillent pas et il ne trouvait rien à
reprocher à son fils.
    — Tu t’es bien conduit, mon garçon. J’ai remarqué la
manière dont les autres guerriers te regardent. C’est peut-être le père ciel
qui nous a guidés jusqu’aux Loups.
    Jelme haussa les épaules.
    — C’est du passé. Ici, j’ai donné un sens à ma vie. Maintenant,
je me préoccupe de l’avenir. Est-ce que cet hiver finira un jour ? Je n’en
ai jamais connu d’aussi long.
    — De toute ta longue vie, le taquina Arslan en souriant.
    Son fils semblait avoir pris de l’assurance loin de lui et
il ne savait plus très bien comment se comporter avec le jeune homme vigoureux
qui montrait un tel calme. Il lui avait peut-être fallu une absence prolongée
de son père pour devenir un homme.
    — Donne-moi donc de l’arkhi. Je le boirai en t’écoutant
parler des razzias.
    Jelme lui tendit une outre du puissant liquide.
    — J’ai demandé qu’on nous apporte du bouillon chaud. Il
est maigre mais il nous reste de la viande séchée et salée.
    Arslan ouvrit son deel pour offrir sa poitrine à la
chaleur de la forge.
    — J’ai vu que vous êtes revenus sans tes sabres, dit
Jelme.
    — Ils étaient le prix à payer pour les femmes que Temüdjin
a ramenées, marmonna le forgeron.
    — Tu en feras d’autres. Aussi bons ou même meilleurs.
    — Chacun demandera un mois entier de travail, sans
compter le temps passé pour extraire le minerai et fondre les lingots de fer. Combien
de sabres forgerai-je encore, selon toi ? Je ne suis pas éternel. Combien
de fois obtiendrai-je l’acier qu’il faut et le travailler ai-je pour qu’il n’ait
aucun défaut ?
    Il cracha sur la forge, regarda sa salive bouillonner et
ajouta :
    — Je pensais que tu hériterais du sabre que je portais.
    — J’en hériterai peut-être quand même si nous devenons
assez forts pour le reprendre aux Olkhunuts, répondit Jelme.
    Son père se tourna vers lui, le regarda fixement.
    — C’est ce que tu penses ? Tu crois que notre
petit groupe de pillards déferlera sur la steppe au printemps ?
    Jelme soutint son regard mais ne répondit pas.
    — Je t’ai élevé pour que tu aies plus de bon sens que
ça, poursuivit Arslan. Pense en tacticien, Jelme, comme je te l’ai appris. Nous
avons quoi ? Trente guerriers, tout au plus. Combien d’entre eux ont été
formés au combat dès leur plus jeune âge comme vous l’avez été, toi, Temüdjin
et ses frères ?
    — Aucun, mais… commença Jelme.
    Son père abattit sa main comme un tranchoir pour l’interrompre.
    — La plus petite des tribus peut engager de soixante à
quatre-vingts

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