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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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Temüdjin.
     
     
    Wen s’assit dans la pénombre et attendit patiemment que Temüdjin
en personne lui mette dans la main un bol de thé brûlant. La tente s’emplit d’hommes
qui le regardaient fixement et l’ambassadeur dut respirer à petites bouffées
jusqu’à ce qu’il soit habitué à leur proximité malodorante. Il mourait d’envie
de prendre un bain mais il avait depuis longtemps laissé ce genre de plaisir
derrière lui.
    Temüdjin regarda l’émissaire porter le thé à ses lèvres et
feindre de s’en régaler.
    — Parle-moi des tiens, dit le khan. Vous êtes très
nombreux, parait-il.
    Wen hocha la tête, trop heureux d’avoir un prétexte pour ne
plus boire.
    — Nous sommes un royaume divisé. La partie sud compte
plus de six mille fois mille habitants, sujets de l’empereur song. Les Jin du
Nord sont peut-être autant.
    Temüdjin haussa les sourcils : ces chiffres dépassaient
son imagination.
    — Je crois que tu exagères, Wen Chao, dit-il, prononçant
cette fois correctement son nom tant il était surpris.
    — Comment savoir ? Les paysans se reproduisent
comme des poux. Il y a plus de mille fonctionnaires rien qu’à Kaifeng et le
recensement a pris de nombreux mois. Je ne me rappelle pas le nombre exact.
    Wen fut amusé par les regards étonnés qu’échangeaient les
guerriers.
    — Et toi ? Es-tu un khan, parmi eux ? demanda
Temüdjin.
    — J’ai réussi à mon…
    Wen ignorait le mot dans la langue barbare, si tant est qu’il
existât.
    — … mon combat ? Non.
    Il se rabattit sur un mot étrange, dénué de sens pour Temüdjin,
et entreprit de l’expliquer :
    — Cela veut dire répondre à des questions avec des
centaines d’autres, d’abord dans un district puis à Kaifeng même. Je me suis
classé premier de tous ceux qui ont concouru cette année-là.
    Il fixa un moment le fond de son bol et ajouta :
    — C’était il y a fort longtemps.
    — À quel homme appartiens-tu, alors ? demanda Temüdjin,
s’efforçant de comprendre.
    — Peut-être au Premier ministre, répondit Wen avec un
sourire. Non, je crois que tu veux parler des empereurs song. Ils règnent sur
le Nord et le Sud. Je vivrai peut-être assez longtemps pour voir réunies les
deux moitiés de l’Empire du Milieu.
    Wen reposa son bol, glissa une main à l’intérieur de sa robe.
Le murmure qui parcourut les guerriers arrêta son geste.
    — Je veux simplement montrer un visage.
    D’un signe de tête, Temüdjin l’y autorisa. L’ambassadeur
tira du vêtement une liasse de morceaux de papier brillamment colorés, lui en
tendit un. Il était couvert de symboles étranges entourant le portrait d’un
jeune homme au regard intense. Temüdjin examina le papier sous divers angles, le
petit visage semblait toujours le fixer.
    — Vous avez des peintres de talent, reconnut-il avec
réticence.
    — C’est vrai, seigneur, mais le papier que tu tiens a
été imprimé par une machine. Il a de la valeur, on peut l’échanger contre des
biens. Avec quelques-uns de plus, je pourrais acheter un bon cheval, ou une
nuit avec une jeune femme dans la capitale.
    Le billet passa de main en main. Ils sont comme des enfants,
pensa Wen devant leur expression médusée. Il ferait peut-être cadeau d’un
billet à chacun avant son départ.
    — Tu utilises des mots que je ne connais pas, dit Temüdjin.
« Imprimé », par exemple. Et « machine ». Aurais-tu décidé
de te gausser de nous sous notre tente ?
    Wen sentit que le khan ne parlait pas à la légère et se
rappela que les barbares pouvaient être impitoyables, même avec leurs amis. S’ils
pensaient un instant qu’il se moquait d’eux, il n’en sortirait pas vivant. Des
enfants, peut-être, mais tout ce qu’il y a de plus dangereux.
    — C’est simplement un moyen pour peindre plus vite qu’un
homme seul, répondit-il d’un ton apaisant. Si tu visites un jour le royaume jin,
tu le verras de tes yeux. Je sais que le khan des Kereyits se passionne pour
notre culture. Il a maintes fois exprimé le désir d’avoir des terres dans l’Empire
du Milieu.
    — Toghril a dit cela ?
    Wen acquiesça, récupéra le billet des mains du dernier homme
à l’avoir examiné.
    — C’est son vœu le plus cher. Il y a là-bas un sol si
riche qu’on peut tout y cultiver, des troupeaux d’innombrables chevaux sauvages,
et plus de gibier que nulle part ailleurs dans le monde. Nos seigneurs vivent
dans de grandes maisons de pierre et ont un

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