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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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il n’y avait pas place pour des cuisses douces et
poudrées, et Wen maudit une fois de plus sa mission.
    Le quatrième jour après le départ, il s’apprêtait à donner l’ordre
de faire halte pour le repas quand Yuan, parti en éclaireur, revint au galop. De
son palanquin, Wen l’entendit impatiemment donner des ordres. Quelle
frustration de devoir rester dans une noble solitude alors qu’il se passait des
choses intéressantes autour de lui. Il soupira : sa curiosité lui avait
plus d’une fois attiré des ennuis.
    Quand Yuan s’approcha enfin de la litière, Wen avait rangé
ses rouleaux et s’était réchauffé avec une rasade du liquide clair que les tribus
distillaient. Le breuvage était efficace, à défaut de soutenir la comparaison
avec l’alcool de riz qu’il buvait chez lui.
    — Pour quelle raison me déranges-tu cette fois, Yuan ?
J’allais faire un somme avant le repas.
    En fait, un coup d’œil au visage rouge du chef de ses gardes
avait suffi pour accélérer les battements de son cœur. Il fallait qu’il se
reprenne. Quelques jours de plus chez les barbares et il aurait envie d’empoigner
un sabre lui aussi comme un vulgaire soldat. Ils faisaient cet effet, même aux
hommes les plus cultivés.
    — Des cavaliers, seigneur. Des Tatars, répondit Yuan en
pressant son front contre l’herbe glacée.
    — Eh bien ? Nous sommes en terre tatare, non ?
Il n’y a rien de surprenant à ce que nous en croisions quelques-uns en descendant
chez les Kereyits. Laisse-les passer, Yuan. S’ils se mettent en travers de
notre chemin, tue-les. Tu m’as importuné pour rien.
    Yuan inclina de nouveau la tête et pour ne pas faire honte à
un homme aussi sourcilleux qu’un eunuque en matière d’honneur, son maître s’empressa
d’ajouter :
    — Je me suis laissé emporter. Tu as bien fait de me
signaler leur présence.
    — Seigneur, ils sont trente, tous armés et montant des
chevaux frais. Ils ne peuvent que venir d’un camp plus nombreux.
    S’efforçant de ne pas perdre patience, Wen déclara lentement :
    — Je ne vois pas en quoi cela nous concerne. Ils savent
ce qu’il leur en coûterait de porter la main sur un émissaire des Jin. Dis-leur
de nous contourner.
    — J’avais pensé… commença Yuan. Je me demandais s’il ne
faudrait pas envoyer un cavalier au camp que nous venons de quitter, maître. Pour
les prévenir. C’est peut-être eux que cherchent les Tatars.
    Surpris, Wen considéra le chef des gardes.
    — Tu t’es pris de sympathie pour nos hôtes, je vois. C’est
une faiblesse. Que m’importe si les Tatars et les Mongols s’entretuent. Le
ministre ne m’a-t-il pas chargé, au contraire, de les y pousser ?
    Un garde poussa un cri et les deux hommes entendirent les
cavaliers approcher. Yuan demeura où il était.
    Wen ferma les yeux. Impossible d’avoir la paix dans cette
contrée. Chaque fois qu’il pensait l’avoir trouvée, quelqu’un déboulait au
galop, cherchant un ennemi à tuer. Wen sentit une vague de nostalgie le frapper,
la repoussa. Jusqu’à ce que le ministre le rappelle, ce serait son lot.
    — Je t’en prie. Yuan, dis-leur que nous n’avons pas vu
les pillards. Que j’entraîne simplement mes hommes en prévision du printemps.
    — À tes ordres, maître.
    Le diplomate regarda les guerriers tatars se diriger vers
eux. Ils ne semblaient pas armés pour la guerre mais, de toute façon, le sort
de Temüdjin et de son camp miséreux lui était égal. Il ne verserait pas une
larme s’ils disparaissaient, et toutes les tribus mongoles aussi. Peut-être
alors serait-il enfin rappelé à Kaifeng.
    Il vit Yuan discuter avec le chef des Tatars, un homme
lourdement charpenté enveloppé de fourrures. Wen ne s’abaisserait pas à s’adresser
directement à ce guerrier crasseux. Le Tatar semblait furieux mais les hommes
qui escortaient Wen avaient été choisis dans la garde personnelle du Premier
ministre et chacun d’eux valait une dizaine de barbares hurleurs. Yuan, en
particulier, avait gagné son sabre dans un tournoi de l’armée en finissant
premier de son régiment. À cet égard au moins, Wen était bien loti.
    Les Tatars tempêtaient, tendaient le bras vers le palanquin.
Impassible sur son cheval, Yuan secouait la tête. Poussés par un orgueil
juvénile, les Tatars insistaient et Wen se demanda s’il devrait finir par se
montrer pour leur rappeler son rang. Même ces mal lavés savaient qu’on ne peut
toucher à un cheveu

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