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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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les
milliers d’autres rapports que recevaient les ministres de l’Empire du Milieu, pas
pour quelqu’un d’aussi retors que Zhang, en tout cas.
    Si Wen refusait de céder au désespoir, il avait conscience
qu’il finirait peut-être ses jours chez ces horribles Mongols, mort de froid ou
empoisonné par leur éternel mouton rance et leur lait aigre. C’était trop pour
un homme de son rang et de son âge. Il n’avait emmené qu’une douzaine de
serviteurs en plus de ses gardes et des porteurs de litière mais l’hiver s’était
révélé trop rude pour les plus faibles. Le souvenir de la mort de son
secrétaire personnel, pris de fièvre, le rendait encore furieux. L’homme s’était
assis dans la neige et avait refusé d’avancer. Sur l’ordre de Wen, l’un des
gardes l’avait roué de coups mais le petit scribe avait rendu l’âme avec toutes
les apparences d’une jubilation méprisante.
    Maintenant qu’il était mort, Wen ne pouvait que regretter
les châtiments qu’il n’avait pas infligés lui-même. Même le plus consciencieux
des maîtres ne trouvait pas le temps de s’occuper de tout.
    Entendant un claquement cadencé de sabots, il tendit le bras
pour relever le rideau qui protégeait son palanquin du vent, se ravisa. Les
gardes revenaient sans aucun doute signaler qu’ils n’avaient rien vu, comme les
douze jours précédents. Lorsqu’il les entendit crier, le vieil homme éprouva un
soulagement qu’il ne se serait cependant jamais abaissé à montrer. N’était-il
pas le cousin au cinquième degré de la deuxième épouse de l’empereur ? Il
préféra prendre l’un de ses rouleaux les plus annotés et relire des maximes
philosophiques dont la simplicité l’apaisait. Il n’avait jamais beaucoup apprécié
le ton hautement moral de Confucius lui-même, mais son disciple Xunzi était un
homme avec qui il aurait aimé prendre le thé. C’était vers lui qu’il se
tournait le plus souvent quand il se sentait abattu.
    Wen ignora la discussion excitée de ses gardes pour savoir
qui le dérangerait dans sa splendeur solitaire. Xunzi pensait que la voie de l’excellence
était celle de l’illumination et Wen y voyait un parallèle exquis avec sa
propre vie. Il tendait la main vers son écritoire quand il sentit qu’on posait
le palanquin. Quelqu’un s’éclaircit nerveusement la gorge. Wen soupira. Le
voyage avait été mortellement ennuyeux mais la perspective de rencontrer une
fois de plus ces barbares malpropres était plus qu’il n’en pouvait supporter. Tout
cela pour une seule nuit de débauche, pensa-t-il. Soulevant la tenture, il
découvrit le visage de son garde le plus sûr.
    — Eh bien, Yuan, il semble que nous nous soyons arrêtés,
dit-il en tapotant le parchemin de ses ongles longs pour manifester son
mécontentement.
    Agenouillé près de la litière, Yuan pressa aussitôt le front
contre le sol glacé. Agacé, Wen secoua la tête.
    — Parle donc. Nous n’allons pas y passer la journée.
    Au loin, des cors d’alerte mugirent dans le vent.
    — Nous les avons trouvés, maître, dit Yuan. Ils arrivent.
    Wen hocha la tête.
    — Tu es le premier d’entre mes gardes, Yuan. Préviens-moi
quand ils auront fini de fanfaronner et de brailler.
    Il laissa la tenture en soie retomber et renoua les rubans
écarlates autour de ses rouleaux. Le grondement de sabots qui se rapprochait
piqua cependant sa curiosité. Soupirant de sa faiblesse, il découvrit le trou
percé dans le cadre en bois du palanquin, y colla un œil. Seul Yuan en
connaissait l’existence et il ne dirait rien. Aux yeux de ses esclaves, il
mépriserait le danger. Il est important que le maître donne une bonne image de
lui aux esclaves, pensa-t-il en se demandant s’il avait le temps d’ajouter une
note à ses propres réflexions philosophiques. Il les ferait relier et publier. Elles
étaient particulièrement critiques sur le rôle des eunuques à la cour de
Kaifeng. L’œil toujours rivé au montant de bois, il se dit qu’il serait
cependant préférable de les publier anonymement.
     
     
    Temüdjin chevauchait, entouré d’Arslan et de Jelme. Dix de
ses meilleurs hommes l’accompagnaient tandis que Khasar et Kachium avaient
posté des groupes moins nombreux autour du camp.
    Dès le premier coup d’œil, le jeune khan sut que quelque
chose d’anormal se passait. Pourquoi tant d’hommes armés autour de ce qui
ressemblait à une grande boîte ? Au lieu d’attaquer, ils avaient

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