Le loup des plaines
d’un représentant de l’empereur des Jin. Soulagé, il les
vit mettre finalement un terme à leurs forfanteries et repartir sans un regard
en arrière. Wen était en même temps un peu déçu qu’ils n’aient pas dégainé
leurs sabres. Yuan les aurait massacrés. Il se demanda distraitement si Temüdjin
était prêt à faire face à une telle force et décida qu’il s’en souciait comme d’une
guigne. Si les Tatars trouvaient le camp des Mongols, les uns ou les autres
vaincraient. Dans les deux cas, cela ferait des barbares en moins pour troubler
son repos.
Lorsque les guerriers eurent disparu, l’ambassadeur sentit
son ventre gargouiller. Agacé, il ordonna à Yuan d’installer la petite tente
sous laquelle il avait coutume de se vider les entrailles à l’abri des regards.
Wen faisait tout son possible pour améliorer son propre confort, mais les
plaisirs de la cour continuaient à hanter ses rêves. Cela faisait très
longtemps qu’il n’avait pas eu de femme. S’il envoyait une missive pleine d’humilité
au petit Zhang, on le rappellerait peut-être… Non, c’était au-dessus de ses
forces.
Les cavaliers tatars déferlèrent dès qu’ils entendirent
retentir les cors d’alarme. Lancés au galop, arc et flèche en mains, ils
étaient prêts à tirer sur quiconque se mettrait en travers de leur chemin.
Temüdjin et ses frères se ruèrent hors de leurs tentes alors
que l’écho des premières notes des cors résonnait encore. Sans céder à la
panique, les guerriers prirent position. Ceux du sentier principal dressèrent
des barrières en bois pour empêcher les Tatars de traverser le camp au galop.
Le jeune khan vit ses hommes préparer leurs flèches en les
posant sur le sol gelé. Ils furent prêts quelques instants avant qu’apparaissent
les premiers Tatars dans leurs fourrures puantes.
Ils chevauchaient à trois de front, droits sur leur selle
pour repérer leurs cibles. Temüdjin comprit qu’ils comptaient sur la peur et la
confusion de leurs ennemis et montra les dents en les regardant approcher. Sentant
le sol trembler sous ses pieds, il regretta de ne pas avoir en main le sabre qu’Arslan
avait forgé pour lui au lieu d’une lame tatare de piètre qualité. Il devrait s’en
contenter.
Apercevant la première barrière, deux des trois Tatars
obliquèrent pour la contourner, découvrirent les Mongols tapis derrière et
lâchèrent leurs flèches au juger. Elles s’enfoncèrent dans le bois. Aussitôt, Kachium
et Khasar se dressèrent et décochèrent leurs traits en faisant vibrer la corde
de leur arc. Deux des Tatars s’écroulèrent pour ne plus se relever.
Ceux qui galopaient derrière furent bloqués par les chevaux
sans cavalier et les morts. Deux d’entre eux sautèrent par-dessus la barricade
avant que Kachium et Khasar puissent à nouveau tirer. Ils se retrouvèrent à
découvert, cernés par des arcs bandés. Sans même avoir eu le temps de pousser
leur cri de guerre, ils furent criblés de traits noirs qui les firent choir de
leurs montures.
Un autre Tatar tenta de passer par-dessus la première
barrière. Son cheval manqua son saut et s’écrasa dessus. Khasar parvint à rouler
sur le côté mais une jambe de Kachium fut prise. Cloué au sol, il vit d’autres
Tatars pénétrer au galop dans le camp et se dit qu’il n’avait plus que quelques
moments à vivre.
Un guerrier tatar banda son arc pour l’achever mais avant qu’il
ait pu lâcher sa flèche Arslan surgit et lui trancha la gorge de son sabre. Le
Tatar tomba, son cheval se cabra. Des flèches sifflèrent autour du forgeron qui
dégagea la jambe de Kachium. Khasar, un genou en terre, tirait sur les
assaillants mais il avait perdu son calme et six d’entre eux réussirent à
passer sans être touchés.
Temüdjin les vit venir. Sans la première barrière, les
Tatars pouvaient passer à gauche du sentier principal. Deux de ses hommes leur
firent face et tombèrent, transpercés. Le groupe de la seconde barrière se
retourna pour tirer ses flèches sur eux et, derrière, un autre groupe de six
Tatars déborda ses frères. L’issue du combat était indécise, malgré leurs
préparatifs de défense.
Il attendit qu’un Tatar eût décoché sa flèche pour faire un
pas en avant et enfoncer son sabre dans sa cuisse. L’homme cria, tira sur les
rênes, précipita son cheval dans une tente qui s’effondra dans un craquement de
bois cassé.
Les six Tatars du premier groupe tournèrent leurs
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