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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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jour
où ils avaient tué Bekter.
    Temüdjin avait la même expression, rendue plus terrible
encore à présent par la hideuse ligne de points barrant son front. Incapable de
soutenir le regard féroce de son frère, Kachium se tourna lui aussi vers la vallée.
Les Tatars, parvenus à son extrémité, disparurent dans un bois épais.
    — Il est temps, dit Temüdjin en se levant. Nous devons
les rattraper avant qu’ils s’arrêtent pour la nuit. Je ne veux pas les perdre
dans le noir.
    Il ne regarda pas derrière lui quand il mit son cheval au
galop. Il savait qu’ils suivraient.
     
     
    Börte était allongée sur une couche humide de feuilles
mortes et d’aiguilles de pin. Les Tatars lui avaient lié les mains et les pieds
avant d’installer leur camp dans le bois. Terrifiée, elle les regarda couper
les branches desséchées d’un arbre mort et allumer un feu. Ils mouraient de
faim et l’hébétude désespérée des premiers soirs commençait seulement à se
dissiper. Börte écouta leurs voix gutturales et s’efforça de maîtriser sa peur.
C’était difficile. Ces hommes avaient pénétré au galop dans le camp de Temüdjin
en espérant une victoire facile. Ils avaient été écrasés, ils avaient perdu des
frères et des amis, avaient eux-mêmes failli mourir. Deux d’entre eux en
particulier ressentaient encore la honte cuisante de la fuite. C’étaient eux
qui s’étaient jetés sur elle le premier soir pour évacuer leur frustration et
leur rage de la seule manière qui leur restait. Börte frissonna au souvenir de
leurs mains brutales sur elle. Le plus jeune des deux n’était guère plus qu’un
garçon mais il avait été le plus cruel, la frappant du poing au visage jusqu’à
ce qu’elle soit à moitié assommée et couverte de sang. Puis il l’avait violée, comme
les autres.
    Elle laissa échapper de sa gorge un grognement de peur
animale qu’elle ne parvenait pas à contrôler. Elle s’exhorta à être forte mais
quand le plus jeune, assis près du feu, se leva et s’approcha d’elle, elle
sentit sa vessie se vider en un jet soudain qui fuma dans l’air. Malgré l’obscurité,
elle vit le Tatar montrer les dents.
    — J’ai pensé à toi toute la journée sur mon cheval, dit-il
en s’accroupissant près d’elle.
    Elle se mit à trembler, s’en voulut de ce signe de faiblesse.
Temüdjin lui avait dit qu’elle appartenait aux Loups, à présent, et qu’elle était
capable de tout supporter. Elle ne cria pas quand le jeune Tatar la saisit par
un pied et la traîna derrière lui vers les hommes rassemblés autour du feu. Elle
s’efforça de penser à son enfance, au temps où elle courait entre les yourtes. Mais
elle se rappela surtout les coups de son père, l’indifférence de sa mère devant
sa souffrance. Le seul bon souvenir qu’elle gardait, c’était celui du jour ou Temüdjin
était enfin venu la chercher, si grand et si beau dans ses fourrures.
    Les Tatars observèrent avec intérêt leur jeune compagnon
quand il délia les pieds de la prisonnière. Devant la concupiscence de leurs
regards, elle se prépara de nouveau à résister. Elle ne parviendrait pas à les
arrêter mais c’était tout ce qui lui restait et elle ne leur abandonnerait pas
ce dernier lambeau de son orgueil. Dès que ses jambes furent libérées, elle
frappa de son pied nu la poitrine du jeune Tatar. Il l’écarta d’une gifle en
riant.
    — Vous êtes déjà morts ! leur lança-t-elle. Il
vous tuera tous.
    Excité, le visage rouge, il ne répondit pas, ouvrit le deel de la captive, exposant ses seins au froid du soir. Elle se débattit
furieusement et il fit signe à l’un des autres de venir l’aider à la tenir. Celui
qui se leva était gras et puait. Börte avait senti son haleine fétide près de
sa joue la veille et ce souvenir lui donna la nausée, son estomac vide se
soulevant inutilement. Elle rua de toutes ses forces et le jeune Tatar jura.
    — Tiens-lui les jambes, Aelic, dit-il, ouvrant ses
fourrures pour se dénuder.
    L’homme plus âgé se penchait pour saisir Börte par les
chevilles quand ils entendirent des pas crisser sur les feuilles mortes.
    Quatre hommes surgirent d’entre les arbres. Trois d’entre
eux avaient un sabre à la main, le quatrième tenait la corde d’un arc près de
son oreille.
    Prompts à réagir, les Tatars empoignèrent leurs armes. Börte
parvint à se mettre à genoux. Son cœur cogna contre sa poitrine quand elle
découvrit Temüdjin et

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