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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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mépris.
    Le khan des Loups s’empourpra et Tolui s’agita, irrité par l’insulte.
    — Les Loups n’auraient pas pu les affronter seuls, se
justifia Eeluk. Nous aurions dû nous replier dans le Sud à leur approche. Quand
j’ai appris que les Kereyits feraient face et que tes pillards s’étaient joints
à eux, j’ai parié sur la possibilité que tu puisses oublier notre passé. Rien
de ce que j’ai vu ici ne m’a fait changer d’avis. Tu as besoin des Loups. Tu as
besoin de moi à tes côtés.
    — Pour un sixième du butin, murmura Toghril.
    Eeluk le regarda en dissimulant le dégoût que cette masse de
chair lui inspirait.
    — Si trois khans combattent, les prises doivent être
divisées en trois.
    — Je ne barguignerai pas comme un marchand, dit
sèchement Temüdjin avant que Toghril pût répondre. Je n’ai pas encore accepté
ton offre.
    — Tu ne peux pas m’empêcher de me battre contre les
Tatars si je le décide, fit valoir Eeluk. Il n’y a pas de honte à discuter du
partage.
    — Je pourrais t’en empêcher, il me suffirait de donner
un ordre, rétorqua Temüdjin, perdant son sang-froid.
    Sans même s’en rendre compte, il commença à se lever. Eeluk
l’arrêta en déclarant, sûr de lui :
    — Tu ne ferais jamais ça aux familles. Ce serait gâcher
des vies dont tu as besoin pour affronter les Tatars. À quoi cela rime-t-il de
nous battre entre nous ? On me dit que tu es un visionnaire, Temüdjin. Eh
bien, montre-le.
    Tous les hommes présents attendaient la réaction du jeune
khan. Sentant leurs regards sur lui, il desserra ses poings crispés et se rassit,
éloigna sa main droite de la poignée de son sabre. Le courage qu’Eeluk avait
montré en venant dans son camp faisait honte à Temüdjin et lui rappelait l’époque
où il était un jeune garçon parmi des hommes. Il savait qu’il avait besoin des
guerriers qu’Eeluk avait amenés. Si seulement cette alliance ne lui répugnait
pas autant !
    — Les Loups obéiront-ils à mes ordres ? Y
obéiras-tu ?
    — Il ne peut y avoir qu’un chef dans la bataille, répondit
Eeluk. Donne-moi le commandement d’une aile, je me battrai avec plus de
vaillance que n’importe lequel de tes hommes.
    — Il te faudra apprendre les signaux, les formations d’attaque
que j’ai répétées avec les autres. Il ne suffit pas de se lancer au galop et de
tuer tout ce qui est à ta portée.
    Eeluk détourna les yeux. Il ne savait pas exactement ce qu’il
trouverait quand il avait ordonné aux Loups de démonter leurs tentes et de se
mettre en route. Il avait envisagé la possibilité d’arracher une part de butin
aux tribus faisant face aux Tatars mais, au fond, il avait surtout senti l’odeur
du sang dans le vent, comme un vrai loup, et il n’avait pas pu y résister. Jamais,
depuis qu’il était en vie, la steppe n’avait vu une armée comme celle des
Tatars. Yesugei les aurait affrontés et cela lui avait échauffé l’esprit d’apprendre
que les fils du vieux khan défiaient l’armée descendant du nord.
    Il s’attendait cependant à être accueilli à bras ouverts par
des hommes apeurés. L’alliance avec les Olkhunuts avait changé la donne. Alors
qu’il s’apprêtait à exiger la moitié du butin, les rejetons de Yesugei le
traitaient avec une froide arrogance. Mais il s’était engagé, il ne pouvait
plus repartir simplement avec ses hommes. Il perdrait une partie de son
ascendant sur eux s’ils le voyaient rejeté. À la lumière vacillante des torches,
il distinguait de nombreuses rangées de yourtes s’étirant dans l’obscurité. La
vue de tant de guerriers répondait à ses rêves. Que n’accomplirait un khan avec
un aussi grand nombre d’hommes derrière lui ? Si Temüdjin et ses frères
mouraient au combat, leurs guerriers, désemparés et effrayés, viendraient
peut-être grossir les rangs des Loups.
    — Mes hommes exécuteront tes ordres à travers moi, répondit-il
enfin.
    Temüdjin se pencha en avant.
    — Une fois les Tatars éventrés, nous réglerons un vieux
compte entre nous. En ma qualité de fils aîné de Yesugei, je revendique les
Loups. Te battras-tu contre moi avec le sabre que tu portes comme s’il t’appartenait ?
    — Il m’appartient, répliqua Eeluk, les traits tendus.
    Le silence se fit autour d’eux. Toghril sentit la haine des
deux hommes à peine masquée par leur civilité. Eeluk s’efforça de se calmer en
faisant mine de réfléchir. Avant même de se mettre

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