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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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mère pressa
la tête de la jeune femme contre son épaule. Börte détourna les yeux avec une
expression indéchiffrable.
    Hoelun n’avait pas eu besoin de lui demander ce que lui
avaient fait subir les Tatars qui l’avaient enlevée à Temüdjin. Ce n’était que
trop clair dans la façon dont elle refusait tout contact, sautant en arrière
même quand Hoelun lui posait la main sur le bras. Hoelun comprenait ce qu’elle
avait souffert mais elle savait mieux que personne que le temps émousserait la
lame du chagrin. Même les souvenirs de Bekter lui semblaient lointains à
présent, non pas moins vivants mais dépouillés de leur souffrance.
    Hoelun s’apercevait que son retour chez les Olkhunuts ne lui
procurait pas la joie qu’elle avait espérée. Tout était différent. Elle n’était
plus l’enfant qui, partie à cheval avec ses frères, avait croisé le chemin de
Yesugei. Elle se souvenait de lui ce jour-là, superbe et sans peur. Enq avait
poussé un cri en recevant la flèche de Yesugei dans la hanche puis s’était
enfui au galop. Elle avait alors haï l’étrange guerrier, mais comment
aurait-elle pu savoir qu’il serait l’homme qu’elle aimerait ? Comment
aurait-elle pu savoir qu’elle retournerait chez les siens en mère d’un khan ?
    Elle vit se diriger vers elle un vieil homme qui marchait en
s’appuyant sur un bâton. À la façon dont Börte réagit, Hoelun comprit que c’était
son père.
    Sholoi s’approcha d’elles en boitant, observa les deux
femmes escortées par des guerriers. Son regard passa rapidement sur Hoelun, revint
en arrière.
    — Je me souviens de toi, lui dit-il, même si cela fait
longtemps.
    Elle plissa les yeux, tenta de se rappeler l’homme qu’il
devait être quand elle était jeune. Elle se souvint vaguement qu’il lui avait
appris à tresser des harnais avec de la corde et du cuir. Il était alors déjà
vieux, du moins à ses yeux d’enfant. Elle sentit avec étonnement des larmes
monter en elle.
    — Je me souviens de toi aussi, répondit-elle.
    Il sourit, révélant des gencives brunâtres. Son sourire
édenté s’élargit quand il adressa un signe de tête à Börte, qui n’avait pas
prononcé un mot.
    — Je ne pensais pas te revoir, dit-il.
    Börte se raidit et Hoelun se demanda si la jeune femme avait
senti l’affection du vieil homme sous son ton bourru. Il se mit soudain à rire.
    — Deux épouses de khan, deux mères de khan, et pourtant
seulement deux femmes devant moi. Je gagnerai une ou deux outres d’arkhi avec
cette devinette.
    Il tendit le bras, toucha le deel de Börte, en frotta
le tissu entre ses doigts.
    — Tu as fait le bon choix, ma fille, je le vois. J’ai
toujours pensé que ce Loup avait quelque chose en lui. Ne te l’avais-je pas dit ?
    — Tu m’avais dit qu’il était probablement mort, répliqua
Börte, plus glaciale que Hoelun ne l’avait jamais vue.
    Il haussa les épaules.
    — Peut-être, reconnut-il tristement.
    Dans le silence qui se fit, Hoelun soupira :
    — Tu l’adores, ta fille. Pourquoi ne le lui dis-tu pas ?
    Sholoi rougit sans qu’elles sachent si c’était de colère ou
de gêne.
    — Elle le sait, marmotta-t-il.
    Börte pâlit.
    — Comment le saurais-je ? Tu ne l’as jamais dit.
    — Je pensais l’avoir fait, répondit Sholoi.
    Il semblait s’intéresser aux guerriers à l’exercice dans la
plaine et ne regardait pas sa fille.
    — Je suis fier de toi, avoua-t-il tout à trac. Et je te
traiterai avec plus de douceur si c’était à refaire.
    — C’est trop tard, rétorqua Börte. Je n’ai rien d’autre
à te dire.
    Le vieil homme parut se ratatiner sous les paroles de sa
fille. Quand Börte se tourna vers Hoelun, elle avait les larmes aux yeux. Sholoi,
qui continuait à fixer la plaine, ne parut pas le remarquer.
    — Rentrons, dit Börte d’un ton implorant. C’était une
erreur de venir ici.
    Hoelun songea à la laisser quelques heures avec son père. Temüdjin
avait été clair, cependant : Börte portait son héritier, elle ne devait
courir aucun risque. Hoelun refoula son irritation devant le comportement
compliqué du père et de la fille. Si elles partaient maintenant, Börte ne
reverrait plus jamais son père et passerait ses dernières années à le regretter.
Temüdjin attendrait.
    — Installez-vous ! lança-t-elle à ses fils et à
Arslan. Nous resterons un moment ici pendant que Börte rend visite à son père
dans sa yourte.
    Khasar et Kachium,

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