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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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ordre
à la panique des Olkhunuts. Malgré sa hâte, il mit sa monture au pas car seul
un idiot aurait couru le risque de se faire tuer avant d’être reconnu.
    Il jeta un coup d’œil à Basan, sentit chez le féal une
tension nouvelle par-dessus la fatigue. Temüdjin l’avait contraint à couvrir le
chemin en deux jours seulement. Ils s’étaient tous deux privés de sommeil, n’avalant
que de l’eau et des traits de yogourt amer. Le temps qu’ils avaient passé
ensemble n’avait pas fait naître une amitié et, depuis qu’ils étaient de retour
en terrain familier, le garçon sentait une distance croître entre eux. Basan
rechignait à parler et son comportement inquiétait Temüdjin plus qu’il ne
voulait l’admettre. L’idée lui vint quel’ arban galopant à sa
rencontre était peut-être composé d’ennemis. Impossible de le savoir. Tout ce
qu’il pouvait faire, c’était se tenir droit sur sa selle, comme son père l’aurait
voulu.
    Quand les guerriers furent à portée de voix, Basan leva le
bras droit pour montrer qu’il ne tenait pas d’arme. Temüdjin reconnut Eeluk et
remarqua aussitôt qu’il se conduisait en chef. Ce fut lui qui ordonna aux
cavaliers de s’arrêter, avec une assurance qui fit monter aux yeux du jeune
garçon des larmes de haine. Il était de retour chez lui mais tout avait changé.
Il se retint de pleurer devant ces hommes.
    D’une main possessive, Eeluk saisit la bride du cheval de Temüdjin.
Les autres firent demi-tour et reprirent au trot le chemin du camp, Patte-Blanche
adoptant la même allure sans qu’il eût besoin de lui en donner l’ordre. Temüdjin
eut envie d’arracher les rênes à Eeluk dans un accès de colère puérile. Il ne
voulait pas être ramené dans sa tribu comme un gamin.
    — Ton père vit encore, lui dit Eeluk. L’arme qui l’a
blessé était empoisonnée, il délire depuis plusieurs jours.
    — Il a repris connaissance, alors ? demanda Temüdjin,
osant à peine espérer.
    — Parfois, il pousse des cris et se débat contre des
ennemis que lui seul peut voir. C’est un homme robuste mais il ne mange rien et
la chair fond sur lui comme de la cire. Prépare-toi. Je ne crois pas qu’il
survivra encore longtemps.
    Effondré, Temüdjin laissa sa tête tomber sur sa poitrine. Eeluk
détourna les yeux pour ne pas lui faire honte en ce moment de faiblesse. Brusquement,
le garçon tendit le bras et récupéra ses rênes.
    — Qui l’a blessé ? A-t-il désigné les responsables ?
    — Pas encore, bien que ta mère lui pose la question
chaque fois qu’il ouvre les yeux. Il ne la reconnaît pas.
    Eeluk soupira et Temüdjin vit sa propre tension reflétée sur
le visage de cet homme. Sachant leur khan à l’agonie, les Loups devaient être
pétrifiés de stupeur et de crainte. Ils appelaient sans doute de leurs vœux un
homme fort pour les guider.
    — Et mon frère Bekter ? demanda Temüdjin.
    Devinant peut-être le cours des pensées du garçon, Eeluk fronça
les sourcils.
    — Il parcourt la plaine avec les guerriers, répondit-il.
    Il hésita, comme s’il réfléchissait à ce qu’il pouvait dire
au fils du khan.
    — N’espère pas trop qu’ils trouvent les assassins de
ton père. Ceux qui ont survécu ont détalé depuis longtemps. Ils ne nous ont pas
attendus.
    Sous l’impassibilité d’Eeluk, Temüdjin sentit une colère
rentrée. Peut-être n’appréciait-il pas l’idée que Bekter pourrait prendre de l’ascendant
sur les guerriers. Il fallait au moins essayer de capturer les meurtriers et le
choix de Bekter pour conduire les recherches s’imposait, mais Eeluk devait
craindre que de nouvelles allégeances ne se nouent loin de lui. Temüdjin
pensait lire correctement les pensées du féal malgré ses tentatives pour les
dissimuler. Il aurait fallu qu’il soit idiot pour ne pas songer à la succession
de Yesugei en un moment pareil. Temüdjin était à coup sûr trop jeune et Bekter
n’était qu’au seuil de l’âge d’homme. Avec le soutien d’Eeluk, l’un ou l’autre
pouvait régner sur les Loups, mais la troisième possibilité était évidente et
glaçante. Temüdjin se força à sourire face à un homme qui représentait une
menace bien plus réelle que les Olkhunuts qu’il venait de quitter.
    — Tu as aimé mon père autant que moi, Eeluk. Que
voudrait-il pour les Loups ? Voudrait-il que ce soit toi qui les
mènes ?
    Eeluk se raidit comme s’il avait reçu un coup et tourna un
regard

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