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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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irrité.
    Temüdjin regarda son frère plier le bouleau pour fixer à l’autre
extrémité la boucle de la corde tressée. Il grimaçait d’avance au craquement
qui marquerait peut-être le fiasco de leur troisième tentative. Depuis le début,
il supportait mal la mauvaise humeur de Bekter, qui se comportait comme si le
bois et la corde étaient des ennemis qu’il fallait contraindre à l’obéissance. Chaque
fois que Temüdjin avait proposé son aide, il s’était fait rejeter avec rudesse
et ce fut seulement après une série d’échecs que Bekter le laissa tenir le
tronc. Le deuxième arc s’était cassé et les deux premières cordes avaient cédé
dès qu’ils les avaient tendues. Le soleil était à présent au-dessus de leurs
têtes et ils commençaient à perdre patience.
    Leur nouvelle corde était faite de trois minces bandes de
tissu découpées dans la ceinture de Temüdjin. Épaisse, inégale, elle vibra
quand Bekter la lâcha après avoir bandé l’arc. Au moins, elle avait tenu le
coup et les deux garçons poussèrent un soupir de soulagement. L’aîné la tâta du
pouce pour en apprécier la tension.
    — Tu as fini les flèches ? demanda-t-il.
    — Une seulement, répondit Temüdjin.
    Il montra la branche droite sur laquelle il avait fiché une
esquille d’os. Il avait passé un long moment à amincir suffisamment la base de
la pointe pour la glisser dans la fente du bois. Tout au long de l’opération, il
avait retenu sa respiration, conscient que s’il cassait son esquille il n’en
aurait pas d’autre pour la remplacer.
    — Donne-la-moi, dit Bekter, tendant la main.
    — Fais-en une toi-même, répliqua Temüdjin. Celle-là m’appartient.
    Il vit de la colère dans les yeux de Bekter et s’attendit à
ce qu’il se serve de l’arc pour le frapper. Ce fut peut-être le temps qu’ils
avaient passé à le fabriquer qui le retint.
    — Ça ne m’étonne pas de toi, finit par grogner Bekter.
    Il tint ostensiblement l’arc hors de portée de son frère en
ramassant une pierre pour aiguiser sa propre pointe de flèche. Temüdjin l’observait,
le corps raidi, agacé de devoir coopérer avec un tel imbécile.
    — Les Olkhunuts ne font pas ton éloge, tu le sais ?
    Bekter renifla, cracha sur la pierre et se mit à aiguiser l’éclat
d’os.
    — Je me fiche de leur opinion, rétorqua-t-il. Si j’étais
devenu khan, j’aurais razzié leurs troupeaux dès le premier hiver, pour leur
montrer le prix de leur orgueil.
    — Dis-le donc à notre mère, quand nous serons de retour.
Elle sera ravie de t’entendre.
    Bekter fixa son frère de ses petits yeux sombres à l’éclat
meurtrier.
    — Tu n’es qu’un enfant. Tu n’aurais jamais pu conduire
les Loups.
    Temüdjin sentit la colère s’embraser en lui mais n’en montra
rien.
    — Nous ne le saurons jamais, à présent.
    Bekter ignora la répartie et continua à donner forme à son
morceau d’os.
    — Au lieu de rester planté là, rends-toi utile. Trouve
un terrier de marmotte, par exemple.
    Temüdjin ne prit pas la peine de lui répondre et s’éloigna.
     
     
    Le repas, ce soir-là, fut pitoyable. Hoelun était parvenue à
allumer un feu qui fumait et crachait. Une nuit de plus dans le froid les
aurait tués, mais elle était terrifiée à l’idée qu’on puisse repérer la lueur
des flammes. Bien que la ravine fût sans doute assez profonde pour cacher leur
position, elle demanda à ses fils de se regrouper autour du feu pour en barrer
la lumière de leurs corps. Tous étaient affaiblis par la faim et des traces
vertes entouraient la bouche de Temüge, qui avait vomi après avoir mangé de l’herbe.
    Le fruit d’une journée d’efforts se réduisait à deux
poissons, capturés plus par chance que par adresse. Malgré leur petitesse, les
corps noircis par le feu retenaient l’attention des garçons.
    Temüdjin et Bekter restaient furieux l’un contre l’autre
après un après-midi de frustration. Lorsque Temüdjin eut trouvé un terrier de
marmotte, Bekter avait refusé de lui remettre l’arc et Temüdjin s’était jeté
sur lui dans un accès de fureur. Les deux frères s’étaient roulés sur le sol
humide jusqu’à ce que le craquement d’une des flèches, cédant sous leur poids, eût
interrompu le combat. Bekter avait tenté de s’emparer de l’autre, mais Temüdjin
avait été plus rapide. Il avait déjà résolu d’emprunter le couteau de Kachium
le lendemain et de fabriquer un arc pour

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