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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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lui seul.
    Hoelun frissonna. Tenant au-dessus des flammes les branches
sur lesquelles les poissons étaient embrochés, elle se demanda lesquels de ses
fils jeûneraient encore ce soir. Kachium et Khasar méritaient au moins une part
du poisson, mais elle savait que ses propres forces constituaient leur
ressource la plus importante. Si la faim la minait ou la tuait, tous les autres
périraient aussi. Elle serra les mâchoires avec colère quand son regard se
porta sur ses deux aînés couverts de bleus et eut envie de leur faire tâter du
bâton pour leur stupidité. Ils ne comprenaient pas qu’il n’y aurait ni secours
ni répit. Leurs vies dépendaient de ces deux minuscules poissons, à peine
quelques bouchées.
    Elle piqua d’un ongle la chair noircie en tâchant de ne pas
s’abandonner au désespoir. Un jus clair coula le long d’un de ses doigts et
elle le porta à ses lèvres, aspira les gouttes succulentes et ferma les yeux, en
extase. Ignorant les plaintes de son estomac, elle divisa le poisson en deux
morceaux, les tendit à Kachium et Khasar. Le premier secoua la tête et dit :
    — Toi d’abord.
    Hoelun eut les larmes aux yeux. Entendant son frère alors qu’il
portait le poisson à sa bouche, Khasar arrêta son geste. L’odeur de la chair
rôtie le faisait saliver.
    — Je peux tenir plus longtemps que toi, Kachium, dit-elle.
Je mangerai demain.
    Il n’en fallut pas davantage pour Khasar, qui referma les
mâchoires sur le morceau de poisson et suça goulûment les arêtes. Malgré les
cernes que la faim traçait sous ses yeux, Kachium répéta :
    — Toi d’abord.
    Il lui tendit l’autre morceau et Hoelun le prit doucement.
    — Me crois-tu capable de t’ôter la nourriture de la
bouche ? demanda-t-elle, durcissant le ton. Mange, ou je le jette dans le
feu.
    Affolé à cette idée, Kachium reprit aussitôt le morceau. Tous
entendirent les arêtes craquer tandis qu’il mastiquait, savourant chaque miette
de chair.
    — À toi, maintenant, dit Temüdjin à sa mère.
    Il tendait la main pour prendre l’autre poisson et le donner
à Hoelun quand Bekter lui détourna le bras d’une taloche. Temüdjin faillit se
jeter de nouveau sur lui.
    — Je n’ai pas besoin de manger ce soir, assura-t-il, maîtrisant
sa colère. Bekter non plus. Partage le deuxième avec Temüge, mère.
    Ne pouvant supporter plus longtemps les regards affamés
regroupés autour du feu, il se leva brusquement et, pris de vertiges, tituba
légèrement. Bekter saisit le dernier poisson, le rompit en deux, fourra le plus
gros morceau dans sa bouche et donna le reste à sa mère sans oser la regarder
dans les yeux.
    Hoelun cacha son irritation, écœurée par la mesquinerie que
la faim semait dans la famille. Tous sentaient la mort proche et avaient peine
à rester forts. Elle pardonna à Bekter mais le dernier morceau de poisson alla
à Temüge, qui le dévora avec bruit.
    Temüdjin cracha vers le sol en visant délibérément le bas du deel de son frère aîné. Avant que Bekter pût se lever, il avait disparu
dans l’obscurité. Sans les rayons du soleil, l’air humide fraîchit rapidement
et ils se préparèrent tous à une autre nuit glacée.

 
12
    Immobile, Temüdjin visait en faisant courir son regard le
long de sa flèche. Quoique les marmottes aient toutes déguerpi à son arrivée, c’étaient
des créatures stupides et elles ne tarderaient pas à revenir. Avec un arc
convenable et des flèches empennées, il eût été sûr de rapporter un mâle bien
gras à sa famille.
    Le terrier le plus proche de la ravine était dangereusement
exposé. Temüdjin aurait préféré avoir quelques broussailles derrière lesquelles
se dissimuler mais il était contraint de demeurer sans bouger et d’attendre que
les animaux craintifs prennent le risque de ressortir. En même temps, il
gardait un œil sur les collines au cas où quelqu’un apparaîtrait sur une crête.
Hoelun les avait gavés de conseils de prudence jusqu’à ce qu’une ombre les
fasse sursauter et qu’ils inspectent l’horizon chaque fois qu’ils quittaient l’abri
de la ravine.
    Le vent qui soufflait au visage du garçon ne porterait pas
son odeur à ses proies mais il devait garder son arc à demi bandé puisque au
moindre mouvement elles replongeraient dans leur trou, éclairs bruns filant sur
le sol. Ses bras tremblaient de fatigue et la petite voix qui ne cessait de lui
murmurer qu’il devait absolument toucher sa cible gênait sa

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