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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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maintenir
en vie, lui assena-t-elle. Je ne t’ai pas demandé un arc qui aurait fait la
fierté de ton père. Faites-m’en un avec lequel on puisse simplement tuer du
gibier. À moins que tu ne proposes que nous nous allongions sur les feuilles
mortes pour attendre que le froid et la faim nous emportent ?
    Bekter se vexa d’être critiqué devant ses frères. Sans
regarder Temüdjin, il ramassa son couteau et s’éloigna à grands pas, son
morceau d’os au creux de la main.
    — Je pourrais attacher une lame à un bâton pour faire
une lance et pêcher avec, suggéra Kachium.
    Hoelun tourna vers lui un regard reconnaissant, prit le plus
petit des couteaux et le lui donna.
    — Voilà qui est parler, dit-elle. Votre père vous a
tous appris à chasser. Il ne pensait sans doute pas que ce serait un jour aussi
important, mais ce qu’il vous a transmis, nous en avons besoin aujourd’hui.
    Elle considéra le nombre pitoyable de leurs richesses
étalées sur le vêtement, soupira.
    — Temüge ? J’allumerai un feu si tu m’apportes
quelque chose de sec à brûler. N’importe quoi.
    Le garçon grassouillet se leva, la bouche tremblante. Il ne
s’était pas encore remis de la terreur suscitée en lui par leur situation
désespérée. Ses frères avaient conscience que leur mère était sur le point de
craquer, mais Temüge la voyait encore comme un roc et il tendit les bras pour
se faire consoler. Elle le serra un moment contre elle puis l’écarta doucement.
    — Apporte-moi ce que tu pourras. Ta sœur ne résistera
pas à une seconde nuit sans feu.
    Temüge fondit en larmes et lorsque sa mère refusa de le
réconforter, il partit en courant vers les arbres.
    Temüdjin tendit un bras hésitant vers Hoelun, lui pressa l’épaule
et elle inclina la tête pour que son visage touche brièvement la main de son
fils.
    — Faites-moi un arc, dit-elle. Rattrape Bekter et
aide-le.
    Il la laissa avec le bébé dont les plaintes montaient vers
les arbres mouillés.
     
     
    Temüdjin trouva son frère grâce au bruit de son couteau
taillant un jeune bouleau. Il siffla doucement pour prévenir son aîné et eut
droit pour sa peine à un regard hargneux. Sans un mot, Temüdjin tint le mince
tronc pour son frère. La lame, faite d’un solide morceau de fer aiguisé, mordait
profondément dans le bois. Bekter semblait passer sa rage sur le bouleau et il
fallut du courage à Temüdjin pour garder les mains immobiles tandis que la lame
s’abattait près de ses doigts.
    Bientôt, Temüdjin put plier l’arbre, révélant les fibres
blanches du bois jeune. L’arc serait quasi inutilisable, pensa-t-il sombrement.
Il songea aux armes magnifiques accrochées dans chaque tente des Loups. Des
morceaux de bois taillés dans le cœur d’un tronc étaient collés à des bandes
bouillies de corne de mouton et à des tendons, puis mis à sécher une année
entière avant que les différentes parties soient assemblées. Chaque arc, merveille
d’ingéniosité, permettait de tuer à plus de cinquante aunes.
    L’arc que son frère et lui s’échinaient à faire serait en
comparaison un jouet d’enfant et de cette arme dépendrait leur survie. Bekter
ferma un œil pour examiner sur toute sa longueur le jeune tronc encore
recouvert de son écorce. Puis, sous le regard stupéfait de Temüdjin, il le
brisa contre un autre arbre et le jeta sur les feuilles mortes.
    — C’est une perte de temps, marmonna-t-il, furieux.
    Temüdjin baissa les yeux vers le couteau que tenait son
frère et prit soudain conscience qu’ils étaient seuls.
    — Quelle distance les chariots peuvent-ils couvrir en
un jour ? demanda Bekter. Tu sais suivre une piste. Nous connaissons les
gardes aussi bien que nos frères. Je pourrais passer entre eux.
    — Pour faire quoi ? dit Temüdjin. Tuer Eeluk ?
    Le regard fixe, Bekter considéra un moment l’idée puis
secoua la tête.
    — Non. Nous ne parviendrions jamais jusqu’à lui, mais
nous pourrions voler un arc. N’as-tu pas faim ?
    Temüdjin s’efforçait d’oublier les pincements de son estomac.
Il avait connu la faim mais toujours avec la perspective d’un repas chaud l’attendant
à la fin de la journée. Maintenant, c’était pire et il avait le ventre
douloureux. Il espérait que ce n’était pas le premier signe d’entrailles
dérangées par une maladie ou une viande mauvaise. Dans un tel endroit, cette
faiblesse le tuerait. Il savait aussi bien que sa mère qu’une fois l’hiver

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