Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
Vom Netzwerk:
le poignard des doigts
de son frère.
    Il regarda le visage horrifié de Kachium, fit une grimace et
plongea la lame dans le cou de Bekter, faisant couler à flots son sang et sa
vie.
    — C’est fait, dit-il tandis que les yeux de Bekter
devenaient vitreux.
    Il palpa le deel et la tunique de son frère mort, ne
trouva pas le canard. Furieux, il décocha un coup de pied au corps inerte et s’éloigna
en chancelant. Appuyant son front à l’humidité fraîche d’un bouleau, il
attendit que son pouls cesse de battre follement.
    Kachium s’approcha de lui en faisant bruire doucement les
feuilles mortes. Temüdjin ouvrit les yeux et dit :
    — Espérons que Khasar rapportera quelque chose à manger.
    Comme Kachium ne répondait pas, il prit les armes de Bekter,
passa l’arc à son épaule.
    — Si les autres voient le couteau de Bekter, ils
sauront, souffla Kachium, accablé de tristesse.
    Temüdjin le prit par le cou, autant pour se soutenir que
pour le réconforter. Il devinait la panique de son frère et en sentait les
premiers échos en lui-même. Il n’avait pas réfléchi à ce qui adviendrait après
la mort de son ennemi. Il n’y aurait pas de vengeance pour Bekter, aucune
chance de récupérer les yourtes et les troupeaux de leur père. Il pourrirait là
où il était étendu. Temüdjin commençait seulement à saisir la réalité de son
acte et parvenait à peine à croire qu’il l’avait vraiment commis. Son humeur
étrange d’avant avait disparu, remplacée uniquement par l’épuisement et la faim.
    — Je leur dirai, décida-t-il.
    Il sentit son regard, comme abaissé par un poids invisible, se
poser de nouveau sur le corps de Bekter.
    — Je leur dirai qu’il nous laissait crever de faim. Il
n’y a pas place ici pour la trahison. Je le leur dirai.
    Ils repartirent vers le fond de la ravine, chacun puisant un
réconfort dans la présence de l’autre.

 
13
    Hoelun sentit que quelque chose n’allait pas dès qu’elle
aperçut les deux garçons rentrant au camp. Khasar et Temüge étaient assis
auprès d’elle et de la petite Temülen, gigotant sur un morceau de tissu près de
la chaleur du feu. Hoelun se leva lentement, son visage amaigri montrant déjà
de la peur. Lorsque Temüdjin approcha, elle remarqua qu’il portait l’arc de
Bekter et elle se raidit. Ni lui ni Kachium ne la regardaient en face et sa
voix, quand elle sortit enfin de sa gorge, ne fut qu’un murmure :
    — Où est votre frère ?
    Les yeux rivés au sol, Kachium était incapable de répondre.
Hoelun fit un pas vers Temüdjin, qui leva la tête et avala sa salive.
    — Il gardait la nourriture pour lui… commença-t-il.
    Avec un cri de rage, elle le gifla si fort que sa tête s’inclina
sur le côté.
    — Où est ton frère ? répéta-t-elle d’une voix
aiguë. Où est mon fils ?
    Le nez de Temüdjin saignait sur sa bouche en un flot écarlate
qui le contraignit à cracher.
    — Il est mort, répliqua-t-il, montrant des dents
rougies à sa mère et à la douleur.
    Avant qu’il ne poursuive, elle le frappa, encore et encore, jusqu’à
ce qu’il ne puisse plus rien faire d’autre que reculer en chancelant. Elle
avançait vers lui, cognant des deux mains, en proie à une souffrance
insupportable.
    — Tu l’as tué ? gémit-elle. Mais quel monstre
es-tu ?
    Temüdjin tenta de lui saisir les bras mais elle était trop
forte pour lui, les coups pleuvaient sur son visage et ses épaules.
    — Arrête, mère ! l’implora Temüge. Je t’en supplie !
    Hoelun ne l’entendit pas. La rage rugissait à ses oreilles
et menaçait de la déchirer. Elle poussa Temüdjin contre un arbre, le prit par
les épaules et secoua son corps frêle avec une telle violence que sa tête
ballotta.
    — Tu veux le tuer lui aussi ? hurla Kachium en
tentant de la tirer en arrière.
    Elle se dégagea, empoigna Temüdjin par ses longs cheveux, lui
renversa la tête pour le contraindre à la regarder dans les yeux.
    — Tu es né un caillot de sang dans la main, gronda-t-elle,
aveuglée par ses larmes. J’ai dit à ton père que tu étais une malédiction pour
nous, mais il n’a pas voulu le croire !
    Temüdjin sentit les ongles de sa mère s’enfoncer dans la
peau de son crâne comme des serres.
    — Il nous volait à tous la nourriture ! cria-t-il.
Il nous laissait mourir de faim ! Il te laissait mourir de faim !
    Il se mit à pleurer, plus seul qu’il ne l’avait jamais été.
    Hoelun le regarda comme s’il

Weitere Kostenlose Bücher