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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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chaque fois
que Hoelun le laissait seul. La mort de Bekter aurait peut-être été un
soulagement pour ses jeunes frères si elle était survenue alors qu’ils vivaient
en sécurité au sein des Loups. Ils l’auraient pleuré, ils auraient porté son
corps dans les collines et auraient puisé du réconfort dans ce rituel. Dans la
ravine, elle n’avait fait que leur rappeler que la mort les guettait à tout
moment. La faim tendait leur peau sur leurs os. Ils vivaient comme des bêtes
sauvages et s’efforçaient de ne pas craindre l’hiver qui approchait.
    Khasar avait perdu son rire. Depuis le départ de Temüdjin, il
broyait du noir et c’était lui qui giflait Temüge quand il importunait leur
mère trop longtemps. Avec la mort de Bekter, chacun assumait un nouveau rôle. Khasar
menait la chasse chaque matin avec Kachium, le visage sombre. Ils avaient
trouvé une autre mare plus haut dans la ravine mais avaient dû, pour s’y rendre,
passer là où Bekter avait été tué. Kachium avait inspecté l’endroit et
découvert où Temüdjin avait traîné le cadavre et l’avait recouvert de branches.
La chair de leur frère attirait les charognards, et après que Kachium eut
trouvé le corps d’un chien sauvage efflanqué à l’entrée du camp, le deuxième
soir, il avait dû se forcer à avaler chaque bouchée de sa viande. Il ne pouvait
s’empêcher d’imaginer Temüdjin abattant l’animal en train de mordre dans le
corps de Bekter, mais Kachium avait un besoin vital de cette nourriture et ce
chien avait été leur meilleur repas depuis qu’ils avaient découvert la ravine.
    Le soir du cinquième jour, Temüdjin revint au camp à pas
lents. La famille se figea, les plus jeunes se tournèrent vers Hoelun pour
guetter sa réaction. Elle le regarda approcher, vit qu’il tenait un chevreau
vivant dans ses bras. Son fils lui parut plus fort, la peau brunie par les
journées passées dans les collines, exposé au vent et au soleil. Elle fut
troublée d’éprouver à la fois du soulagement de savoir qu’il allait bien et, en
même temps, une haine intacte pour l’acte qu’il avait commis. Elle ne trouva
aucun pardon en elle.
    Temüdjin posa le chevreau par terre et le tira par l’oreille
pour l’amener au milieu des siens.
    — Il y a deux bergers à une lieue d’ici, dit-il. Ils
sont seuls.
    — Ils t’ont vu ? demanda soudain Hoelun, surprenant
tout le monde.
    Temüdjin se tourna vers elle et d’assuré son regard se fit
incertain.
    — Non. Je leur ai pris ce chevreau alors qu’ils
chevauchaient derrière une colline. Ils s’apercevront peut-être de son absence,
je ne sais pas. L’occasion était trop belle pour que je ne la saisisse pas.
    Il fit passer son poids d’un pied sur l’autre, attendit que
sa mère ajoute quelque chose. Il ne savait pas ce qu’il ferait, si elle le
bannissait encore.
    — Ils le chercheront et découvriront tes traces, dit-elle.
Tu les as peut-être même menés jusqu’ici.
    Temüdjin soupira. Il ne se sentait pas de force pour une
autre dispute. Avant que sa mère puisse protester, il s’assit en tailleur près
du feu et dégaina son poignard.
    — Nous devons manger pour survivre. S’ils nous trouvent,
nous les tuerons.
    Il vit le visage de sa mère se refermer, se prépara à l’orage
qui allait suivre. Il avait couru une bonne partie de la journée et tous les
muscles de son corps maigre lui faisaient mal. Il n’aurait pas supporté de
passer une nuit de plus en solitaire et cela se refléta peut-être sur ses traits.
    Kachium intervint pour briser la tension :
    — L’un de nous devrait surveiller cette nuit les
alentours du camp, au cas où ils viendraient.
    Temüdjin approuva d’un signe de tête sans cesser de regarder
sa mère.
    — Nous avons besoin les uns des autres, argua-t-il. Si
j’ai commis une faute en tuant mon frère, cela ne change rien à cette réalité.
    Le chevreau bêla, tenta de filer entre Hoelun et Temüge. Elle
se pencha pour saisir l’animal par le cou et Temüdjin vit qu’elle pleurait.
    — Que puis-je te dire ? murmura-t-elle, enfouissant
son visage dans le pelage chaud de la bête. Tu m’as déchiré le cœur et je ne me
soucie peut-être plus de ce qu’il en reste.
    — Tu te soucies des autres, cependant. Si tu ne survis
pas à l’hiver, nous périrons tous.
    Il redressa le dos et ses yeux jaunes étincelèrent à la
lueur des flammes.
    Hoelun hocha la tête, se mit à fredonner un chant de son
enfance en

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