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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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était malade.
    — Tu m’as pris un fils, rétorqua-t-elle.
    Elle approcha son autre main du visage de Temüdjin et il vit
ses ongles cassés près de ses yeux. Un long moment, il la regarda, terrorisé, attendant
qu’elle le lacère.
    La force qui animait Hoelun s’évanouit aussi soudainement qu’elle
était venue et elle s’effondra en une masse inerte. Temüdjin se retrouva seul
debout, tremblant sous le choc. Son estomac se tordit, le forçant à vomir une
bile jaune.
    Comme il s’écartait de sa mère, il s’aperçut que ses frères
le fixaient et il leur cria :
    — Il mangeait de grasses marmottes pendant que nous
mourions de faim ! C’était justice de le tuer. Combien de temps aurions-nous
survécu s’il avait continué à nous priver de notre part ? Je l’ai vu
aujourd’hui abattre un canard, mais l’a-t-il apporté au camp pour nous
revigorer ? Non, il l’a englouti.
    Hoelun remua sur le sol et Temüdjin sursauta, craignant un
nouvel assaut. Ses yeux s’emplirent à nouveau de larmes quand il regarda cette
mère qu’il adorait. Peut-être aurait-il pu lui épargner la vérité, en inventant
par exemple une histoire de chute pour expliquer la mort de Bekter. Non, se
dit-il. Il n’avait pas mal agi. Bekter était une tique enfoncée sous leur peau,
prenant plus que sa part et ne donnant rien en échange alors qu’ils
dépérissaient près de lui. Hoelun finirait par comprendre.
    Sa mère ouvrit des yeux injectés de sang, se redressa en
gémissant. Elle n’avait plus la force de se relever et il fallut que Khasar et Temüge
l’aident à se mettre debout. Temüdjin essuya un filet de sang coulant sur ses
lèvres. Il aurait préféré fuir que devoir la regarder de nouveau mais il se
força à rester.
    — Il nous aurait tous tués, affirma-t-il.
    Hoelun posa sur lui un regard vide et frissonna.
    — Prononce son nom, murmura-t-elle. Prononce le nom de
mon premier-né.
    Temüdjin se sentit tout à coup sur le point de défaillir. Son
nez tuméfié était brûlant, des taches noires dansaient devant ses yeux. Il n’avait
qu’une envie, s’écrouler et dormir, mais il restait là, à regarder sa mère.
    — Prononce son nom, exigea-t-elle, la colère remplaçant
l’accablement dans ses yeux.
    — Bekter ! cracha-t-il. Bekter, qui volait la
nourriture pendant que nous mourions.
    — J’aurais dû te tuer quand j’ai vu la sage-femme
desserrer ton poing, dit Hoelun d’un ton neutre plus effrayant que sa fureur. J’aurais
dû comprendre alors qui tu étais.
    Incapable de l’arrêter, Temüdjin la laissait le déchirer. Il
avait envie de se jeter dans ses bras, de sentir sa chaleur le réchauffer. N’importe
quoi plutôt que continuer à contempler l’épouvantable souffrance qu’il avait
causée.
    — Éloigne-toi de moi, reprit sa mère à voix basse. Si
je te vois dormir, je te tuerai pour ce que tu as fait. Pour ce que tu m’as
pris. Ce n’est pas toi qui l’as consolé quand ses dents ont percé. Tu n’étais
pas là pour chasser ses fièvres avec des herbes et le bercer. Tu n’existais pas
quand Yesugei et moi aimions cet enfant. Quand nous étions jeunes et qu’il
était tout ce que nous avions.
    Temüdjin écoutait, hébété. Sa mère n’avait peut-être pas
compris quel homme Bekter était devenu. Le bébé qu’elle avait bercé s’était mué
en un voleur cruel et Temüdjin ne trouvait pas les mots pour le lui dire. Et même
quand ils se formaient dans sa bouche, il les ravalait, sachant qu’ils ne
serviraient à rien ou, pire, qu’ils ne feraient qu’inciter sa mère à se jeter
de nouveau sur lui. Il secoua la tête.
    — Je suis désolé, dit-il, se rendant compte au même
moment qu’il était désolé de la douleur qu’il avait provoquée, non de la mort
de Bekter.
    — Va-t’en d’ici, Temüdjin, souffla Hoelun. Je ne
supporte plus de te regarder.
    Refoulant un sanglot, il lui tourna le dos et passa en
courant devant ses frères, le goût de son propre sang dans la bouche.
     
     
    Ils ne le virent pas pendant cinq jours. Bien que Kachium le
guettât, le seul signe qu’ils eurent de lui, ce fut le gibier qu’il déposait à
la lisière de leur petit camp. Deux pigeons le premier jour, encore chauds, du
sang gouttant de leur bec. Hoelun ne refusa pas l’offrande mais ne parla avec
aucun d’eux de ce qui était arrivé. Ils mangeaient dans un silence accablé, Khasar
et Kachium échangeant des regards, Temüge reniflant et pleurnichant

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