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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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étaient des espions, ou même des tueurs. Le père,
en particulier, semblait redoutable et Eeluk comprit qu’il devrait imposer une
stricte obéissance s’il ne voulait pas que son autorité soit remise en question
dans le camp.
    Malgré ses appréhensions, il voyait dans leur venue un don
du père ciel au moment où il projetait de partir en campagne contre les
Olkhunuts. Les Loups croissaient encore ; Eeluk sentait dans ses tripes et
dans son sang la poussée du printemps qui l’appelait à la guerre. Il aurait
besoin de bons sabres pour chaque jeune guerrier et Arslan était peut-être l’homme
capable de les fabriquer. Leur forgeron actuel était un vieil ivrogne à qui
seul son métier épargnait chaque hiver d’être abandonné dans la neige. Eeluk
sourit en songeant qu’Arslan forgerait les cottes de mailles et les lames dont
les Loups avaient besoin pour devenir encore plus puissants.
    Lorsqu’il rêvait, c’était toujours de mort. L’ancienne avait
lancé les osselets dans la tente d’Eeluk et prédit un bain de sang sous sa
bannière. Peut-être Arslan était-il un de ces messagers des esprits dont parlaient
les légendes. Le khan s’étira, éprouva avec satisfaction la vigueur de ses
muscles. Son ambition s’était éveillée après la mort de Yesugei et nul n’aurait
pu dire où elle le porterait.
     
     
    Ce fut quatre jours après l’arrivée d’Arslan et de son fils
que Tolui et Basan rentrèrent, traînant derrière eux un homme mal en point. Eeluk,
sorti du camp avec les gardes, poussa un cri rauque en voyant que ses guerriers
ramenaient un captif. Il souhaita que ce soit Bekter mais finalement il lui fut
encore plus agréable de voir Temüdjin soutenir son regard de ses yeux gonflés.
    Quoique terriblement éprouvé par le voyage, le jeune Loup se
tenait aussi droit qu’il le pouvait. Il redoutait cet instant depuis qu’il
avait été fait prisonnier.
    — Tu m’offres donc ton hospitalité ? lança-t-il à Eeluk
qui descendait de cheval.
    Le khan grogna et, du revers de la main, le frappa au visage,
l’expédiant à terre.
    — Sois le bienvenu, Temüdjin, répondit Eeluk. J’ai
attendu longtemps de te voir le nez dans la poussière.
    Il posa le pied sur la tête du prisonnier, augmenta la
pression, avec dans les yeux une lueur qui fit taire les gardes qui l’accompagnaient.
    Ce fut Basan qui rompit le silence :
    — Unegen est mort, seigneur. Les autres se sont
échappés.
    Eeluk parut sortir de sa transe, écarta le pied de la forme gisant
sur le sol.
    — Ils ont tous survécu ? s’étonna-t-il.
    Basan secoua la tête.
    — Bekter est mort. J’ai cru comprendre que ses frères
vivent encore. Nous avons trouvé leur camp et nous l’avons brûlé.
    Eeluk se moquait de la mort d’Unegen. L’homme avait fait
partie des anciens féaux, dont aucun ne le reconnaissait vraiment pour chef, il
le savait. À mesure que les années passaient, il introduisait à petites touches
parmi eux des guerriers plus jeunes, assoiffés de sang et de conquêtes.
    — Tu as bien fait, dit-il, s’adressant à Tolui, dont la
poitrine se gonfla d’orgueil. Tu pourras choisir une monture parmi mes chevaux
et je te ferai porter douze outres d’airag. Saoule-toi. Tu as mérité les
louanges d’un khan.
    Ravi, Tolui s’inclina.
    — Tu m’honores grandement, seigneur.
    Montrant Temüdjin, il ajouta :
    — J’aimerais le voir humilié.
    — Très bien, tu le verras. Les esprits réclament du
sang pour apaiser leur faim. Il sera la tache sur le sol qui nous enverra à la
victoire. Un forgeron nous est venu, nous offrirons un fils de khan en
sacrifice. Le père ciel nous accordera de douces femmes et un millier d’esclaves
à nos pieds. Je le sens dans mes veines.
    Temüdjin parvint à se mettre à genoux. Il avait le corps à
vif, les poignets brûlants. Il cracha sur le sol et pensa à son père en
regardant autour de lui.
    — J’ai connu des merdes de mouton ayant plus d’honneur
que toi, dit-il lentement à Eeluk.
    Il ne broncha pas quand un des guerriers s’approcha et le
frappa de la poignée de son sabre. Il fallut trois coups pour qu’il tombe, les
yeux encore ouverts.
     
     
    Temüdjin reprit conscience en sentant de l’eau tiède sur son
visage. Il hoqueta, se redressa, poussa un cri de douleur : un de ses
doigts était cassé et son œil droit, couvert de sang, refusait de s’ouvrir. Tout
était sombre autour de lui, il ne savait pas où il était. Levant la

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