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Le loup des plaines

Le loup des plaines

Titel: Le loup des plaines Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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comprendre que la mort était enfin proche. Il leva les bras,
se laissa tirer hors de la fosse. Depuis un moment, il entendait les voix de
membres de la tribu qui se rassemblaient, probablement pour assister au
spectacle. L’un des hommes qui le hissaient pressa involontairement son doigt
cassé, causant au prisonnier une douleur qui lui coupa le souffle.
    Temüdjin tomba à genoux quand on le lâcha. Plus de cent
visages l’entouraient et, à mesure que sa vision s’éclaircissait, il commença à
reconnaître des gens qu’il avait connus autrefois. Certains le conspuèrent, d’autres
paraissaient troublés et s’efforçaient de garder un masque impassible. Les plus
jeunes des enfants lui jetèrent des pierres tranchantes.
    Il se prépara à mourir. Les années écoulées depuis l’abandon
de sa famille avaient finalement été un don du ciel malgré leur dureté. Il
avait connu des joies et des peines, et il se jura de rendre son âme avec une
dignité intacte. Son père et sa lignée l’exigeaient, quel qu’en soit le prix.
    Eeluk était assis sur son trône, installé au soleil pour l’occasion.
Temüdjin lui jeta un coup d’œil avant de revenir aux visages des Loups. En
dépit de ce qu’il avait enduré, il se sentait étrangement réconforté de les
revoir. Il les saluait de la tête, souriait à ceux qu’il avait bien connus. Ils
n’osaient pas lui répondre, mais il remarqua que leur regard s’adoucissait un
peu.
    — Je l’aurais ramené ici dans l’honneur ! beugla
soudain Eeluk à la foule. Mais je l’ai trouvé vivant comme un animal, dépourvu
de tout ce qui fait un être humain. Toutefois, même un rat peut mordre et après
qu’il a tué un de mes féaux, mes guerriers ont traîné ici ce vagabond sans
tribu pour qu’il subisse notre justice. La lui infligerons-nous ? Lui
montrerons-nous que les Loups ne se sont pas amollis ?
    Temüdjin regarda les familles tandis que les féaux d’Eeluk
poussaient des acclamations. Dans la foule, quelques-uns manifestèrent
bruyamment leur accord mais beaucoup d’autres observaient en silence le jeune
homme crotté qui les fixait de ses yeux jaunes. Lentement, Temüdjin se mit
debout.
    Il puait, il était couvert de plaies, mais il ne courbait
pas la tête et attendait la lame.
    Eeluk dégaina le sabre orné d’une tête de loup gravée dans
la poignée en os.
    — Les esprits ont abandonné sa famille. Regardez son
état et demandez-vous : où est passée la chance de Yesugei ?
    Ce fut une erreur de prononcer le nom de l’ancien khan. Des
têtes s’inclinèrent en l’entendant et Eeluk devint cramoisi de colère. Tout à
coup, il ne lui suffit plus de décapiter Temüdjin.
    — Attachez-le à un cheval, ordonna-t-il en rengainant
son sabre. Traînez-le jusqu’à ce qu’il soit couvert de sang et remettez-le dans
la fosse. Je le tuerai peut-être demain.
    Tolui fit reculer un hongre marron, noua une longue corde à
la selle. La foule s’écarta, excitée. Tandis qu’on attachait ses poignets à la
corde, Temüdjin posa un instant son regard sur Eeluk puis cracha par terre. Le
khan eut un grand sourire.
    Tolui se retourna sur sa selle avec une expression où se
mêlaient dédain et cruauté.
    — Tu cours vite ? demanda-t-il.
    — Nous allons voir, répondit Temüdjin.
    Il passa la langue sur ses lèvres fendues, sentit la sueur
couler de ses aisselles. Il était parvenu à rassembler son courage pour
affronter une lame ; l’idée de se faire traîner par un cheval au galop, c’était
plus qu’il n’en pouvait supporter.
    Tolui talonna les flancs de la bête et poussa un cri sauvage.
La corde se tendit, Temüdjin fut entraîné sèchement et dut se mettre à courir, trébuchant
déjà sur ses jambes sans forces. Il ne tarda pas à tomber.
    Lorsque Tolui revint au camp, Temüdjin était un poids mort
au bout de la corde. Il aurait été difficile de trouver un coin de sa peau qui
ne fût pas à vif et sanglant. Ses vêtements, réduits en lambeaux poussiéreux, flottaient
au vent quand le féal coupa enfin la corde. Temüdjin ne le sentit même pas. Ses
mains étaient presque noires ; dans sa bouche ouverte une salive rougie
coulait de l’endroit où il s’était mordu la langue. Il vit Basan devant la
yourte de sa famille, le visage pâle et tendu.
    Eeluk s’avança à grands pas pour saluer Tolui, baissa un
regard amusé vers la forme déchirée que naguère il avait crue importante. Il se
félicita de ne pas s’être

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