Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Manuscrit de Grenade

Le Manuscrit de Grenade

Titel: Le Manuscrit de Grenade Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marianne Leconte
Vom Netzwerk:
Yasmin. Elle est en lieu sûr, j’y ai veillé. Nous la retrouverons plus tard.
    Soulagée, Myrin allait exhorter les autres à suivre les faucons, quand Isabeau la bouscula pour donner l’accolade au nouveau venu.
    — Je suis moi aussi très heureux de te revoir, mon garçon. J’ignorais que tu me tenais en si haute estime.
    Son ton sarcastique fit rougir sa compagne. Myrin ne l’avait jamais vue aussi déconcertée. Intriguée, elle scruta le visage de l’hidalgo. Ses yeux riaient. L’homme s’amusait aux dépens de la jeune fille, mais son regard était doux. Quant à Isabeau, son expression était facile à décrypter. Manuel lui plaisait. Pourtant elle ne semblait pas à l’aise. La guérisseuse décida de crever l’abcès. Les oiseaux ne tourneraient pas en rond éternellement au-dessus de leurs têtes.
    — Don Manuel ! Que faites-vous là ?
    — Je suis venu vous espionner. Le Grand Inquisiteur est à Grenade. Il veut le manuscrit.
    Myrin le regarda avec curiosité.
    — Quelle franchise ! Avez-vous l’intention de nous trahir ?
    — On ne peut lui faire confiance, s’écria l’élève de Pedro d’un ton amer.
    Don Manuel se planta devant elle et dit d’un ton grave :
    — Alonso Jimenez sait que le jeune Luis n’est autre qu’une certaine Isabeau. Il semble bien décidé à la renvoyer au couvent.
    — Et cela vous fendrait le cœur, railla la jeune fille
    Fixant d’un air narquois la poitrine naissante qui perçait sous les vêtements masculins, il ricana :
    — Quand je vous prenais pour un garçon, cela m’eût été égal, mais depuis que vous développez des formes plus féminines, cela me peinerait.
    Surprise Myrin examina la silhouette de son amie qui, prise au dépourvu, resta muette. L’espion était le seul à s’être aperçu de la transformation. Sa mère avait raison une fois de plus. N’avait-elle pas prédit que seul l’amour guérirait Isabeau ? La chenille commençait sa mue. Un cri de Pedro la sortit de ses pensées :
    — Les oiseaux s’éloignent. Il faut les suivre.
    Le maître d’armes s’élança. Myrin saisit la main d’Isabeau qui semblait encore secouée par la déclaration de l’hidalgo et se mit à marcher d’un pas rapide derrière Pedro. En dernière position, Manuel jouait les sentinelles, un œil sur le ciel et l’autre sur d’éventuels poursuivants.
    Ils longèrent le caravansérail où ils avaient passé leur première nuit à Grenade, contournèrent la madrasa où Pedro avait étudié dans ses jeunes années et traversèrent un grand marché rempli de badauds, malgré les étals presque vides. À partir de là Myrin, le regard braqué sur leur guide, se désintéressa de ce qui l’entourait. Son seul objectif était de ne pas perdre Pedro des yeux. Isabeau se cramponnait à elle tout en marchand elle aussi d’un bon pas, mais Myrin la sentait toujours un peu rêveuse, comme dans une bulle. Ils se faufilèrent dans des voies si étroites que les murs des maisons se rejoignaient presque au-dessus de leurs têtes. Les corbeaux voletaient sous les toits en croassant furieusement, comme pour les inciter à forcer l’allure. Puis soudain, après une cavalcade interminable à travers un dédale de ruelles sombres qui se ressemblaient toutes, ils se retrouvèrent en pleine nature, en dehors des remparts, sans même avoir eu l’impression de passer une porte. Leur course s’acheva à l’entrée d’un cimetière situé dans l’ombre de la muraille.
    Hésitants, ils s’arrêtèrent devant le grand portail ouvert. Le soleil avait disparu, remplacé par une lune pâle qui se détachait sur un fond bleu nuit constellé d’étoiles brillantes. L’ombre envahissait le champ des morts transformant les arbres centenaires en monstres menaçants. Sous les caresses d’une brise légère, leurs ramures frémissantes gémissaient comme des pleureuses épuisées.
    Les faucons pénétrèrent sans hésiter dans ce lieu inquiétant, tournoyèrent quelques minutes entre les tombes puis se dirigèrent vers un monument funéraire en forme de grotte. C’était un grand rocher creux de la taille d’une maisonnette, sans décoration ni fioriture, sans inscription, sans nom de famille. Une simple porte en fer forgé en interdisait l’accès. Les volatiles se faufilèrent entre les barreaux et disparurent. Aidé par Manuel, Pedro poussa la grille qui s’ouvrit dans un grincement effroyable. À l’intérieur, il faisait nuit noire.
    Trop

Weitere Kostenlose Bücher