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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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des petits piquets de bois qu’il avait placés sur le bassin à carpes gelé, et qu’il essayait de faire tomber au moyen du disque de sa fabrication. Kathryn était contente : le dégel continuait, il faisait beau, et le soleil chauffait singulièrement. Elle promena son regard sur le jardin.
    — Les plates-bandes de simples seront bien arrosées, fit-elle observer, ébouriffant les cheveux de Wuf. Au printemps, nous aurons une bonne récolte. Et il y aura du travail à cueillir les herbes et à les faire sécher, Wuf.
    — Je m’appliquerai, dit le petit garçon.
    — Et comment, tu t’appliqueras ! cria Thomasina depuis la porte de la cuisine. Mais rentrez donc tous les deux, il est temps de rompre votre jeûne.
    Kathryn fit la grimace en regardant Wuf.
    — Il vaut mieux obéir, n’est-ce pas ?
    Ils rentrèrent et s’assirent à table, rejoints par Agnes, pour manger de la bouillie d’avoine relevée de noix muscade et arrosée de lait chaud. Thomasina servit ensuite un plat de petits pains avec un pot de beurre et de la confiture faite avec des mûres juteuses qu’elle sortit de son placard à conserves. Agnes cependant demeurait pâle et muette, refusant de répondre aux taquineries de Wuf.
    — Qu’est-ce qui t’arrive, ma fille ? s’enquit Thomasina.
    La jeune servante releva le visage, ses yeux bleus brillant de larmes.
    — C’est Wormhair, dit-elle.
    C’était l’amour de sa vie. Il apprenait le métier de tailleur durant la semaine, et, tous les dimanches, il faisait le plus pataud des enfants de choeur de Sainte-Mildred.
    Le coeur de Kathryn tressauta dans sa poitrine : quel ennui pouvait être arrivé ? Elle considérait Agnes comme sa fille ou comme sa jeune soeur. C’était une enfant abandonnée que son père avait ramenée à la maison, et Agnes avait toujours tenu à travailler. Elle bouderait pendant des jours si  Kathryn essayait de l’en empêcher. Cependant, bien qu’elle soit intelligente et qu’elle ait la tête froide, Agnes éprouvait une folle passionpour Wormhair. Malgré son visage joufflu et ses cheveux gras qui se dressaient toujours sur sa tête, Agnes considérait Wormhair comme l’égal de Sir Galaad.
    — Il va bien ? demanda Kathryn.
    — Justement, non, il…
    Agnes passa la langue sur ses lèvres.
    — Quand vous étiez absente, hier soir, Maîtresse, Wormhair est passé. Il avait mal au ventre, et des spasmes. Je sais que ce matin vous ne recevez pas de patients, aussi…
    — Maîtresse Kathryn ne dispense pas ses soins le samedi, claironna Thomasina.
    — Mais je lui ai dit de venir, poursuivit Agnes d’une seule traite.
    Sa bouche s’ouvrit comme on frappait à la porte.
    — Ce doit être lui.
    Mais c’était Luberon qui entra à grands pas dans la cuisine, secouant allègrement la neige de son manteau, sans prendre garde aux cris horrifiés de Thomasina.
    — Il y a eu une autre mort à la Taverne du Vannier , annonça-t-il avec emphase. Vavasour, ce pauvre imbécile, est parti par le Grand Champ. Il a descendu la colline, et, pour Dieu sait quelle raison, il a voulu traverser la petite retenue d’eau, en bas.
    Luberon s’assit et eut un sourire entendu à l’adresse de Thomasina.
    — Et donnez-moi un bol de votre porridge, ô, la plus belle des belles.
    La servante, qui avait un faible secret pour ce clerc au visage rubicond, apporta un bol fumant, et poussa devant lui les pots de lait et de miel, ainsi que la noix muscade.
    — Pourquoi diable a-t-il fait cela ?
    C’est Colum qui avait posé la question. Il venait d’entrer dans la cuisine, tenant l’étrier qu’il avait réparé.
    Luberon avala sa bouchée.
    — J’ai parlé de mort, mais il peut s’agir d’un meurtre. Le vieux Raston, l’un des serviteurs, probablement un braconnier, a vu Vavasour traverser le chemin. Raston est rentré à l’auberge et l’a dit aux Smithler qui ne savaient que penser. Quoi qu’il en soit, Raston, dont la curiosité avait été piquée, a décidé de suivre Vavasour. Il a grimpé la colline, et dans la brume, il a vu Vavasour s’arrêter au bord de la retenue d’eau, puis s’y aventurer. Mais c’est là que l’affaire devient singulière. Raston est certain que quelqu’un avec une lanterne attendait Vavasour en bas.
    — Une lanterne ! s’exclama Colum.
    — Oui. C’est grâce à elle que Raston a pu voir ce qui se passait.
    Luberon saupoudra son porridge de noix muscade.
    — Et puis le drame est arrivé.

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