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Le marchand de mort

Le marchand de mort

Titel: Le marchand de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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Colum, bien que j’aime beaucoup Maître Luberon, envoyez-le vaquer à cette affaire.
    Colum repartit à grands pas dans la cuisine. Kathryn l’entendit se répandre en flatteries à l’adresse du clerc. Celui-ci était, dans cette affaire, dit-il, son lieutenant le plus capable et le plus digne de confiance.
    — Flagorneur d’Irlandais ! murmura Kathryn qui appela Thomasina.
    La vieille nourrice arriva en se dandinant, les manches de son sarrau relevées jusqu’au coude, ses mains et ses poignets massifs tout enfarinés.
    — Thomasina, tu sais que Blunt est mourant, n’est-ce pas ?
    — Oui. C’est sa toux.
    — En effet, c’est sa toux, répéta Kathryn. Écoute-moi, tu vas rester ici à surveiller Agnes et Wuf. Cependant si c’est possible, trouve qui était le médecin de Blunt, et va l’interroger en lui disant que c’est moi qui t’envoie.
    Kathryn abaissa les yeux sur ses doigts.
    — Mais ne dis à personne ce que tu auras appris, Thomasina.
    Kathryn et Colum s’en furent quelques minutes après. Ils descendirent à la hâte Wistraet, dans la paroisse de Sainte-Marie-du-Château, puis suivirent une  ruelle jusqu’à la Taverne du Vannier . Refusant de répondre aux questions de Colum, Kathryn lui dit de faire attention où il posait les pieds parce qu’elle devait s’occuper de l’affaire du roi, et non pas soigner son commissaire s’il se foulait un poignet ou se faisait mal au bras. Ils entrèrent dans la salle de l’auberge juste après que Tobias Smithler et plusieurs de ses serviteurs eurent rapporté le corps détrempé de Vavasour.
    — Nous avons une autre mort, Maîtresse Swinbrooke, lança l’aubergiste : Où voulez-vous que nous mettions le cadavre ?
    Kathryn indiqua une table, et Smithler allait protester, mais Colum s’exclama :
    — Pour l’amour du ciel ! Voyons, il n’y en aura pas pour longtemps.
    D’un signe de tête, Smithler indiqua à ses serviteurs d’étendre Vavasour sur la longue table à tréteaux. Kathryn avait vu bien des cadavres, mais celui-ci était effroyable. Vavasour s’était noyé, et il était gelé. Ses cheveux étaient hérissés en chandelles de glace, tandis que son visage, d’une pâleur bleutée, était figé dans l’horrible rictus de la mort. Kathryn palpa rapidement le corps d’une main experte.
    — Que cherchez-vous ? vociféra Sir Gervase.
    — Une blessure, répliqua Kathryn qui d’un geste demanda à Colum de retourner le cadavre. Mais je n’en trouve pas, poursuivit-elle. Cet homme est mort noyé.
    — S’agit-il d’un accident ? demanda Smithler.
    Kathryn fixa le visage ignoble.
    — Pourquoi diable Vavasour marchait-il sur une retenue d’eau gelée ?
    Les Murville, qui paraissaient inquiets, secouèrent la tête.
    — Je puis comprendre que n’importe lequel d’entre vous ait voulu sortir pour prendre un bol d’air, mais pourquoi traverser le Grand Champ par une nuit pareille, en plein milieu de l’hiver ? Et pourquoi marcher dans près de cinquante centimètres de neige jusqu’à une retenue d’eau gelée ?
    Raston, le braconnier au visage couperosé, joua des coudes pour se placer devant les autres.
    — Il devait ignorer qu’il y avait un étang. On l’a attiré vers sa mort, Maîtresse ! J’ai vu la lanterne qui clignotait dans les ténèbres. Vavasour avançait pour la rejoindre. Je l’ai entendu crier quelque chose comme s’il s’adressait à quelqu’un. Puis il s’est engagé sur la mare. Vous savez le reste.
    — Allons voir sur place, déclara Colum.
    Il donna une tape amicale sur l’épaule du vieux braconnier.
    — Et je vous serais très reconnaissant si vous acceptiez de nous accompagner, Maître Raston. Vous nous direz exactement ce que vous avez vu. Colum s’adressa aux clients :
    — Vous êtes tous invités à venir avec nous ; cependant, si Maître Raston a dit la vérité, nous sommes confrontés non pas à un accident, mais à un meurtre. Quelqu’un parmi vous a-t-il fouillé la chambre de Vavasour ?
    Smithler secoua la tête.
    — Non, j’ai interdit qu’on s’en approche avant l’arrivée de Maître Luberon. À ce propos, où est-il ?
    — Il est occupé à d’autres affaires, répondit Kathryn. À présent, allons voir le Grand Champ.
    On aurait dit qu’elle venait de prononcer quelque sentence de mort. Les serviteurs se mirent aussitôt à chuchoter entre eux, quant aux clients, les Murville, le père Ealdred et même l’homme endurci

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