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Le Maréchal Berthier

Le Maréchal Berthier

Titel: Le Maréchal Berthier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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avait toujours été assez sobre sans aller jusqu'à l'abstinence mais à présent à chaque repas il avalait un nombre important de verres de vin. Et dans la journée, entre les repas, il se faisait déboucher jusqu'à 3 ou 4 bouteilles de champagne qu'il vidait tout seul. Cherchait-il à s'étourdir, à oublier sa condition de « prisonnier » ? Son comportement donnait du souci à ses beaux-parents qui n'osaient le lui faire ouvertement remarquer mais s'en serait-il soucié ? Seulement, à ce régime, sa goutte le reprit. Le médecin qu'Élisabeth convoqua, le docteur Ziegler, diagnostiqua que sa maladie « se répandait dans le ventre », d'où ses douleurs et des vertiges qu'il n'avait pas ressentis jusqu'alors et qui sont peut-être une explication à l'accident dont il sera victime.
    Lorsque le 22 mai il apprit que sa démission de capitaine des gardes était enfin acceptée, cela ne changea pas fondamentalement sa position. Le plus curieux est qu'il parvenait à donner le change en dehors de la famille, sortant, se montrant poli avec tout le monde, faisant de longues promenades à pied et acceptant d'être suivi à distance par un policier. Il assista à quelques représentations théâtrales dans la loge du duc son beau-père, bref sembla à tous supporter son sort avec philosophie.
    Le 31 mai, un corps d'armée russe commandé par le général Sacken, en route pour la frontière française, vint cantonner à Bamberg. Berthier put l'examiner en connaisseur et sachant mieux que quiconque les moyens très limités dont disposait Napoléon pour faire face à cette nouvelle invasion ne cacha pas à sa femme la manière pessimiste dont il augurait de l'avenir. Le même soir, le duc son beau-père avait invité à dîner le général Sacken. Celui-ci, soit provocation, maladresse, désir de se montrer agréable, crut au cours de la conversation devoir souligner à quel point il admirait Berthier « d'avoir été un des rares Français à avoir suivi le roi et à lui être resté fidèle » ! Un silence suivit cette déclaration pour le moins intempestive, estima le duc. Pour sa part, le maréchal préféra garder le silence. L'incident n'eut pas de suite, déclara-t-on dans l'entourage du duc. En réalité, il semble contredit par le fait que différentes personnes déclarèrent avoir vu le prince de Wagram s'entretenir à plusieurs reprises de la manière la plus cordiale avec le général.
    Le lendemain 1 er juin, dès le matin, Berthier se remit à boire et il eut une conversation dont la teneur nous est inconnue avec sa femme. Puis, un peu plus tard, il monta comme chaque jour voir ses enfants qui étaient logés au troisième étage du château. Il était alors environ une heure de l'après-midi et la gouvernante, Mlle Gallien, avait déjà préparé le fils et les filles pour les emmener se promener en voiture mais avait attendu la visite quotidienne que ne manquait pas de leur rendre leur père avant de partir. Passant devant une fenêtre, Alexandre remarqua alors un régiment de cavalerie russe en tenue de campagne qui défilait dans la rue. Aussitôt, demandant une longue-vue pour être mieux à même de discerner les détails des uniformes, il passa dans le petit cabinet voisin de l'appartement des enfants. Là, une fenêtre donnait sur la rue mais elle était assez haute. Sa base arrivait à mi-corps d'un homme de taille moyenne. Berthier serait donc monté sur une chaise à bascule disposée sur une petite estrade devant la fenêtre, ce qui en diminuait tout de même la hauteur, afin de mieux regarder dans la rue.
    À partir de ce moment, on est en plein mystère car, à la vérité, personne n'a été témoin de ce qui s'est passé dans le cabinet. La disparition de Berthier, très connu en Europe, estimé et honoré par tous les souverains sauf Louis XVIII, ne passa pas inaperçue. Les rumeurs les plus fantaisistes coururent pour tenter d'expliquer cet événement. Certains allèrent même jusqu'à accuser ses beaux-parents d'en avoir été les instigateurs alors qu'il était très aimé d'eux. En fait, trois hypothèses ont été retenues et aucune ne donne véritablement satisfaction. La première est celle du suicide. Le prince semblait désemparé depuis plusieurs jours et se renfermait dans un silence qui ne lui était pas habituel. Mlle Gallien l'entendit, alors qu'il était passé dans le cabinet, s'écrier à plusieurs reprises : « Ma pauvre patrie ! » Vraisemblablement perché sur son

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