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Le Maréchal Berthier

Le Maréchal Berthier

Titel: Le Maréchal Berthier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Hulot
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délabrement dans lequel certains se sont complu à la décrire, elle manquait, comme toutes celles de la Révolution, d'un certain nombre de choses.
    Sa cavalerie, en particulier, aurait eu besoin d'être remontée. Il fallait également régler le cas du chef d'état-major encore en place, le général Gaultier. Son remplaçant proposa de le conserver malgré ses handicaps physiques, l'employant encore pour certains travaux d'état-major. Il devait s'en débarrasser assez rapidement, lui donnant le commandement de la place de Nice, de ses forts et des troupes qui y tenaient garnison.
    L'état-major que trouva Berthier était à effectifs complets. Il comptait vingt-huit officiers, sept adjudants généraux, treize adjoints à ceux-ci, deux adjoints à l'état-major général et deux aides de camp pour Berthier avec un adjoint pour chacun. Aux quatre services qui étaient préconisés, il en ajouta un cinquième, la division topographique, et pratiquant comme d'autres le népotisme, il en confia la direction au plus jeune de ses frères, Léopold, qu'il fit venir dans ce but à ses côtés. Il allait diriger cet ensemble suivant les principes énoncés dans sa note au Directoire. Il décréta que chaque document serait recopié de manière à en conserver un double, et surtout il insista auprès de ses subordonnés sur le fait que les ordres du général en chef seraient rédigés, exécutés et transmis strictement et sans qu'il fût question de les interpréter. L'état-major était un organisme de transmission et non un commentateur des volontés de Bonaparte. Un tel état d'esprit ne pouvait que séduire celui-ci très content d'avoir dans un service essentiel un chef à son entière dévotion, car les autres divisionnaires allaient lui donner du fil à retordre.
    Ayant quitté Antibes le 26 mars au matin, les deux généraux arrivèrent à Nice le même jour. On ne les y attendait que le lendemain. Une des premières enquêtes de Berthier lui permit de constater que les soldats ne manquaient pas de vivres ni d'armes. Seule l'artillerie ne disposait pas d'un nombre suffisant de pièces, ce qui n'était pas très grave en montagne mais pourrait se révéler fâcheux dans la plaine du Pô. Berthier alors s'avisa qu'il y en avait dans les arsenaux de Toulon et d'Antibes. Il prévint Bonaparte qui les fit enlever sans autre forme de procès. Grâce au travail de l'état-major, pris immédiatement en main par Berthier, Bonaparte connut très vite l'état réel de son armée. Dès le 29 mars, trois jours après son arrivée, Alexandre ouvrait son registre de correspondance. En même temps, le service de renseignements lui confirmait qu'entre les Autrichiens et les Piémontais il existait une mésentente qui se traduisait par un manque de liaisons entre les deux armées. Ce détail permit à Bonaparte de bâtir son plan prévoyant de les combattre successivement. Berthier travaillait d'arrache-pied et devait dépenser des trésors de diplomatie pour convaincre les divisionnaires d'accepter les décisions de Bonaparte, d'autant plus que celui-ci, encore novice dans l'art du commandement, commettait des bévues, ce qui amena Masséna à s'écrier un peu plus tard : « Notre général en chef est un idiot ! »
    Travail plus délicat, Berthier fut chargé, dès que débuta la campagne, de rédiger les discours et les communiqués de victoires destinés à Paris et pour lesquels « le patron » se contentait d'exprimer des idées générales. Fidèle et sincère au démarrage, il comprit très vite que Bonaparte entendait se mettre en valeur et, bientôt, ses bulletins prirent de plus en plus de liberté avec la réalité des faits. C'est ainsi qu'au moment de la bataille d'Arcole naquit la légende de Bonaparte s'élançant sur le pont un drapeau à la main pour entraîner ses troupes, alors qu'en réalité il essayait de se sortir d'un marécage où s'était embourbée sa monture.
    Il était parfaitement conscient de ces impostures et s'en montra d'autant plus reconnaissant vis-à-vis de son chef d'état-major.
    Démarrée dans les premiers jours d'avril, l'offensive française se développa d'autant plus rapidement que l'adversaire ne l'attendait pas. Berthier ne se cantonna pas dans un rôle de bureaucrate. Il passait ses journées sur le terrain et les soirées, voire les nuits, à travailler dans les locaux occupés par l'état-major, car il avait besoin de fort peu de sommeil.
    Il n'entre pas dans le cadre de cette

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